Pillorian - Obsidian Arc
Chronique
Pillorian Obsidian Arc
Je vous assure que mon appréciation de cet album n'a rien à voir avec ce que je vais vous dire maintenant, même si quelque part, je me sens un peu roulé. Je ne blâme personne par contre, j'ai conscience que ce malentendu vient de moi... Quoique ? Bien que globalement déçu par les dernières productions d'Agalloch ("The Serpent and the Sphere" tout particulièrement), j'avoue avoir mal encaissé sa dissolution l'année dernière. Alors forcément, quand on me présente Pillorian, un groupe né des cendres de cette grande formation et dans lequel on retrouve notamment l'irremplaçable John Haughm, je fonce. Sans réfléchir. Pas un seul instant. Mais avec un tant soit peu de lucidité, j'aurais pu me demander l'intérêt qu'aurait eu Haughm à tuer son bébé pour en faire un identique. Bref, autant vous le dire tout de suite : avec ses potes Stephen et Trevor, John ne fait pas du Agalloch. Quoique ?
Si vous me trouvez un brin confus, c'est que cette histoire n'est pas claire. Sournois ? Sadique ? Aller savoir mais une chose est sûre, il est malin le Johnny car je ne pense pas que la présence d'un titre tel que "By the Light of a Black Sun" en ouverture soit un hasard. En ce qui me concerne, je n'ai écouté que ce titre avant de me porter volontaire pour cette chronique. Et ce titre justement, il est cool. Enfin cool dans le genre Agalloch pour un album qui n'en est pas, un titre d'ailleurs qu'on aurait bien aimé voir remplacer un autre titre moins cool de "The Serpent and the Sphere". Franchement tout y est, le chant rugueux de Haughm, ce mélange acoustique/électrique si caractéristique, les mélodies folk qui sentent le sapin et même le solo en toute fin. Huit minutes de pur bonheur, où l'on se dit qu'un successeur de "Pale Folklore" est possible. Ou pas en fait. Aussitôt passé au morceau suivant, on se croirait tombé sur un album du October Tide ressuscité (c'est-à-dire pas le meilleur) pour échouer dans une embuscade black/death furieuse et glaciale, à défaut d'être passionnante. C'est à ce moment là qu'on se demande où les Ricains veulent en venir. Finalement c'est toute l'histoire de cet album : trouver où le groupe veut en venir.
En fin de compte, avec un peu de recul, on prend conscience qu'"Obsidian Arc" représente ce que le dernier Agalloch n'avait pas d'Agalloch : il est cette volonté de son géniteur de faire quelque chose de nouveau, d'amener sa musique ailleurs que dans le folk et le progressif. Il a donné un nom à ce changement, une nouvelle identité et je crois que c'est avec ça en tête qu'il faut aborder ce premier album. Malgré leurs ressemblances frappantes (le final "The Sentient Arcanum" / "Dark Is the River of Man" édifiant), Pillorian n'a probablement jamais envisagé d'être le prolongement de son grand frère. Ainsi, les longues compositions dont les durées tournent autour de 7/8 minutes oscillent entre différents styles, atmosphères et dynamiques, tantôt plombantes et lancinantes, tantôt plus incisives et rapides, tantôt plus aériennes et contemplatives. En cela, le tracklisting est d'ailleurs bien pensé et alterne les pièces les plus dures telles que "Archaen Divinity" ou "Forged Iron Crucible" et celles plus contrastées comme "By the Light of a Black Sun", "The Vestige of Thorns" et "A Stygian Pyre" dans une moindre mesure. S'il est si difficile parfois de prendre ce projet comme quelque chose de différent, c'est aussi à cause de l'emprunte vocale qu'Haughm a laissé sur Agalloch et qu'on retrouve ici à l'identique, dans ses hurlements toujours aussi expressifs et puissants, mais également dans les quelques courts passages en chant clair que l'on n'avait pas entendu depuis longtemps et dont les imperfections n'ont rien perdu de leur charme. Ce dernier n'est pas non plus parvenu à se débarasser de ses penchants progressifs qui colorent une bonne partie de l'album, ce dont on ne se plaindra pas.
Après de nombreuses écoutes, mon avis sur ce "Obsidian Arc" reste mitigé. La prestation des musiciens est excellente, notamment celle de Trevor Matthews qui contraste avec celle du molasson Aesop Dekker, et certains titres valent le détour tels que l'ouverture "By the Light of a Black Sun", "The Vestige of Thorns" malgré son intro poussive ou la conclusion fleuve "Dark Is the River of Man". Mais globalement pour moi, si l'équilibre des styles proposés pourrait aboutir à de belles choses, le résultat actuel manque de passion et de génie : les passages folk sont bons sans être transcendants, les moments les plus hargneux manquent cruellement de personnalité, et les quelques incursions doom/death m'ont laissé carrément de marbre, tout comme sur le dernier Agalloch ("Vales Beyond Dimension"). Je demeure toutefois convaincu d'une chose : ceux qui apprécieront le plus ce premier Pillorian ne sont pas forcément ceux comme moi qui suivent Haughm depuis des années. Une personne avec une histoire différente et un oeil neuf sur le travail de l'homme saura peut-être trouver la beauté dans cette oeuvre que je n'arrive pas à voir. Ou pas.
| Dead 7 Mars 2017 - 1701 lectures |
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