États-Unis, Suède, Allemagne, Russie, Norvège, Belgique, Italie, Chili, Finlande, Ukraine, Japon, Australie, Islande, Nouvelle-Zélande, Angleterre, France… Autant de pays qui, sans surprise, reviennent très régulièrement dans le cadre de nos différentes chroniques. Aux côtés de ces incontournables, quelques contrées plus exotiques telles que l’Afrique du Sud, le Bangladesh, l’Iran, le Kirghizistan (oui, c’est un vrai pays, coincé quelque part entre le Kazakhstan, l’Ouzbékistan et la Chine), le Népal ou encore le Suriname.
Parmi tous ceux manquant encore à l’appel, on trouvait encore il y a peu le Sri Lanka. Etat insulaire situé au sud est de l’Inde, le pays a longtemps été marqué par de violents affrontements opposants la population tamoule (minoritaire) à la population cingalaise. Autant vous dire que dans un tel contexte, jouer dans un groupe de Black/Death Metal n’est probablement pas l’occupation la plus prisée de la jeunesse sri lankaise. Pourtant, il existe bien quelques formations qui méritent que l’on s’y intéresse.
Formé à Colombo en 2011, Genocide Shrines va sortir courant 2012 un premier EP intitulé
Devanation Monumentemples. Celui-ci sera suivi deux ans plus tard d’un split en compagnie de leurs compatriotes de Manifestator. Il faudra attendre l’année suivante pour voir le groupe marquer le coup à l’aide d’un premier album au titre qui n’en finit pas
Manipura Imperial Deathevokovil: Scriptures Of Reversed Puraana Dharmurder. Avant de nous intéresser à ce dernier, revenons cinq ans en arrière, en 2012, date à laquelle est parue d’abord sur Cyclopean Eye Productions puis sur Iron Bonehead Productions ce premier EP d’à peine vingt minutes.
Si celui-ci affiche un total de sept titres,
Devanation Monumentemples compte néanmoins trois interludes ("Pillar I / II / III"). Ces courts moments de moins de deux minutes vont permettre au groupe de nous immerger dans son univers et surtout sa culture à travers des sonorités orientales (principalement hindouistes) très marquées ("Pillar I (Entrance)"). Ces samples de rituels monastiques vont apporter au Black/Death de Genocide Shrines une atmosphère toute particulière, bien éloignée (du moins encore à l’époque) de tout ce que l’on peut retrouver chez la plupart des groupes occidentaux en matière de représentation religieuse (samples souvent blasphématoires, chœur théâtral, lexique propre au christianisme, utilisation du latin...).
Pour le reste,
Devanation Monumentemples réserve assez peu de surprise et s’inscrit finalement dans la tradition d’un Black/Death bestial et primitif largement inspiré par Archgoat, Antichrist ou Blasphemy. On y retrouve cette production volontairement déséquilibrée (guitares étouffées et en retrait dans le mix, chant largement mis en avant), ces riffs diaboliques et surtout particulièrement aliénants, cette rythmique redoutable menée tambours battants (blasts, blasts, blast en encore des blasts) et enfin quelques breaks salvateurs à vous démonter le crâne.
Mais si Genocide Shrines se distingue par l’utilisation d’éléments orientaux immersifs (qu’ils soient sonores, visuels ou lexicales), il tire également son épingle du jeu grâce à son intérêt pour les séquences plombées qui vont venir ralentir la cadence de manière particulièrement significative. Des ralentissements assassins ("Devanation Monumentemples" à 0:49 et 2:17, la première minutes écrasante de "Apparitions Of Spiritual Obliteration", "Nectars Of Tantric Murder" à partir de 1:27) où l’auditeur, après avoir été déjà malmené dans tous les sens à coups de blasts et autres riffs répétés ad nauseam, va se retrouver plaqué au sol, cherchant tant bien que mal à reprendre son souffle sous la lourdeur de ces passages sombres et implacables. Une franche dualité qui va naturellement apporter à ce premier EP une belle dynamique à défaut de sembler particulièrement original.
Si
Devanation Monumentemples se destine essentiellement à tous les amateurs du genre qui y trouveront là les codes essentiels d’un style particulièrement cloisonné et cloisonnant, Genocide Shrines a su dès le départ apporter à sa recette des éléments de personnalité suffisamment forts (religion hindouiste, séquences Doom...) pour réussir à se démarquer de la meute. Ce premier essai constitue donc une mise en bouche particulièrement convaincante qui, on le sait déjà, sera suivi d’un premier album au moins tout aussi redoutable. Mais ça, c’est une autre histoire sur laquelle nous reviendrons un peu plus tard. D’ici là, vous savez ce qu’il vous reste à faire.
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