Sur Thrasho, on a pris le parti de chroniquer surtout des bons albums. D'où beaucoup de notes élevées. Ça ne reflète pas forcément l'état de la scène car il y a toujours plein de merdes qui sortent mais il faut bien nous comprendre. On a tous notre vie privée, qui nous accapare de plus en plus chaque jour à mesure que l'on avance dans l'âge adulte. On a donc de moins en moins de temps. Autant l'utiliser pour mettre en avant des groupes et des disques intéressants plutôt que de le perdre à descendre un jeune combo encore en rodage ou des formations plus expérimentées mais noyées dans la masse par manque de talent ou de personnalité. En ce qui me concerne, si j'en viens à chroniquer quelque chose qui ne me plaît pas, c'est que cela concerne un groupe que j'apprécie qui se plante. Kataklysm, oui, et ce n'est malheureusement pas la première fois...
J'ai pourtant longtemps défendu les Québécois. Leur évolution plus moderne et simpliste depuis une dizaine d'années leur a fait perdre bon nombre de fans de la première heure. Même si la qualité baissait effectivement, j'ai toujours trouvé que leur feeling mélodique compensait la banalisation certaine de leur riffing. J'avais bien conscience que
Serenity In Fire, album avec lequel j'avais découvert la formation en prenant une claque énorme,
Shadows & Dust et
Epic étaient d'un tout autre niveau (la première partie de leur carrière plus originale, brutale et chaotique ne m'avait pas contre jamais convaincu, notamment en raison du chant spécial de Sylvain Houde). Je trouvais néanmoins en
Prevail et
Heaven's Venom de quoi éviter la déception. Je leur ai toujours trouvé des excuses.
Waiting For The End To Come montrait même des signes d'amélioration, laissant présager un vrai retour en force.
Of Ghosts And Gods avait tout fait voler en éclats. Musique qui s'enfonçait un peu plus dans la banalité, rythmiques mollassonnes et feeling mélodique aux abonnés absents, il n'y avait plus grand chose pour sauver les Canadiens. Plus d'excuses, je rejoignais le rang des détracteurs pour qui Kataklysm n'était qu'un ancien bon groupe. Autant dire que j'avais très peu d'espoir que la formation retrouve grâce à mes oreilles sur ce nouvel album,
Meditations, sorti le mois dernier chez Nuclear Blast, le label champion des disques lambda.
Mais de là à imaginer un tel désastre...
Meditations reprend tous les défauts de
Of Ghosts And Gods en les multipliant par dix! Le disque s'avère encore plus mou, les riffs encore plus limités et les mélodies encore plus niaises que sur le précédent opus. Il fallait le faire, Kataklysm l'a fait. Encore pire que son pire album, bravo les gars! Le groupe s'éloigne toujours plus du death metal, évoluant dans une sorte de groove/melodeath moderne aux relents metalcore absolument exécrables, avec une production plastique générique et sans âme. Un son qui colle bien à la musique vous me direz! Le pauvre Jean-François Dagenais a semble t-il perdu toute inspiration, enchaînant les riffs faciles en power chords d'une platitude incroyable, qui plus est régulièrement saccadé ou typé mosh-part comme un vulgaire groupe de metalcore, djent ou autres immondices modernes. Il faudrait aussi lancer une alerte enlèvement pour sa science de la mélodie. Il y a bien un peu de mélodie ici mais c'est d'une vulgarité, d'une simplicité et d'une banalité sans nom. "The Last Breath I'll Take Is Yours" à 1'26, "In Limbic Resonance" à 4'05, l'intro de "What Doesn't Break Doesn't Heal", qu'est-ce que c'est niais nom d'un foutre!? Et quand on croit que le groupe a touché le fond, il se met à creuser sur le nullissime dernier morceau "Achille's Heel" qu'on croirait composer pour les néo-fans d'In Flames! Les rythmiques mid-tempo chiantes majoritaires n'arrangent rien. De toute façon, même quand le rythme accélère sur du thashy ou quelques rares blastouilles, aucune énergie ne se dégage. Le groupe lui-même n'y croit plus!
