Withered Beauty - Withered Beauty
Chronique
Withered Beauty Withered Beauty
Sept ans de chroniques (bientôt la barre fatidique des 500) surchargées de « suédoiseries » en tout genre, un dossier « black/death suédois » (ou « death/black » selon les humeurs) réalisé avec mon collègue Chris et je découvre malgré tout des perles suédoises oubliées des années 90 encore chaque année (« Metal-Archives » que ton nom soit sanctifié)… Une mine d'or paraissant inépuisable qui m'emmène cette fois au trio méconnu de Withered Beauty. Les doomeux auront peut-être entendu parler du membre fondateur (hurleur, guitariste et batteur) Daniel Bryntse et de son groupe Isole (actif et signé chez Napalm Records). Quant aux amis bourrinos, le nom de William Blackmon (Gadget), guitariste arrivé en 2001, leur parlera sûrement. Formé en 1993, Withered Beauty accouchera de deux démos qui taperont dans l'oreille (en 1997) du plus gros label metal européen, ni plus ni moins que Nuclear Blast ! Porté par le souffle allemand, Withered Beauty partira enregistrer son premier opus chez le vénéré Peter Tägtgren (studio Abyss).
Le titre d'ouverture « Lies » suffirait à lui seul pour vous convertir à Withered Beauty et ça sans la nécessité de vous brasser une liste d'adjectifs enjolivant la chose (m'en voilà soulagé), évidemment aidé de mon Robert des synonymes. Je vous laisse le soin de l'écouter. Ce morceau est l'archétype même du « death/black mélodique suédois » de cette époque (violent, mélodique, glacial et touchant) et qui résume parfaitement ce Withered Beauty. De facto des ingrédients indissociables au genre : des passages acoustiques (« Through Silent Skies » est splendide), des mélodies en tremolo, des hurlements remplies de douleur et une rythmique furieuse omniprésente (excellent batteur au demeurant). Impossible de ne pas être surpris par son introduction (je l'avoue, j'ai sursauté aussi la première fois…) et touché par ces vers émouvants (« Shadows are everywheeeeeeeere ! » me donne encore des frissons). Trois musiciens pour trois chants différents (guttural, criard et clair) alternant leurs vocaux ou hurlant tout simplement ensemble pour annihiler nos tympans. Un déluge sonore soutenu par la production atomique du studio Abyss, rappelant la virulence d'un The Moaning (enregistré à quelques mois d'intervalles). Car même si Withered Beauty emprunte dans pas mal de styles, la base est ici clairement death metal velu (d'où le « death/black »). La musique et la dominante vocale puisant allégrement dans les références scandinaves « nineties » (« Twilight Dreaming » sent bon le Hypocrisy première génération) mais aussi dans une technicité assez rare à cette période (qui a dit Anata ?) avec quelques soli mémorables (« Veil Of Nothing ») ainsi que des plans relativement complexes.
Mais au delà de compositions excessivement riches, la valeur ajoutée de ce Withered Beauty réside principalement dans la maîtrise peu évidente du contraste « brutalité/émotion ». Les Suédois arrivent ainsi sur un même morceau et de façon fluide, à larguer une salve de parpaings suivie d'un riff/break mélodique ou doomy des plus poignants. Outre le mythique « Lies », « The Worm » « Dying Alone » ou « Failure » sauront capter toute votre attention sans le moindre effort. Des titres (et tout particulièrement la conclusion en chant clair « He Who Comes With The Dawn ») qui démontrent un intérêt marqué de Daniel pour les racines doom de son autre groupe Forlon (qui deviendra Isole). Le travail de composition est donc exemplaire mais malgré tout, Withered Beauty a encore des efforts à fournir. Le groupe peine à proposer des titres sans quelconque essoufflement, il y a toujours un ou plusieurs passages en demi-teintes lorgnant vers une approche « directe » légèrement fade. Car à trop vouloir enrichir ses morceaux, l'efficacité pâtit malheureusement de certains « fond de tiroir ». On aurait apprécié plus de moments jouant sur l'émotion et un album suivant une ligne directrice plus stable. Des défauts de jeunesse compréhensibles en somme.
Withered Beauty est encore un de ces albums à vous rendre nostalgique et à pleurer le metal extrême mélodique des années 90. Comme tous les groupes malchanceux de cette époque, Withered Beauty n'aura sorti qu'un album et aura complètement été effacé des mémoires…. La bande se fera en effet limoger quelques mois après sa signature chez Nuclear Blast et ça malgré des critiques plutôt élogieuses lors de la sortie de son album éponyme. Le groupe se dissoudra et seul Daniel Bryntse restera alors à la barre, il recrutera alors d'autres musiciens (2001) mais depuis déjà 10 ans, il ne donnera plus aucun signe de vie… En priant pour un retour éventuel, laissez-vous donc emporter par cette « beauté fanée », vous ne le regretterez pas.
| Mitch 2 Mars 2011 - 2239 lectures |
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