Je dois l’admettre, je suis loin d’être le plus cérébral, le plus érudit, le plus intellectuel de Thrashocore. Ni d’où que ce soit d’ailleurs. Donc non, je ne risque pas de t’expliquer pourquoi les travaux de Jean Bazaine, Pierre Gauvreau, Edgar Varèse ou Valérie Archeno sont reconnus dans leurs domaines respectifs. Je suis plus instinctif apparemment et me contente en art de mon jugement totalement personnel pour décider si j’aime ou non quelque chose. Du coup je peux aimer des choses considérées comme totalement atroces, et passer à côté de références ultimes qui ne m'inspirent pas.
TODESSTOSS est un groupe allemand dont j’ai déjà parlé à l’occasion de la sortie de
Hirngemeer. Il est tenu par Martin Lang qui est l’un de ces artistes qui se sont persuadés qu’ils étaient artistes, et qui donnent l’impression de se considérer comme le haut du panier élitiste, à égalité avec les groupes de NSBM. Vous en avez sûrement déjà rencontré. Des photographes par exemple qui tentent de nous faire comprendre la différence entre la photo que toi tu vas prendre, et la sienne, parce qu’il sent la lumière ambiante le pénétrer, qu’il voit l’instant et perçoit le goût de la couleur que toi, tu ne peux pas ressentir. Alors que tu t’en branles parce que tu veux juste garder une image souvenir de la beuverie à laquelle vous participez mais au milieu de laquelle il semble perdu.
Martin Lang, donc, est un artiste. Il fait de la poésie. Il peint aussi. Vous aurez des exemples plus bas. Mais récemment il fait aussi de la photo, comme le montrent les visuels de l’album précédent et de ce nouveau, le 8ème. Et alors que ces gribouillis me déplaisaient au plus haut point, correspondant avec trop de netteté à la description que je faisais plus haut de l’artiste qui a plus de respect pour lui que l’ensemble de tous les autres en ont pour sa personne, ses photos me plaisent. Elles me parlent. Et du coup, elles me font comprendre que mon côté humain est encore trop exacerbé. Amer envers Martin à cause de ses peintures, j’en viens à l’aimer suite à ses clichés… Et bien c’est comme ça, à mes yeux, il propose quelque chose de plus réfléchi et de plus abouti visuellement, et ce sentiment se confirme même à l’écoute de sa musique, qui me plaît de plus en plus.
Il ne fait pas nécessairement plus de concessions sur
Ebne Graun, mais il arrive à garder son esprit tout en trouvant l’organisation, la maîtrise et l’équilibre adéquats. Il n’a pas pu se freiner trop non plus, et il ne propose cette fois-ci plus qu’un seul morceau, fleuve, de 48 minutes, mais il est beaucoup plus digeste que les trois de l’album précédent, qui en faisaient 28, 34 et 12. On retrouve toujours une voix maladive qui s’exprime en allemand. Elle peut hurler, pleurer, se plaindre ou encore chuchoter. Elle est véritablement l’élément principal de ce nouvel opus. On retrouve aussi beaucoup de sons visuels, comme des bruits de chaîne, le vent. Et tout cela sur une musique qui se développe lentement, avec beaucoup de passages calmes entrecoupés de quelques accélérations torturées. Et tout autour, une mélodie qui fait office de fil conducteur et revient nous rappeler que cet album n’est bel et bien qu’une seule piste.
Les ambiances qui se dégagent de l’album font penser à l’éveil d’un monstre. Je n’arrive pas à me dégager de l’esprit un Frankenstein 2017 qui naît, veut se croire pacifiste, mais se rend compte qu’une forte agressivité est dans sa nature. Il essaie de lutter contre celle-ci, et la mélodie récurrente serait alors la dernière réminiscence de sa pureté rêvée. Il lutte contre lui-même, et au lieu de s’abandonner à la violence, il devient fou, mais quelque part apaisé également de ne pas être devenu celui qu’il devait et redoutait.
Musicalement, l’album est beaucoup moins spé que d’habitude, mais sans trahir non plus l’esprit
TODESSTOSS. Le souci étant qu’il faut être motivé pour se relancer plus de trois fois dans ses 48 minutes, principalement à cause du final qui n'évolue plus sur ses 5 dernières minutes. On dira que c’est le côté artistique qui demeure. Qui irait voir la même exposition d’art contemporain tous les jours en une semaine ? Toi ? Bien, tu es prêt pour
TODESSTOSS.
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