Franchement, j'en arrive désormais à tout détester chez Kataklysm. Le chant du pourtant très sympathique Maurizio Iacono qui, sans le trouver incroyable, ne m'a jamais dérangé, finit lui aussi par me taper sur le système. Son growl se fait de moins en puissant au fil des années, de plus en plus criard, et ses shrieks de gargouilles, déjà pas son point fort, m'insupportent ici au plus haut point. La pochette, même si loin d'être désastreuse, ne me convainc pas non plus. Rien à sauver alors? Le divorce total? Eh bien figurez-vous que dans ce marasme d'une platitude extrême, un morceau surnage complètement : "In Limbic Resonance". Son trémolo mélodique excellent sur des bons gros blast-beats au démarrage se démarque très nettement de l'ensemble. Dommage ce ne sont que les derniers soubresauts d'une entité à l'agonie car le reste du titre n'est pas du même niveau, faisant retomber le groupe dans la médiocrité qui caractérise
Meditations. Mais rien que pour cette séquence, j'ai envie de l'aimer tout entier ce "In Limbic Resonance", de le serrer fort dans mes bras et de lever les bras au ciel de bonheur. Un peu comme, marchant dans le désert depuis des heures vers une mort certaine, on trouve enfin un oasis! On croisera aussi d'autres rares points d'eau, cependant très peu étendus (on se rattrape à n'importe quoi dans ce genre de situation!), en particulier des mélodies un peu plus inspirées comme sur "Guillotine" à 0'49 et 1'21, les trente premières secondes de "The Last Breath I'll Take Is Yours", le pattern de batterie groovie accompagné d'une bonne basse sur "Narcissist" à 0'27 puis les harmonies à 1'25 malgré la rythmique de tétraplégique, le solo pas dégueu de "Born To Kill And Destined To Die", la mélodie triste de "And Then I Saw Blood" à 3'00 malheureusement trop sucrée, la lead à 2'25 sur "What Doesn't Break Doesn't Heal", ou l'ambiance désenchantée pas trop mal au début de "Bend The Arc And Cut The Cord", pas le pire morceau, suivie d'un riff mélodeath rapide pas trop horrible puis de brefs blasts après la deuxième minute. "Pas trop mal", "pas trop horrible", "pas le pire", "un peu plus": il y a donc bien quelques éclaircies mais ce n'est pas non plus le grand soleil et elle ne durent jamais bien longtemps, le ciel se couvrant à nouveau bien vite de gros nuages de riffs insignifiants.
Sur pas loin de quarante minutes, tout ceci ne fait en effet que bien peu. Difficile de dire quel est le plus mauvais morceau tant les neufs (on mettra "In Limbic Resonance" hors compétition) rivalisent de médiocrité, Kataklysm s'enfonçant un peu plus à chaque minute écoulée. "Outsider"? Non, "The Last Breath I'll Take Is Yours" fait pire juste après! Ah attendez la piste suivante "Narcissist" a toutes ses chances aussi! Finalement, on se demande si ce n'est pas "Achille's Heel" qui remporte la palme, histoire de terminer l'album en "double facepalm"! Ridicule, pathétique, affligeant, triste, les adjectifs peu reluisants ne manquent pas pour qualifier
Meditations. De loin le plus mauvais album de Kataklysm et une des pires choses que j'ai pu écouter (dans les styles que j'apprécie du moins). Certains moments s'avèrent tellement catastrophiques qu'on s'en trouve réellement gêné pour eux. Est-ce bien le même groupe qui a sorti des tueries comme
Serenity In Fire et
Shadows & Dust? Où est passé le style agressif et rapide "northern hyperblast", le feeling mélodique inspiré, le riffing death metal? Je m'acharne peut-être mais c'est parce que je suis en colère après un groupe que j'adorais. Et on est toujours plus sensible quand il s'agit des gens que l'on aime. Ce
Meditations, c'est juste le néant musical, une honte pour un groupe du calibre de Kataklysm. Un album qui sonne comme un arrêt de mort, un suicide. RIP alors? Sans doute, on écoutera tout de même la suite sans quasiment plus aucun espoir. En attendant, foutez-moi ça à la poubelle, au four, à la mer, aux chiottes, où vous voulez mais je ne veux plus en entendre parler!
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