Alors, ceux-là, on les avait un peu oubliés! Pourtant, le premier album des Néerlandais,
Structures In Chaos, nous avait bien savaté la gueule. Mais il remonte déjà à 2012 et vu toutes les sorties intéressantes qu'il a pu y avoir en six ans, pas si étonnant que Temple se soit vu un peu relégué aux oubliettes malgré une entrée fracassante. Dès l'annonce d'un nouveau disque en approche toutefois, le souvenir de la première bombe est vite revenue en tête. Six ans c'est long et niveau line-up, on note quelques remaniements. La formation est ainsi passée d'un trio à un quatuor, perdant au passage le bassiste Michiel Dekker (The Monolith Deathcult, ex-Beyond Belief...) mais récupérant en remplacement Bas van den Bogaard aka Sanne Van Dijk (ex-Sinister, Pleurisy) auquel on ajoute le chanteur Kevin Quilligan (Apophis, ex-Toxocara). Temple a même depuis étoffé ses rangs d'un cinquième membre avec une deuxième guitariste, Jessica Otten (Dictated). Malgré ces quelques changements, le lien avec
Structures In Chaos reste évident. La pochette déjà, qui rappelle de par ses couleurs chaudes encore davantage le
Sacrilege Of Humanity des Polonais de Calm Hatchery et qui ressemble fortement à l'œuvre précédente, ainsi que le titre
Design In Creation, connecté lui aussi au premier full-length.
Mais c'est bien sûr par la musique que l'on reconnait sans peine les Bataves. Le guitariste A.J. van Drenth reste seul maître à bord question composition et thématiques et le bonhomme n'a pas changé son fusil d'épaule. C'est même plutôt une sulfateuse qu'il porte tant
Design In Creation pilonne à tout va.
Structures In Chaos ne faisait déjà pas dans la dentelle, ce nouvel album va encore plus loin dans le radical. Blasts, blasts, re-blasts et re-re-blasts, Eric de Windt n'arrête quasiment jamais de mitrailler, lui qui arrive à les tenir longtemps sans avoir à les entrecouper de descentes de toms toutes les cinq secondes (plutôt toutes les deux minutes ici!). Et avec une production claire et ultra puissante ainsi que des vocaux tout aussi costauds du nouveau venu alternant entre growls menaçants et shrieks inquiétants à la manière d'un Hate Eternal, je ne vous raconte pas l'impact de l'ensemble! Quelle intensité! Quelle brutalité! Qu'est-ce que c'est bon! Jouissif à mort! J'ai terminé ma première écoute roulé par terre, pris de convulsions incontrôlables, la bave aux lèvres avec ce rictus de satisfaction caractéristique qui accompagne les grands albums. On est dans le brutal death de haute volée à la Nile, Myrkskog, Hate Eternal, Morbid Angel messieurs dames, celui qui vous prend direct à la gorge et vous secoue dans tous les sens, celui où on aime avoir mal et on en redemande.
Évidemment, si j'en ai encore les fesses rouges et les oreilles qui sifflent, ce n'est pas uniquement parce que c'est la foire aux blast-beats. J'avoue avoir des plaisirs simples mais il m'en faut quand même plus pour être scotché de la sorte. Temple montre ainsi bien d'autres qualités que celle de botter des culs par palettes. Si vous me connaissez, vous voyez où je veux en venir. Les sacro-saints riffs, bien sûr! La base, mais tout le monde ne l'a pas encore compris, en particulier dans le brutal death et encore plus quand il est moderne. Temple lui vient de la vieille école et nous livre un riffing incroyable, précis et affûté, très souvent en tremolo sur les parties blastées (soit 90% du temps), démontrant un feeling mélodique rare qui fait la différence non seulement par rapport à son premier album mais aussi face à la concurrence réduite en bouillie. Les mélodies plus ou moins sombres selon l'ambiance que souhaite donner la formation et aisément identifiables rentrent bien en tête et rendent l'album encore plus efficace.
