Utzalu - The Loins Of Repentance
Chronique
Utzalu The Loins Of Repentance
S’il y a un homme qui ne connaît pas l’ennui c’est bien monsieur Rory Flay. Originaire de Portland dans l’Oregon, ce dernier est impliqué dans une quantité astronomique de projets tous plus recommandables les uns que les autres. Le plus connu est probablement Ash Borer mais l’Américain trempe également ses mains et son esprit créatif au sein d’autres formations telles que Triumvir Foul, Uškumgallu, Adzalaan, Serum Dreg, Dagger Lust, Urzeit, Pissblood et bien évidement Utzalu, groupe dont il est question aujourd’hui.
Formé en 2015 d’abord sous la forme d’un duo, le groupe se met rapidement au travail offrant ainsi la même année un split en compagnie du groupe Mróz. L’année suivante, Utzalu recrute un bassiste à temps plein et en profite pour sortir deux démos intitulées Germinal et Drowning In Sanguine Screams. Redevenu un duo suite au départ de ce même bassiste, les Américains poursuivent néanmoins leur progression avec la sortie à l’été 2017 de The Loins Of Repentance, premier album disponible via Vrasubatlat, label de qualité opérant dans l’ombre la plus totale et mené par Rory Flay lui-même. Aujourd’hui, le groupe fonctionne de nouveau sur la base d’un trio depuis l’arrivée de deux nouveaux membres (dont le batteur de Ritual Knife) et vient tout juste de sortir un deuxième album pour le moment disponible uniquement sous forme numérique.
Si l’artwork fait de collage en noir et blanc évoque davantage un disque de Noise ou de Post-Punk moribond, on parle pourtant bien ici de Black Metal, comme d’ailleurs l’essentiel des sorties estampillées Vrasubatlat. Mais à l’instar d’un Ritual Knife, le Black Metal délivré par le duo s’inscrit dans une démarche Punk ne faisant aucun compromis. Bien entendu, le tout est servi par une production volontairement dégueulasse cherchant à traduire au mieux l’urgence de ces compositions primitives menées la bave aux lèvres. Et je pourrais presque terminer ma chronique ainsi tant cela suffit à décrire la musique d’Utzalu. J’ai dit presque...
Aussi, du haut de ses vingt-six minutes, The Loins Of Repentance n’est pas le genre d’album à s’embarrasser de fioritures. Seules ces courtes séquences bruitistes (la première partie de "Putrid Aide-Mémoire", la fin de "Fetid Morality" suivi par le début de "Loins Of Rapine" ou bien encore la conclusion de "The Loins Of Repentance") viendront vous agresser les oreilles d’une manière extrêmement déplaisante. Le reste du temps, Utzalu le passe le plus souvent à coup de riffs abrasifs et Rock’n’Roll balancés soit à toute vitesse soit sous forme de titres taillés pour taper du pied et dodeliner de la tête comme un sauvage, de blasts ou de tchouka-tchouka à se fracasser la carafe sur le trottoir et de cris schizophrènes. Une recette qui trouve racine dans les premiers albums de Venom et Bathory et qu’Utzalu perpétue ici d’une certaine manière à travers cette approche extrêmement primitive et cathartique. Car si la musique des Américains manque naturellement d’originalité et que ses compositions brillent par leur extrême simplicité, le fait est que ce genre de musique animale à l’intensité folle n’est pas sans produire son petit effet sur les sujets sensibles à ce genre de déflagrations sonores radicales et extrêmement bas du front. Et ce ne sont pas ces quelques breaks sans finesse toujours aussi redoutables d’efficacité ("Absent Eyes" à 1:40, "Bloodied Gowns On Cringed Worms" à 2:38, "Fetid Morality" à 1:33) ou ces nombreux mid-tempos ("Putrid Aide-Mémoire", la première partie de "Bloodied Gowns On Cringed Worms", "Fetid Morality" à partir de 1:32, "Loins Of Rapine" et ainsi de suite...) qui y changeront quoi que ce soit, croyez-moi !
Voilà, je pense qu’on a fait le tour des choses à dire au sujet de cet album dont la finalité n’est certainement pas d’impressionner qui que ce soit par le niveau technique déployé ni même de briller par sa personnalité si rafraîchissante. Non, Utzalu c’est cet orteil qui se cogne dans les pieds de la table, cette tête trop haute pour éviter ce plafond trop bas, ce doigt coincé dans une porte. Une douleur vive et intense qui malgré sa fugacité vous marque l’esprit et le corps pendant un bon moment. Allez, circulez, y a plus rien à voir.
| AxGxB 15 Juin 2018 - 605 lectures |
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