Kataklysm - Serenity In Fire

Parfois, ça tient à peu de choses. Il s'en est fallu de peu pour que je passe à côté de ce groupe. Mais un lien sur un obscure site a tout changé. Un lien pour mater la vidéo de Kataklysm, "As I Slither". Je me dis jamais entendu parlé de ce groupe, bon pas grave je vais voir ce que ça donne on sait jamais. Et là... c'est la claque, une énorme claque dont il me restera toujours des séquelles. Une production monumentale, une voix bien grasse, des riffs appellant au headbanging frénétique, une double omniprésente, un refrain accrocheur à beugler sous la douche... Il ne m'en faut pas plus pour que j'aille me procurer cet album qui, si les autres titres sont du même niveau, ne va assurément pas lâcher mon discman de si tôt! Et bien en fait le reste à dépassé toutes mes espérances, à côté As I Slither fait même office de vulgaire single introductif.

Et oui Mesdames et Messieurs, ici c'est du grand, du lourd, du monstrueux. "Serenity In Fire", produit magistralement par le guitariste Jean-François Dagenais (Misery Index, Malevolent Creation) est déjà le 7è album studio du quartette canadien, formé en 1991. Nos cousins québequois pratiquent un death certes musicalement assez simple (on est loin de leurs potes de chez Cryptopsy) mais ultra-efficace. Là où Kataklysm se dégage de la masse grouillante des autres combos de death c'est qu'il ne se limite pas à blaster pendant 45 minutes pour un rendu linéaire et inaudible, ce qui est le cas chez beaucoup de groupes qui veulent toujours faire plus brutal. On a plus souvent à faire à du mid-tempo. Les Canadiens ont un sens très développé du riff-qui-tue ("10 Seconds From The End", "AS I Slither", "Serenity In Fire"...) et incorporent des mélodies entêtantes qui subliment l'ensemble ("Under The Bleeding Sun", "The Tragedy I Preach", la fin de l'excellentissime "For All Our Sins").

Ce n'est pas pas tout. Le chanteur (Maurizio Iacono) exprime sa rage dans un registre bien évidemment grave et aggressif (on reste dans le death je vous rassure!) mais ne part pas dans des excès de gutturalité auquel s'adonnent certains confrères. C'est un fait assez rare pour être souligné, les paroles sont facilement compréhensibles (en gros tout le monde ira en enfer) et chaque morceau renferme son petit refrain accrocheur. Iacono élargit aussi son spectre vocal avec des cris typés black qui passent parfaitement, même pour ceux qui, d'habitude, comme moi, ne supportent pas ce type de vocalises. A noter un invité de marque qui vient prêter main forte au chanteur sur "For All Our Sins", le sieur Peter Tägtgren (Hypocrisy, Bloodbath, Pain). Le duo fonctionne à merveille et nous livre le meilleur titre de l'album, qui se termine en beauté par une magnifique mélodie.

Le plus impressionnant reste le batteur, Martin Maurais, qui a malheureusement quitté le groupe depuis et laissé la place à l'ancien cogneur (Max Duhamel). Sa performance m'a carrément bluffé par sa technicité et surtout sa rapidité. Aussi bon avec les pieds qu'avec les bras, c'est assurément un roi de la double et du blast hypersonique. Ecoutez l'intro du brutal "Blood On The Swans", vous m'en direz des nouvelles", saperlipopette!

Tout simplement le meilleur album de 2004 pour moi, on ne se lasse pas de l'écouter encore et encore, sans éprouver le moindre sentiment de lassitude tant l'ensemble est varié et accrocheur. Le groupe ne tombe pas dans le piège du bourrinisme, les parties mélodiques montrent qu'il a très bien compris que trop de brutalité tue la brutalité. Le seul petit reproche serait un manque d'innovation par rapport au précédent opus, "Serenity In Fire" étant assez proche de "Shadows & Dust". Et dire que j'ai failli ne jamais entendre une seule note de ce chef-d'oeuvre. Dieu bénisse le Net et les liens!

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