The Flight Of Sleipnir - Skadi
Chronique
The Flight Of Sleipnir Skadi
J’ai toujours eu un faible pour The Flight of Sleipnir. De ma dernière chronique d’eux, pour Essence of Nine (sur Slow End), jusqu’à aujourd’hui, le groupe m’a toujours dérouté. Leur doom bourré ras la gueule de stoner, de folk, de black n’a pas vraiment d’équivalent. Le cheval à 8 pattes d’Odin semble toujours plus insaisissable. Skadi, son déjà sixième album, n’infléchira pas cette tendance.
Avec Awaken, l’album s’embarque pour une première saignée typique de plus de 10 minutes. Et comme je le soulignais à l’époque, dans les autres colonnes suscitées, alors que les premières amours du groupe le menaient clairement sur les routes d'un doom multifacettes, mélangeant allégrement black metal, folk et rock prog, Skadi est clairement plus orienté mélancolie, plus emprunt aussi, me semble-t-il, d’éléments atmosphériques, mélodiques assez inédits. Awaken se présente ainsi avec des accents atmo planants, quelques discrets lead un poil bluesy, qui posent une ambiance extrêmement légère avant que les grosses guitares ne pointent le bout de leur nez, comme les vocaux haineux. La montée en puissance, la progression musicale est très naturelle ; les enchaînements de phases musicales sont fluides. On reconnaît de suite la patte du groupe, ces aspects post évidents qui traversent son doom bigarré. Les guitares sont « détachées », très déliées, ce qui offre de nombreuses respirations à la musique. Le confort d’écoute est tout à fait surprenant. Comme l’est le pont aux alentours des 5’, en chant clair lointain, quasi ésotérique, inclassable là encore, bourré de lead mélodiques aériens magnifiques, presque épiques. On note également les accents jazzy très présents sur la batterie et sur les arrangements qui la complètent (le jeu de batterie à compter des 8 minutes).
Tenebrous Haze assure la transition. La structure est encore très riche, sans jamais être écœurante. Le morceau est plus agressif, la voix davantage mise en avant, le doom plus expressif. Mais les aspects prog’ demeurent ; la volonté de « couper » le titre de ponts mélodiques restent une caractéristique forte du groupe (le chant clair dès les 6’), comme celle de proposer des soli inspirés (le pont à 1’45). La démarche du groupe n’est pas nouvelle ; depuis Essence of Nine (surtout), les ponts centraux à la guitare sèche (ou non d’ailleurs) rappelle Agalloch et son rock planant ; c’est encore plus frappant lorsque la guitare sèche constitue le support même du morceau (Earthen Shroud ; Voices). L’invitation à la rêverie est puissante, presque irrésistible (Voices, Falcon White).
La force (ou la faiblesse selon les goûts de chacun) du groupe réside dans l’incroyable diversité qui habite chaque titre de ses albums. Leur science de la composition n’est pas à remettre en question ; leur volonté de proposer des choses différentes (les accents hispaniques sur le départ de Voices, qui restent toutefois très mélodiques) force le respect. La recherche de mélodie est évidente comme la volonté de l’intégrer comme support même des morceaux, même lorsque le morceau est plus violent, plus doom, moins épique (Falcon White).
Skadi est certes moins doom que ses prédécesseurs, nettement plus porté sur la rêverie et la mélancolie ; il n’en demeure pas moins une pièce superbe, un ovni de la scène, comme toujours, et un disque hautement recommandable aux amateurs d’originalité, de doom ambitieux et atypique.
| Raziel 21 Janvier 2017 - 1627 lectures |
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