Horna - Nyx (Hymnejä Yölle)
Chronique
Horna Nyx (Hymnejä Yölle)
Inhabituellement silencieux depuis quatre ans et la sortie du très bon
« Kuoleman Kirjo », le quintet confirme qu’il a décidé de ralentir l’allure en termes de sorties afin de désormais privilégier la qualité à la quantité... un choix que personne ne sera en mesure de lui reprocher tant sa discographie pléthorique a parfois navigué un peu en eaux troubles. Rien de raté loin de là mais quelques efforts moins marquants que les autres et voilà que l’on annonçait l’entité sur le déclin... ce qui heureusement était loin d’être le cas tant celle-ci a rapidement repris les choses en main, et cela continue aujourd’hui avec ce douzième opus dans la droite ligne des précédents même si ses créateurs ont décidé de revenir à quelque chose de plus court et frontal. Car même s’il était excellent leur précédent opus avait la fâcheuse tendance à s’étirer à n’en plus finir, ce qui avait pour conséquence d’avoir souvent affaire à une construction assez similaire... un ressenti assez logique et légitime. Heureusement rien de tout ça ici vu qu’on a droit à seulement cinq morceaux (plus une Outro) pour une durée de quarante-quatre minutes (un schéma presque aussi similaire à l’impeccable « Kasteessa Kirottu »), ce qui va permettre d’offrir un rendu sans temps-mort ni faiblesses notables qui va se placer sans doute parmi ce que la bande a pondu de mieux depuis un bon moment.
En effet celle-ci va se dévoiler dans une forme olympique qui ne laissera personne indifférent, et même si la Finlande a fait un zéro pointé côté médailles à Paris en revanche ce « Nyx (Hymnejä Yölle) » mérite pour l’instant la plus haute marche du podium en ce qui concerne les sorties de son pays publiées cette année. On va en effet être tout de suite happé par le haineux et nihiliste « Hymni I » particulièrement crade et rudimentaire, tant le côté Punk en ressort instantanément conjugué à une froideur permanente où ça joue quasiment toujours à fond la caisse. Si en effet la vitesse et les blasts vont être proéminents ici cela va passer comme une lettre à la poste, vu que l’on ne trouve aucune trace d’ennui ou de redondance malgré une écriture primitive à souhait et où hormis quelques courtes cassures et parties tribales l’allure ne ralentit jamais, donnant ainsi un rendu viril et bas de plafond typiquement local comme également norvégien. Cependant si la brutalité va être prépondérante elle va savoir aussi varier son propos tel que « Hymni II » va nous le présenter, car ici ça mise beaucoup sur mid-tempo neigeux et épique à souhait bien calé entre quelques rasades explosives et autres moments qui lèvent le pied, afin d’offrir quelque chose de rampant où le headbanging est de rigueur. Proposant un large éventail de ses capacités rythmiques la formation offre un véritable récital hivernal où la Lune éclaire le paysage sans réchauffer l’atmosphère (tant ça reste coupant et gelé), mais en y trouvant néanmoins une attractivité renforcée où l’on se complait à demeure dans ce voyage tortueux et torturé à travers la nuit et les immenses forêts du pays. Et si cette composition addictive au possible avait placé la barre très haut, que dire de « Hymni III » absolument géniale et hypnotique... et dont le magnétisme permanent va annihiler toute tentative de résistance, tant le mid-tempo quasi-permanent proposé ici va dévoiler un rendu incroyablement prenant. Si tout cela peut donner la sensation de se répéter en boucle la magnificence proposée ici fait largement oublier ce point de détail, surtout que ça trouve le moyen d’être presque accessible et mélancolique tout en évitant l’écueil du grand public et la baisse de puissance, vu que tout reste d’une violence sans nom où le vent et l’après-bataille retentissent de toutes leurs forces pour se faire entendre et dont le résultat global semble avoir pris quelques éléments proposés par le passé chez MISÞYRMING.
Après ce relatif relâchement rythmique « Hymni IV » va revenir au tabassage incandescent et sans concessions, vu que ça va tout exploser sur son passage en jouant à fond la caisse et en balançant quelques missiles bien placés qui font que malgré un blizzard impressionnant on reste toujours à l’écoute et ravi de prendre une bonne dose virulente ultra-classique, mais qui fait parfaitement son œuvre auprès des adeptes d’une musique radicale et débridée. Et comme pour continuer sur cette lancée l’ultime plage intitulée « Hymni V » va garder les mêmes bases que précédemment tout en variant un peu plus son propos, vu que même si l’explosivité reste maximale ça n’hésite pas à aérer l’ensemble à grands coups de plans en médium qui font mal aux cervicales avant de repartir sur ces mêmes bases élevées... avec toujours cette facilité d’accroche et sans aucune linéarité ou pointe d’ennui, pour un rendu tout aussi excellent que ce qui l’a précédé. En revanche l’interminable Outro « Kuoleva Lupaus » ne va pas amener grand-chose avec son côté acoustique et apaisant mais qui tourne vite en rond, malgré des atmosphères aérées d’où émergent une voix douce... de bonnes idées donc mais qui auraient gagné à être raccourcies, mais dont on ne tiendra finalement pas rigueur.
Car cette conclusion ne va en aucun cas nuire à la qualité impressionnante de ce disque qui se place directement parmi les meilleures réalisations Black Metal de 2024... et ce quelles que soient leur provenance. Malgré l’énorme concurrence nationale HORNA reste encore et toujours le patron dans Helsinki comme ailleurs et prouve que le poids des années n’a aucun impact sur lui, un bel anniversaire pour Shatraug et ses comparses qui fêtent leurs trente ans actuellement... comme quoi ils se bonifient avec le temps tout en gardant leur intégrité et leur authenticité restées intactes, malgré quelques coups de mou et d’enregistrements de moindre intérêt. Et à l’heure où le pays des mille lacs possède un niveau général impressionnant concernant l’extrême sous toutes ses formes il est de bon ton de voir que les anciens sont toujours là, tenant la dragée haute à la nouvelle génération et en n’ayant nullement l’intention de raccrocher ou de céder la place. Cela aurait été dommage effectivement vu ce qui a été présenté ici qui plaira aussi bien aux fans hardcore qu’aux plus jeunes qui pourront aisément se pencher sur cette publication qui prouve que c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes, et qu’il n’y a pas besoin d’en faire des caisses techniquement pour donner une leçon musicale aux prétendants de tous poils et amateurs éclairés de bon goût. Le patron est toujours là et il n’a pas dit son dernier mot ni l’intention de céder son trône, et si c’est pour pondre encore de la musique de cet acabit il peut rester longtemps en place sans risque d’être délogé par l’âge ou la force.
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