Design In Creation offre ainsi une succession de séquences jubilatoires, une orgie de plaisir auditif. C'est bien simple, ça n'en finit jamais! "3rd Degree Possession" à 1'21, "Saints & Relics" à 1'10 et 3'47, "Twisted Corridors" dès son démarrage en trombe après le court passage de la batterie en solo, à 0'41 quand le ciel s'assombrit une première fois, à 2'47 et 4'05 (oui il est génial ce morceau!), le début tonitruant pour ne pas changer de "Trees That Talk" lui aussi un des meilleurs titres, à 0'50 (bien dark!), 1'30 et 2'55, l'intro de "All Things Created" qui prouve décidément que les Néerlandais sont passés maîtres dans l'art d'accrocher dès l'ouverture, "Tower Of Defiance" à 1'37 (quel feeling foutre Satan!), "Shalom Elysium" à 2'02 (la nuit même en plein jour!) ou "Animal Suicide" à 0'34 avec même un peu de basse dans le fond et surtout à 5'01 pour la perfection absolue : c'est la régalade tout au long des trois-quarts d'heure de cette œuvre magistrale. Les solos chaotico-mélodiques savoureux sont aussi de la partie et, comme sur le premier album, des artistes prestigieux ont été invités pour poser leur patte sur quelques leads. À savoir Sonny Lombardozzi (Incantation) sur "3rd Degree Possession", Shaune Kelley (Dim Mak, Flesh Consumed, ex-Ripping Corpse et Hate Eternal) sur "Saints & Relics" et Frank Schiphorst (Mayan, ex-Prostitute Disfigurement) sur "Trees That Talk" et "Animal Suicide". Le reste se voyant assuré de fort belle manière par ce cher A.J. van Drenth.
J'ai pas fini! Si vous suivez, vous noterez que je n'ai pas cité deux pistes, "The Creation Account" et "Jezebel". Pas parce qu'elles puent ou ne durent pas assez longtemps. Parce que ce sont des interludes. Eh oui! Mine de rien, si on a l'impression, surtout lors des premières écoutes, que Temple passe son temps à blaster, on se rend compte que l'opus s'avère plus varié qu'il n'y paraît de prime abord. "The Creation Account" propose carrément une accalmie très zen avec du chant féminin (japonais?), avant de redevenir menaçant dès la vingtième seconde mais tout en restant atmosphérique. "Jezebel" offre lui une session acoustique des plus réussies. Un peu de douceur dans ce monde de brutes, ça ne fait pas de mal, surtout quand c'est fait avec brio et que cela apporte vraiment quelque chose à l'œuvre. D'autant qu'il n'y a pas que sur ces deux titres que le groupe baisse un peu le pied. Chaque morceau laisse quelques moments de répit, si ténus soient-ils, entre deux salves de blasts. Et toujours avec autant de talent.
N'y aurait-il donc rien à jeter sur ce
Design In Creation dantesque? Bah non. Quelques broutilles comme le riff d'intro à la Morbid Angel de "Animal Suicide" un peu pataud malgré une bonne lead lancinante par-dessus, vite rattrapé de toute façon par une rafale de blasts jubilatoire, ou les solos de Lombardozzi sur "3rd Degree Possession" un peu moins inspirés que les autres. Le chant de Kevin Quilligan, quoique excellent, puissant et compréhensible, se fait peut-être aussi légèrement moins personnel, plus classique que celui de A.J. van Drenth sur le premier disque. Sinon, RAS. J'ai écouté l'album tous les jours pendant deux semaines avec un plaisir qui n'a fait que croître. Je l'ai laissé reposer quelques semaines, cela n'a rien changé.
Design In Creation est juste une putain de tuerie. Une perle rare de brutal death racé, une œuvre exceptionnelle d'une puissance phénoménale que je compte déjà parmi mes albums cultes. Plus intense, plus varié, plus accrocheur, auréolé de riffs et de mélodies encore meilleurs,
Design In Creation enterre le pourtant déjà très bon
Structures In Chaos. Il enterre toute concurrence d'ailleurs. Étonnant du coup de voir l'opus sortir via le label néerlandais Off The Record, quasi inconnu, alors que les maisons de disques plus importantes auraient dû se jeter dessus. Tant pis pour elles, elles ont raté l'album brutal death de l'année!
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