Il aura fallu trois longues années aux sri lankais de Genocide Shrines pour donner une suite à l’excellent
Devanation Monumentemples, premier EP prometteur s’inscrivant dans une démarche relativement similaire à celle des Canadiens de Blasphemy, Antichrist, Revenge et finalement celle d’une bonne partie de la scène Black bestiale. Il y a bien eu un split en compagnie de leurs compatriotes de Manifestator mais il s’agissait seulement d’un enregistrement live (un genre auquel je porte finalement très peu d’attention) proposant, à l’exception de deux titres inédits repris ici en version studio, un mélange de morceaux justement issus de ce premier EP et de reprises d’Archgoat ("Lord Of The Void") et Sarcofago ("I.N.R.I.").
Intitulé
Manipura Imperial Deathevokovil: Scriptures Of Reversed Puraana Dharmurder, ce premier album est paru dans un premier temps en CD et cassette via le label Vault Of Dried Bones (Eggs Of Gomorrh, Recluse, Mitochondrion, Weregoat…) avant d’être pressé quelques mois plus tard en vinyle par Iron Bonehead Productions. L’artwork est quant à lui signé Joel Santiago aka Necronos qui a notamment collaboré il y a quelques années avec les Philippins de Deiphago.
Voilà pour les présentations d’usage. Passons à ce qui nous intéresse davantage, le contenu. Alors, est-ce que les quelques années qui séparent ces deux sorties auront été l’occasion pour Genocide Shrines de mûrir sa recette, peaufiner son style et affûter son identité afin de tirer encore davantage son épingle du jeu ? Et bien oui et non. Oui car sur la forme, la musique des sri lankais s’est clairement affinée, devenant encore un peu plus redoutable avec le temps et l’expérience. Non car c’est bien là la seule véritable nuance entre les quelques titres de
Devanation Monumentemples et ceux de ce premier album qui vient lui emboîter le pas.
Enregistré une fois de plus aux Blasphemous War Goat studios,
Manipura Imperial Deathevokovil: Scriptures Of Reversed Puraana Dharmurder bénéficie d’une meilleure production que son prédécesseur. Pas nécessairement plus lisible pour le péquin moyen peu habitué à ce genre d’albums dense et opaque (c’est encore le cas ici avec ces guitares étouffées, cette batterie plus largement mise en avant et ces voix bestiales (pré)dominantes), celle-ci s’avère néanmoins plus imposante. Une puissance et une agressivité décuplées qui vont vite faire de ce premier album un monstre encore plus terrifiant que le pourtant pas très rigolo
Devanation Monumentemples.
S’il y a donc du mieux côté production, d’un point de vue strictement musical on ne peut pas dire que Genocide Shrines ait apporté quoi que ce soit de nouveau à sa recette. On retrouve d’abord ces fameux interludes aux sonorités typiquement asiatiques. Celles-ci prennent la forme de séquences plus ou moins courtes (entre deux et quatre minutes) identifiées une fois encore sous l’appellation "Pillar 1 / 2 / 3") où l’on y devine d’occultes et sombres cérémonies religieuses (rites, sacrifices, viols, magie d’un autre temps...). Ces quelques moments concourent - par ces sonorités exotiques - à la mise en place d’une atmosphère toute particulière que l’on retrouve encore assez peu chez les autres groupes (tous ceux qui ne viennent pas d’Asie) officiant dans le même registre. Il y a bien quelques formations telles qu’Aum, entité française dont le premier album est sorti récemment chez Iron Bonehead, qui n’hésitent pas à s’inspirer elles aussi des religions dites dharmiques mais cela reste aujourd’hui encore assez rare. Un trait d’identité fort qui apporte à Genocide Shrines un petit plus indéniable.
Et puis surtout, son Black/Death bestial et primitif se partage toujours entre passages sanglants et destructeurs menés la rage au ventre ("Militant Thrishul: Eradiction Puja" à 0:12, "Subterranean Katacomb, Termination Temple: Henotheistic Primal Demiurge" à 0:17, "Ethnoheretical Padmavyuha Consecration" et sa mise en route fulgurante, le très organique "Gas.Mask.Gauthama: And Other Raavanic Résurrections" et ainsi de suite...) et séquences post-apocalyptiques d’une lourdeur particulièrement suffocante ("Militant Thrishul: Eradiction Puja" à 2:05, "Subterranean Katacomb, Termination Temple: Henotheistic Primal Demiurge" à 2:44, "Ethnoheretical Padmavyuha Consecration" à 2:31, l’écrasant "Hurl Burning Spears To Exhume The Raavanic Throne Of Sivvhela Retaliation", etc). Un mélange des genres qui n’a rien de bien nouveau et que l’on a tous déjà entendu 1000 fois ailleurs mais qui dans le cas présent apporte néanmoins une certaine personnalité là où l’essentiel des formations officiant dans ce registre (N.B : Black/Death bestial) passent effectivement l’essentiel de leur temps à mitrailler sur tout ce qui bouge sans jamais lever le pied.
Usant des mêmes ficelles et rouages que sur son premier EP, Genocide Shrines livre avec
Manipura Imperial Deathevokovil: Scriptures Of Reversed Puraana Dharmurder un premier album tout aussi réussit mais surtout encore un peu plus convaincant grâce à une production plus puissance et impitoyable. Le groupe qui n’a pas la prétention de révolutionner quoi que ce soit, continue cependant d’apporter un peu de fraîcheur à une scène où, par définition, seule l’idée de tout annihiler domine. Genocide Shrines ne déroge pas particulièrement à cette idée mais s’applique à l’exécuter avec davantage de subtilité. Certes, le résultat est peut-être moins éprouvant, moins impressionnant et moins jusqu’au-boutiste mais grâce à ces sonorités toutes particulières et ces séquences incroyablement pesantes, les Sri Lankais prouvent qu’il est possible d’offrir autre chose sans pour autant sacrifier au chaos et à la destruction.
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