Ils se sont reformés Blood Feast?! Oui et ça fait dix ans! Pourquoi on ne me dit jamais rien?! Bon, en même temps, ce n'est pas comme si c'était la news du siècle... Blood Feast n'a toujours été qu'un simple second couteau certes de bonne facture mais qui n'intéresse que les vieux thrashos restés dans l'underground. Tout ce que j'aime! J'avais d'ailleurs chroniqué le premier album des Américains, le burné
Kill For Pleasure, sorti en 1987. Quant au reste de leur discographie, l'EP suivant
Face Fate (1987) et le deuxième full-length
Chopping Block Blues (1989), je ne les ai jamais écoutés pour je ne sais quelles raisons. La pochette de ce nouvel album
The Future State Of Wicked paru fin mars chez Hells Headbangers, avec ses couleurs et son monstre bleu, rappelle en tout cas quelques souvenirs. Normal, c'est le même artiste Drew Elliot qui avait signé l'artwork de
Kill For Pleasure. En ce qui concerne le line-up, beaucoup de choses ont changé par contre. Le guitariste Adam Tranquilli reste en effet l'unique rescapé d'origine quand tous les autres, inconnus, se sont joints au festin de sang en 2010 voire 2014 pour les plus récents.
Alors, cette reformation sert-elle à quelque chose? Blood Feast a-t-il encore des choses à dire en 2017? Oui et non. Musicalement, le style n'a pas varié par rapport à
Kill For Pleasure. Ce qui change surtout, c'est le chant du "nouveau" frontman Chris Natalini, moins gros bras et rock 'n roll que Gary Markovitch quoique toujours acerbe et plus dans un trip arraché de sorcière, ce qui peut vite agacer si on ne s'y habitue pas. Sinon, on reste dans un thrash old-school basique, efficace, agressif et au groove typique de la côte Est, New-Jersey oblige. Le riffing se fait souvent simple mais convenable dans un esprit thrash primaire, avec quelques motifs plus sombres en tremolo pas très éloignés du death metal ("Last Rites", "Nein", "The Burn"...) qui donnent parfois un côté thrash/death pas dégueu à la formation. Si la rythmique classique "tchouka-tchouka" domine logiquement les débats sur un opus enlevé à l'image du titre d'ouverture "INRI" qui rentre dans le lard bien comme il faut, vite imité par "Off With Their Heads" et "Brethren" qui n'ont pas envie de calmer le jeu, le combo propose quelques variations mid-tempos, notamment sur l'intro basseuse de "'By The Slice" qui lève le pied le temps de reprendre sa respiration avant de renvoyer la sauce, le break massif death métallisé au milieu de "The Underling" (le meilleur morceau), le plombé et dissonant "Who Prays For The Devil", titre le plus "atmosphérique" du tas, ou encore l'ouverture de "Last Rites". Ce qui n'empêche toutefois pas une certaine répétitivité, souvent inhérente au style de toute façon. Il faut avouer que les riffs ne varient pas des masses et que Blood Feast se répète pas mal le long des presque trois quarts d'heure de ce
The Future State Of Wicked qui aurait pu être écourté de ses passages les plus banals pour davantage d'efficacité. On a ainsi parfois l'impression d'avoir déjà entendu le même riff ou la même rythmique vocale juste avant (à 4'10 sur "Who Prays For The Devil" on se croirait revenu au morceau d'ouverture "INRI"). Les solos, souvent courts et chaotiques à la Slayer n'aident pas non plus à diversifier le propos tant ils se ressemblent et ne se révèlent pas très inspirés pour la plupart. Heureusement, certains s'en sortent mieux que d'autres comme sur le très bon instrumental "Remnants II". On pourra rajouter à la liste des griefs une batterie légèrement sur-mixée dont la caisse claire et les toms résonnent un peu trop, ce qui peut s'avérer pénible sur les nombreux roulements et descentes. Cela dit, tout cela sonne naturel ce qui est toujours mieux que les triggs dégueulasses de styles plus modernes.
Pas tout à fait l'album de l'année et inférieur à
Kill For Pleasure,
The Future State Of Wicked se montre un peu trop simpliste, répétitif et limité pour convaincre pleinement. On l'écoutera une petite dizaine de fois maximum avant qu'il ne prenne la poussière avec tous les autres albums "biens mais pas tops". Si ce nouvel album de Blood Feast, le premier depuis vingt-huit ans, ne restera donc pas dans les annales, je lui trouve tout de même suffisamment de qualités pour me faire dire qu'il s'agit d'un retour, non pas triomphal, mais plutôt correct du quintette du New-Jersey qui n'a pas perdu ses couilles et gagnera peut-être même quelques nouveaux fans. C'est que ce type de thrash old-school épuré, rageur et non dénué de groove qui va droit au but et ne cherche pas à se faire passer pour ce qu'il n'est pas, a quelque chose de satisfaisant, à défaut d'être génial. Et des fois, c'est bien suffisant.
1 COMMENTAIRE(S)
15/06/2017 16:47
Un bon disque qui fait du bien là où ça passe !
Je vais aller écouter "Kill for pleasure" pour approfondir leur musique