Monolithe - Nebula Septem
Chronique
Monolithe Nebula Septem
Même si Monolithe n’a jamais fait partie de mes favoris dans la catégorie exigeante du doom/death, j’avoue avoir pourtant toujours porté une oreille curieuse à leurs efforts successifs. Nebula Septem est le septième album du groupe, dont le concept est tout entier articulé autour de ce chiffre. Septième album donc, composé de 7 titres, de 7 minutes chacun, classé de A à G. Les fans de Morbid Angel remarqueront que la discographie de leur groupe fétiche suit le même principe. Soit. La démarche mérite d’être soulignée, qui fait suite à quatre premiers albums composés d’une seule piste de plus de 50 minutes à chaque fois. Le groupe aime les défis, tant mieux, nous aussi. Mais passé l’effet de surprise, qu’a-t-il dans le ventre, ce Nebula Septem ?
Le doom très sombre du groupe constitue toujours la pierre angulaire de ce nouvel album. Le vide intersidéral, l’impression d’être happé dans l’espace, privé d’oxygène et, en même temps, de planer au dessus des cieux, également. Cet équilibre fragile entre atmosphère très travaillée, profonde et menaçante et riffs plus sombres, plus abrupts, se retrouve à l’identique sur Nebula Septem. Mais à la différence des albums précédents, surtout finalement des premiers, le style Monolithe s’est, à mon sens, ouvert. Il est plus accessible, plus « rond », plus compréhensible, ce qui, dans mon esprit, n’est surtout pas un handicap. L’emphase qui parsème l’ensemble des titres, combinée à des riffs plus lourds, souvent aériens aussi, et dopée par un son relativement clair, offre de tout comprendre, de tout analyser.
La richesse des compos n’en a rien perdu. Tout au contraire. Anechoic Aberration et Burst in the even Horizon ouvrent l’album de riffs mi-astraux, très profonds, mi-agressifs, en posant d’entrée une ambiance très travaillée, où les growls se mélangent à l’emphase et aux riffs spatiaux de fort belle manière (Coil Shaped Volutions). Les arrangements sont légions ; c’est là encore une marque de fabrique de Monolithe. L’approche est moins expérimentale qu’auparavant ; elle gagne en efficacité, en épure. Son doom s’y épanouit davantage, alors que les soli l’illuminent littéralement (Anechoic Aberration). En ramassant son propos sur 7 minutes, en allant au cœur de son savoir-faire, Monolithe évite tout ennui et laisse à entendre ses fameux arrangements à loisir (les « reprises » ou la rythmique profonde et mélodique sur Burst in the even Horizon, comme son final tournoyant, presque arabisant ; Coil Shaped Volutions et son départ très Skepticism, lourd, lent et quasi cotonneux puis, vers les 1’50, des arpèges ultra aériens qui servent de pont spatial).
Mais si la patte Monolithe se conçoit d’emblée, Delta Scuti, le morceau central, brise la dynamique et propose de nouvelles idées ou de nouvelles pistes. Les samples et les arrangements electro traversent le morceau (Fathom the Deep également), conférant au titre des atours apocalyptiques évidents, comme si le vaisseau Monolithe venait de déboucher dans une galaxie avec l’Etoile de la Mort en face de lui, dans un ciel dépourvu de vie. Le départ mélodique est littéralement fauché en plein vol par une cassure nette, menaçante (vers les 2’30). Il est d’ailleurs à noter que l’utilisation des synthés est parfaitement dosée et très pertinente. Ils accompagnent la structure des titres bien plus qu’ils ne constituent un instrument à part entière. Ils soutiennent l’ambiance sans l’entraver, ainsi qu’en atteste encore le final incroyablement épique de Engineering the Deep où, après un départ tarabiscoté, fait de petits loops electro, le morceau monte en puissance, en tournoiements incessants et hypnotiques, avant que des riffs heavy ne tranchent l’espace sonore, soutenus par les synthés.
Gravity Flood clôture l’album sur des tonalités spatiales dénuées de tout chant, purement instrumentales. Les loop le disputent aux arrangements electro tribaux, le tout noyé dans un son organique, très profond. Le metal est parfois évacué, le doom aussi, de fait, au profit de sonorités presque exclusivement mécaniques, quasi dance floor mais version diabolique.
Monolithe surprend par sa capacité à se renouveler, à proposer sa mixture sur un format court plus approprié, à mon sens, à leur œuvre. Les 7 titres de ce Nebula Septem s’enchaînent sans temps morts, sans ennui, pour notre plus grand plaisir. Monolithe confirme également sa patte, reconnaissable entre mille, l’équilibre entre atmosphères astrales et riffs spatiaux atteignant ici un sommet.
| Raziel 12 Mai 2018 - 1583 lectures |
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