Empyrium - Weiland
Chronique
Empyrium Weiland
Autrefois groupe de black metal, Empyrium s'est tourné, au fil des albums, vers une musique entièrement folklorique, sombre et atmosphérique. A chaque nouvel opus, la renommée des allemands n'a cessée de croître et pourtant, c'est à l'aube de ce quatrième album, que les membres décident de mettre un point final à la carrière d'Empyrium. Dans une telle situation, rares sont les formations qui ont eu le courage, l'humilité d'affirmer qu'ils ne pourraient faire mieux, que ce pourquoi le groupe vivait, avait été finalement atteint. "Weiland" est l'aboutissement d'un groupe dans sa démarche artistique, dans sa recherche de la perfection, humble et personnelle, faisant toute sa grandeur.
Empyrium s'est basée une fois de plus sur le thème de la nature, découpant ce quatrième album en 3 chapitres ("Naturmystik in drei Kapiteln" pour les germanophiles) : le Marécage ("Heidestimmung", Accord profane), la Forêt ("Waldpoesie", La poésie de la forêt) et l'Eau ("Wassergeister", Les esprits de l'eau). Toutefois, loin de moi l'idée de vous donner toute la signification de cette oeuvre car "Weiland" est de ce genre d'albums que l'on ne peut saisir, qui entretiennent ce mystère faisant de chaque écoute, à la fois une redécouverte et un simple moment de pur plaisir. Difficile d'ailleurs de pénétrer l'univers de "Weiland" car le style du groupe est un peu déroutant au premier abord, surtout lorsque l'on n'y est pas habitué. Pas de saturation, peu de batterie, c'est autour des guitares folk ou classiques, du piano, du violon, de la flûte et bien évidemment du chant que s'articule la musique des allemands. Ce dernier est d'ailleurs l'élément le plus surprenant puisque il évolue la plupart du temps dans un registre lyrique et en allemand ce qui n'est pas spécialement familier.
Cependant, rien ici n'a été laissé au hasard, ni n'est sujet à controverse. On aime ou on n'aime pas certes, mais le groupe s'est employé à tout exécuter à la perfection : le chant est absolument somptueux sans aucune fausse note, les mélodies riches et raffinées, les guitares, violons et piano envoûtants à vous donner la chaire de poule. La batterie a été utilisée avec parcimonie et dans sa forme la plus épurée à l'image de la musique, afin de renforcer la lourdeur de certains passages. De même les hurlements sont très rares mais leur rôle ne saurait être remis en cause tellement la puissance qu'ils apportent est indescriptible. "Die Schwäne im Schilf" en est l'exemple parfait, un morceau tout en montée dont l'explosion finale vous prend les tripes par sa justesse et sa sincérité. Même la production ne souffre d'aucune imperfection, fluide, claire et diffuse, décuplant le pouvoir hypnotique et mystique de la musique d'Empyrium.
Mais c'est dans la souffrance que se découvre un tel album. L'atmosphère de "Weiland" est sombre, froide et mélancolique, comme ces paysages nocturnes d'hiver où seuls le vent et la lumière de la lune traversent les branches des arbres dénudés. Mieux vaut ne pas être dans un trop fort état émotionnel avant de s'y plonger car cet album vous touchera au plus profond de vous, à vous en rendre malade. C'est en ces fins d'années naissantes que "Weiland" prend toute sa grandeur, où l'ambiance automnale et le froid qui s'installent derrière vos fenêtres convergent vers ce moment étrange où le temps se fige et les pensées les plus profondes resurgissent. En concluant l'histoire d'Empyrium sur cet album, les allemands se seront effectivement arrêtés au sommet de leur art, nous laissant comme seule consolation, une oeuvre à la richesse infinie qui passera les générations et les âges.
| Dead 9 Novembre 2005 - 4094 lectures |
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