Empyrium - Über den Sternen
Chronique
Empyrium Über den Sternen
En soi, la sortie d’un nouvel album d’Empyrium est une excellente nouvelle et même un événement. En effet, qui n’a jamais rêvé et vu défiler devant soi les paysages forestiers et montagneux décrits dans ses quatre premiers albums aux ambiances tellement évocatrices d’émerveillement devant les beautés que nous offrent la Nature, mais empreintes de cette mélancolie et de cette réserve que l’on peut rapprocher au Romantisme allemand. Il y avait de tout cela chez Empyrium et surtout une volonté d’évolution entre deux premiers albums dans une registre à la croisée des mondes entre doom metal, black metal et folk, et l’évolution vers la néo folk des deux suivants. Puis, après un hiatus de douze ans, le duo était revenu avec The Turn of the Tides, laissant les forêts qui leurs sont chères pour les rivages tourmentés, avec un album qui aura divisé tant il se détachait du passé, avec une approche plus moderne et mettant en avant d’autres influences, mais toujours avec cette classe et cette tristesse inhérentes au groupe. Sept années se sont écoulées depuis, et outre la sortie du single The Mill en deux mille quinze, Empyrium s’était fait très discret, le temps sans doute doute pour Schwadorf de retourner dans les forêts et montagnes de la Rhön pour y puiser l’inspiration et ainsi donner naissance à ce Über den Sternen et dont la sortie correspond également aux vingt cinq ans de leur label de toujours, Prophecy Productions.
Vous avez aimé Empyrium et notamment ses débuts discographiques, alors il y a de grandes chances que vous apprécierez cet album. Dès l’introduction de The Three Flames of Sapphire, l’on est en territoire connu avec des arpèges de guitares acoustiques, pas mal absentes du précédent opus, et un violoncelle. Puis, tout s’emballe un peu avec des accords de ces acoustiques, le chant de ténor de Thomas Helm sur le premier couplet, avant que n’interviennent les guitares électriques et une flute. Plus loin l’on retrouvera à la fois le chant clair et le chant black de Schwadorf avec un va et vient entre passage doux aux acoustiques et d’autres aux électriques avec une très belle mélodie de guitares. Pas besoin de vous faire un dessin, l’on retrouve les sentiers des quatre premiers albums sur cet album qui va faire la part belle entre le côté électrique de A Wintersunset et Songs of Moors and Misty Fields d’un côté et la trame acoustique d’obédience néofolk de Where at Night the Wood Grouse Plays et de Weiland. Et, effectivement, l’on se rattache ici avec ce côté à la fois mystique et forestier des premières œuvres des Allemands, avec toujours cette trame nostalgique, mais avec un côté plus passéiste et poétique par rapport à The Turn of the Tides, et une approche moins moderne qui plus est. Ceci se ressent notamment dans cette production plus ample et plus naturelle des instruments, je pense notamment pour ce qui est de la batterie. Et les huit titres de ce Über des Sternen nous renvoient bien aux paysages des montagnes de la Rhön, avec d’ailleurs de très belles photographies de cette région du sud ouest de l’Allemagne à l’intérieur du livret.
Ainsi, Empyrium renoue, en partie il est vrai, avec ses sonorités d’antan mais en le faisant d’une manière non univoque. L’on a ainsi de très nombreux titres où l’on va faire le va et vient entre sonorités acoustiques et sonorités plus métalliques à l’instar du titre d’ouverture, de The Oaken Throne ou bien de The Wild Swans, mais également sur A Lucid Tower Beckons on the Hills Afar. L’on sent bien toute la maturité des deux musiciens qui passent d’une ambiance à une autre de manière fluide et intelligente, sans retirer en quoi que ce soit une once de magnificence à leur musique, rien ne tombant comme une cheveu sur la soupe sur chaque composition. Ainsi, les accents les plus doucereux et évocateurs, comme sur ces nombreux arpèges et breaks qui viennent temporiser les compositions, au même titre que les instrumentaux Moonrise et In the Morning Mist, côtoient des instants plus ombrageux et chargés où le côté métallique reprend ses droits. C’est dans ces instants que l’on retrouve des riffs en trémolo qui rappelleront les influences black metal des débuts voire certaines aspérités doom metal, comme c’est notamment le cas sur le riff d’ouverture du titre éponyme, magistral à bien des égards. En fait tout ce qui avait pu manquer sur le précédent album est bien de retour ici et c’est un rare délice que de voguer d’un titre à l’autre dans cette ambiance vraiment unique. C’est aussi dans ces instants plus chargés que l’on retrouve le chant extrême de Schwadorf, plus présent que de coutume, et qui s’intègre bien à l’ensemble.
