Infernäl Mäjesty - No God
Chronique
Infernäl Mäjesty No God
Alors qu’EXCITER est revenu tourner l’an dernier avec son trio d’origine c’est au tour d’autres vétérans du Thrash Canadien de faire leur retour, en effet dix ans après leur dernière sortie officielle (l’EP « Demon God ») et même treize si l’on compte un long format (« One Who Points To Death ») qui s’était déjà fait désirer à l’époque. Cependant une attente pareille n’a rien d’étonnant pour un groupe habitué depuis toujours à la discrétion et à se faire oublier pour mieux revenir par la suite, et qui profite de cette année 2017 spéciale pour eux pour sortir de son sommeil. Celle-ci le voit fêter les trente ans de son excellent premier opus « None Shall Defy », et profite de l’occasion pour livrer son (seulement) quatrième album depuis ses débuts en 1986. Si les postes de batteur et de bassiste ont beaucoup évolué avec le temps, le trio principal composé du chanteur Chris Bailey et de la paire de guitaristes Kenny Hallman et Steve Terror est encore et toujours fidèle au poste, et heureusement d’ailleurs car ils sont l’identité même d’INFERNÄL MÄJESTY. Du coup pour faire plaisir aux fans et s’excuser de cette longue attente les gars ont rempli leur galette a ras-bord puisqu’elle contient pas moins de onze titres pour plus d’une heure de musique, avec des compos qui tournent la majorité du temps aux alentours de cinq à six minutes, un peu comme le EXODUS actuel. Mais comme les derniers méfaits des Américains une telle durée ne se fait pas sans heurts car l’ensemble laisse un peu trop de place aux longueurs et à aux répétitions inutiles.
Cependant cela ne se remarque pas au départ avec le très bon et dynamique « Enter The World Of The Undead » qui démarre à cent à l’heure et démontre d’entrée les talents du nouveau frappeur Kiel Wilson qui alterne entre blasts hyper-précis, roulements à l’ancienne et parties rapides bien remuantes, qui se met au même niveau que ces acolytes qui enchaînent les notes sans surprise, et font le métier correctement tout en obtenant d’entrée un résultat accrocheur. Ce sentiment est confirmé avec le classique et efficace « In God You Trust » qui à défaut d’être vraiment marquant contient des atouts pour maintenir l’attention de l’auditeur, avant que n’arrive « Signs Of Evil » qui montre les premières lacunes, à savoir une inspiration moindre et surtout des riffs vite répétitifs et joués en boucle pendant trop de temps. D’ailleurs la suite de l’écoute sera rythmée par des hauts et des bas au niveau de l’écriture, car après cette petite baisse de régime retour au top niveau avec « Another Day In Hell » qui montre la facette la plus élaborée du quintet, qui offre un titre à tiroir vraiment intéressant. Ici se glisse avec malice en introduction et conclusion des notes acoustiques angoissantes et réussies, ainsi que différents plans et changement de vitesse réguliers sur la durée (avec même un passage et un break qui ressemblent étrangement à « Mandatory Suicide » de SLAYER), qui permettent à l’ensemble de garder une vraie cohérence et une régularité sans failles, à l’instar de « Kingdom Of Heaven » qui conserve le même schéma et propose là-aussi toute une palette technique accrocheuse qui donne envie de secouer la tête. Cependant juste avant d’arriver à l’interlude triste (qui servira de pause bienvenue), il y’a le morceau-titre qui va faire de nouveau baisser l’attention, non pas qu’il soit mauvais mais lui aussi souffre de souffre de coups de mou à cause d’une reprise des idées exprimées auparavant et d’une durée excessive, où là-encore on s’aperçoit qu’il aurait été préférable d’aller à l’essentiel.
Heureusement la suite va repartir sous les meilleures auspices tout d’abord avec « Nation Of Assassins » où l’on retrouve l’esprit des débuts de la bande, tant cette compo est du pur Thrash incandescent qui ne fait pas de chichis et maintient le pied sur le champignon la majorité du temps, sans qu’elle n’oublie d’y inclure quelques traces bien Heavy histoire d’ajouter de la profondeur. Après probablement un des meilleurs titres de cet album, place à « House Of War » à l’efficacité affirmée qui se fait plus mid-tempo et donne vraiment envie de headbanguer, tout en ajoutant quelques pointes de vitesse pour ne laisser l’impression de redondance, contrairement à « Systemical Extermination » qui enchaîne dans la foulée. Car bien que mixant intelligemment tout ce qui a été fait précédemment (avec beaucoup de goût) le résultat se retrouve rapidement plombé encore une fois par les excès de durée sur les plans instrumentaux, et on ne peut que le regretter tant les atouts sont présents mais finissent par s’effacer avec le temps. « Extinction Level Event » qui suit en est un autre exemple, là-aussi en étant également moins inspiré et plus banal, et même si on l’écoute avec plaisir cela se fait sans passion démesurée.
C’est d’ailleurs le sentiment qui ressort quand on en arrive au bout, à savoir que l’on décroche progressivement et que l’attention portée dans un premier temps disparaît au fur et à mesure, pour ne plus y prêter qu’une oreille distraite à la fin. D’autant plus que la production ne met pas forcément en avantage ces nouveautés qui auraient gagné en attrait en étant plus condensées, car le son est certes énorme et puissant (les guitares sont boostées aux amphétamines) avec notamment une basse chaude et mise en avant (dont on peut admirer le gros boulot effectué et ce qu’elle apporte) mais une batterie hyper (trop) présente. Celle-ci laisse d’ailleurs un goût amer car elle sonne franchement trop plastique et synthétique, du coup elle finit par en devenir pénible au contraire du chant toujours au top, mais celui-ci se retrouve trop souvent noyé dans le mix et à certains instants il en devient presque inaudible. Malgré ses erreurs et imperfections l’ensemble reste quand même largement correct, on est certes loin du terrible premier album mais ça fait le boulot, et en vieux routiers du circuit les gars montrent qu’ils savent encore pondre quelques tueries bienvenues sur un disque agréable, qui n’a rien de génial et ne sera jamais un classique ni dans les tops de fin d’année, mais qui permet tout de même de passer un bon moment ce qui est déjà pas mal.
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3 COMMENTAIRE(S)
citer | Le premier mais aussi les autres ! Je découvre en ce moment Unholier Than Thou, et franchement, super album bien evil avec comme d'habitude ces riffs qui tuent et cette ambiance ultra sérieuse qui montre que les types sont pas là pour rigoler.
Belle chronique en tout cas. |
citer | Jamais écouté autre chose que le génial "None Shall Defy". |
citer | Pas encore écouté cet album. Je reste pour le moment bloqué sur le premier qu'il faudrait d'ailleurs un jour chroniquer. |
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3 COMMENTAIRE(S)
10/03/2019 20:50
Belle chronique en tout cas.
02/06/2017 21:56
02/06/2017 08:54