Negură Bunget - Tău
Chronique
Negură Bunget Tău
Vu que cela fait 5 ans que NEGURA BUNGET n’avait pas sorti d’album certains ont peut-être oublié les détails de son histoire. Après des désaccords assez mouvementés au sein du groupe, il s’est divisé en deux entités. Hupogrammos et So Faut s’en sont allés créer DORDEDUH et Negru, batteur, percussionniste, équilibriste musical a continué a faire vivre NEGURA BUNGET. Et alors qu’on était sceptique sur la possibilité qu’il garde Et si l’on avait cru qu’il ne serait pas capable de relever le défi de tout reprendre avec une nouvelle équipe, il avait bien trompé son monde en sortant Vîrstele pămîntului, album différent, mais dans la continuité, et qui se rendait indispensable au fil des écoutes. 5 ans ont donc passé... Et attention les yeux, Negru a de nouveau décidé de renouveler tout son entourage. Tout le reste du groupe est donc composé de nouveaux venus.
On s’en rend légèrement compte à l’écoute de ce Tău composé de 8 titres. Pas nécessairement du point de vue des compositions sur lesquelles on a vraiment l’impression que Negru ne délègue pas grand chose, mais plutôt au niveau des instruments utilisés, ajoutés par des mains qui n’officiaient pas encore pour NEGURA BUNGET. Car on peut dire qu’il y a de nouvelles sonorités sur ces 50 minutes de black metal folk roumain.
J’imagine que la plupart d’entre vous connaissez le groupe, mais il est l’un des fiers représentants du folk qui ne se concentre pas sur la fête à Neuneu, l’alcool le soir en dansant autour du feu ou encore les trolls rigolos cachés dans des troncs d’arbre. NEGURA BUNGET a toujours su créer des images plus matures, et imposer des décors enneigés, dans des contrées éloignées que chacun d’entre nous rêve un jour de survoler. Il en reproduit la tranquillité, l’élégance naturelle, les bourrasques aussi. Bref, le groupe nous a toujours fait voyager. Et j’aurais aimé dire que c’est le cas sur les nouveaux titres. Il faudra se contenter de dire que c’est le cas sur quelques titres, et avant tout celui qui ouvre l’album, un « Nametenie » de plus de 10 minutes. Ce morceau est idéal pour les nostalgiques du groupe et pour ceux qui le découvriraient. Avec son agressivité ponctuelle, bien présente mais pas imposante, avec sa flûte (jamais enchantée), avec ses chœurs aux accents shamaniques, avec ses effets mystiques au clavier et sa toupie qui vrille, et puis avec cette voix très typée death du nouveau chanteur Tibor Kati (vieux de la vieille venu du groupe GRIMEGOD), on retrouve une formule magique qui sait toucher au cœur. Et pourtant j’ai du mal avec les voix d’outre-tombe comme celle-ci, mais l’équilibre avec les autres éléments fait que ça fonctionne. Le voyage est lancé...
Mais à part « Picur Viu Foc » (Et pas "Piqûre vieux phoque" ah ah ah), les autres morceaux ont beau être bons, ils sont moins intenses. Ils mettent toujours trop l’accent sur tel ou tel artifice et ne parviennent pas à lancer totalement la machine. Alors au lieu d’être totalement immergé dans le monde de NEGURA BUNGET, on a l’impression de poursuivre le voyage devant un Power Point. C’est joli, mais on n’y est pas vraiment.
Le problème de « Izbucu Galbenei » c’est de faire du zèle d’agressivité, perdant de ses ambiances forestières et montagneuses. Puis le problème de « La Hotaru Cu Cinci Culmi » et « Schimnicește » est au contraire de ne plus avoir de vents violents et d’être juste des sucreries plaisantes mais avec moins de saveurs. C’est un peu le cas de « Curgerea muntelui » également mais il se démarque par une trompette très sereine. Comme si NEGURA BUNGET avait rencontré Ibrahim Maalouf. Réécoutez Ibrahim Maalouf et vous comprendrez...
D’ailleurs en parlant de « petit côté à la... », « Tărîm vîlhovnicesc » - le titre suivant qui aurait pu rentrer dans la catégorie « titre symbolique de ce qu’on attend du groupe » puisqu’il retrouve des couleurs agressives et des passages plus rêveurs - comporte une influence SIGH. Un clavier devient subitement fou quelques secondes comme chez la bande à Miraï. Pas mal. Et enfin il reste «Împodobeala timpului » qui est la grosse crotte de nez dans le bol de café. La vilaine verrue sur le nez d’une belle demoiselle. NEGURA BUNGET a décidé s’axer un de ses titres sur les hommes pour une fois. Et au lieu de nous plonger dans la nature, il nous balance dans un feu de camps de manouches. C’est tout du moins mon interprétation. Le groupe fait ici appel à une fanfare et à une gitane qui chante quelques parties, et durant 6 minutes on croirait entendre l’improbable rencontre entre NEGURA BUNGET et LA CARAVANE PASSE... J’exagère juste un peu, faites-vous une idée :
Ça aurait pu le faire, ça le fait pas...
Tău reste cependant un album de bonne qualité, pas du tout le meilleur du groupe, mais avec quelques essais intéressants. Il ne tiendra pas aussi longtemps que son prédécesseur, c’est une certitude en ce qui me concerne...
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