Toutefois, limiter cet album comme étant une forme de syncrétisme de tout ce qu’a pu faire le groupe depuis ses débuts serait quelque peu réducteur même si cela est en partie vrai. En effet, l’on retrouve tout de même une alternance au sein même des titres des différents éléments qui ont fait le charme du groupe, et non pas un titre électrique suivi d’un titre acoustique et ainsi de suite. L’album n’est pas construit ainsi. À certains égards, un titre tel que the Oaken Throne se rapprocherait bien plus de ce qu’il y avait sur The Turn of the Tides mais nourri du passé du groupe. Ensuite l’on retrouve une juxtaposition entre le chant classique de Thomas Helm et le chant clair ou saturé de Schwadorf qui enrichissent vraiment les compositions et apportent vraiment un plus de par cette complémentarité. En fait, c’est beau à écouter, tout simplement. Et il y a tellement d’émotions derrière tout cela que l’on se laisse aller à un certain spleen, de celui qui nous envahit lorsque l’on se pose en haut d’une colline lors d’une ballade à observer les merveilles de la Nature devant soi ou bien en levant le regard vers les cieux, car, et c’est peut être là une des nouveautés de cet album, il y a aussi une volonté d’élévation au-dessus de ce monde et de traverser les cieux, comme l’indique le nom même de cet opus. En fait, ce qui fonctionne vraiment sur cet album, c’est la bivalence entre électricité et acoustique qui s’entrecroisent pour donner vraiment corps à des compositions assez riches et tellement émouvantes. Et, surtout, de voir le groupe renouer avec des sonorités plus classiques qui donnent à tout ceci un cachet purement antique et tellement authentique, car dès les premiers accords, l’on sait que l’on écoute un album d’Empyrium, il n’y a pas tromperie sur la marchandise.
Si la part belle est faite aux éléments venant de la première partie de la discographie du groupe, l’on y retrouve toutefois les influences d’une formation telle que Dead Can Dance sur cet album, pas seulement dans les intonations du chant, mais également dans cette utilisation assez importante du dulcimer frappé, grandement utilisé chez le duo mythique et qui apporte grandement d’un point de vue sonore, lui donnant une petite coloration world et en même temps irréelle à l’ensemble. C’est peut être ici la nouveauté de cet opus, et l’on est loin d’un gadget utilisé à mauvais escient parce que l’on a écouté telles ou telles références, mais bien un instrument qui vient enrichir la musique du duo. Cela va bien d’ailleurs dans ce côté plus naturel et moins froid de la musique des Allemands, si l’on devait faire une comparaison avec le précédent opus et c’était sans doute ce qui avait pu déplaire à l’époque. Il n’y a rien de tout ceci ici, juste, et pour le coup c’est assez réducteur, huit compositions majestueuses qui s’enchainent assez rapidement sans que l’ennui ne vienne poindre à l’horizon. C’est toujours aussi beau et prenant et la mélancolie est omniprésente sur cet album, au même titre que cette ode aux éléments et à la Nature. Il y a en plus une part de magie et d’enchantement, un peu à l’image du clip tourné pour le morceau d’ouverture, qui fait que l’on en oublie presque le monde qui nous entoure pour se concentrer sur les belles choses que nous offre la Nature.
Empyrium signe donc avec cet Über den Sternen un retour en triomphe en cette année deux mille vingt et un avec une oeuvre de haute volée qui ravira assurément toute personne qui a aimé un jour ce groupe et qui retrouvera tous ses côtés enchanteurs. L’on a ici un sixième album qui démontre que Schwadorf et Helm n’ont en rien perdu leur inspiration et qu’ils sont toujours aussi inspirés et pertinents, malgré les années et malgré les différents projets dans lesquels ils ont été impliqués. Cet album est finalement magnifique et défile assez rapidement et l’on se surprend assez souvent d’être déçu qu’il se termine aussi vite alors qu’il dure une bonne cinquantaine de minutes, ce qui est là aussi une preuve de sa très grande qualité. Et puis lorsque l’on clôt un album avec un titre de la trempe d’Über den Sternen, l’on ne que peut être frustré que cet album se termine après ces dix minutes dantesques, car l’on aurait aimé être emmené dans ces contrées encore plus longtemps. En fait, si je devais trouver un défaut à ce disque, c’est de ne pas être sorti en septembre dernier histoire d’en profiter en l’écoutant tout en me promenant en forêt pendant l’automne, mais je sais quel sera l’album en rotation pour cette saison pour les années à venir. Dans tous les cas, voici l’un des grands disques de ce début d’année et je ne m’en suis guère lassé au fil des écoutes quasi hebdomadaires depuis sa sortie, quelles que furent les circonstances d’écoutes. J’y retrouve tout ce qui a fait le charme d’Empyrium il y a un quart de siècle, avec évidemment toute la maturité acquise depuis, et ça fait du bien de retrouver un album de cette trempe en cette période difficile, où sortir de chez soi devient compliqué. Il y a de grandes chances qu’il soit dans mon top personnel à la fin de l’année et je ne saurais que vous conseiller vivement de jeter une oreille à cet excellent album.
DONNEZ VOTRE AVIS
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
AJOUTER UN COMMENTAIRE
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo