Krolok - Flying Above Ancient Ruins
Chronique
Krolok Flying Above Ancient Ruins
Alors que le deuxième album des Slovaques de Malokarpatan semble prêt à truster les premières places des bilans de fin d’année, il y a un autre album de 2017 dont on entend beaucoup moins parler alors qu’il devrait normalement pouvoir trouver grâce aux oreilles des amateurs de Nordkarpatenland. Cet album c’est celui de Krolok, autre groupe originaire de Slovaquie dans lequel on retrouve justement trois des cinq membres de Malokarpatan.
Originaire de Bratislava, Krolok voit le jour en 2011 à l’initiative d’HV qui à l’époque en est le seul maître à bord. Ce dernier va néanmoins rapidement s’adjoindre les services de Peter et Miroslav afin de consolider le line-up. Le trio va alors enchaîner entre 2013 et aujourd’hui split, EP et autres démos avant de franchir le cap du premier album. Intitulé Flying Above Ancient Ruins, celui-ci voit le jour sur le discret label Hexencave Productions (Algor, Goatcraft, Malokarpatan...). Et comme pour Nordkarpatenland, l’artwork a été confié au talentueux Dávid Glomba dont on appréciera une fois encore le petit côté champêtre bien qu’il soit servi ici à travers une atmosphère beaucoup plus froide et menaçante.
Car Krolok emprunte son nom au célèbre personnage du comte Von Krolock imaginé par Gérard Brach et Roman Polanski pour le film "The Fearless Vampire Killers" sorti en 1967. Un univers suggéré tout au long de ces trente-cinq minutes qui naturellement sied plutôt bien à ce groupe originaire de l’Europe de l’Est. Mais si à l’image de Malokarpatan le folklore régional (en tout cas celui de Roumanie) tient également une place de choix dans l’élaboration des textes et la construction des ambiances sonores que le groupe tente de retranscrire, le Black Metal de Krolok tend tout de même vers d’autres horizons. Bien plus éloigné des influences Heavy Metal que l’on peut retrouver sur Stridžie Dni et Nordkarpatenland, ce premier album s’inscrit dans un registre plus classique mais à la personnalité toujours aussi affirmée.
Cette recherche d’identité passe en premier lieu par une production naturelle et abrasive qui va apporter au Black Metal de Krolok un caractère authentique hérité de ces albums sortis au début des années 90 (on pense beaucoup au fameux De Mysteriis Dom Sathanas de vous savez qui). Un son relativement cru et dénué de tout artifice qui a le bon goût de ne pas tomber dans les quelques travers liés à ce genre de production parfois complètement bancale et surtout parfaitement inaudible. Non, ici tout s’entend et se distingue à la perfection même si certains instruments sont volontairement relégués au second plan.
C’est le cas de ce synthétiseur dont HV va se servir à de nombreuses reprises afin d’habiller ses compositions de sonorités discrètes au goût délicieusement rétro. Une manière pour Krolok d’apporter à ce premier album un panel d’atmosphères tantôt horrifiques, tantôt angoissantes, tantôt élégantes qui rappelleront à certains l’esthétisme cinématographique et musical des années 60 et 70, notamment en matière de films d’épouvante (une ambiance d’ailleurs renforcée par les quelques samples (moins nombreux que pour Malokarpatan) probablement tirés une fois encore de quelques obscurs films slovaques).
Enfin, il y a ces constructions relativement atypiques où le groupe ne va pas hésiter à prendre l’auditeur à contre-pied notamment grâce à des breaks bien souvent inattendus, toujours extrêmement très mélodiques et le plus souvent (électro) acoustiques comme sur "Flying Above Ancient Ruins" à 3:51, "Hunger Of Her Eyes" à 3:08, "Count Von Krolock" et son entre-deux un brin halluciné à compter de 3:26, "The Wanderer Ascends (Father Of Sorrows And Past)" à 2:02 ainsi qu’à travers des séquences au groove très Punk ("Flying Above Ancient Ruins" à 3:01, les cinquante premières secondes de "Hunger Of Her Eyes" ainsi qu’à partir de 1:29, "The Wanderer Ascends (Father Of Sorrows And Past)" à 2:09).
Le reste, comme je le soulignais déjà un peu plus haut, se fait sous l’égide d’un certain classicisme et dans un esprit toujours très épuré. Outre une batterie dynamique qui jamais ne rechigne à balancer un pattern Punk hyper entraînant (ni même à ralentir la cadence), on trouve également des riffs simples mais suffisamment vicieux pour tourmenter les esprits et nourrir cette atmosphère carpatienne dans laquelle baigne ce premier album. Des riffs dont on saura apprécier les efforts fourni en matière de mélodie tout au long de ces trente-cinq minutes. Un travail toujours extrêmement bien pensé et qui toujours à la manière de Malokarpatan va venir apporter cette touche de ruralité (dans un esprit peut-être plus légendaire - au sens mythique du terme) et d’authenticité à la musique des Slovaques.
Bien plus discret que son homologue à cinq têtes, Krolok joui néanmoins du même savoir-faire faisant presque inévitablement de ce premier album une franche réussite. On appréciera en tout cas, malgré des similitudes évidentes, que les deux groupes ait choisi de ne pas jouer sur le même tableau avec, dans le cas de Krolok, un goût bien plus prononcé pour les atmosphères glacées faites d’histoires de vampires errant comme des âmes en peine entre les murs humides et délabrés de leur citadelle abandonnée et autre jouvencelle perdue dans les bois environnants à la nuit tombée.
| AxGxB 18 Décembre 2017 - 1667 lectures |
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