Succédant à un « Heaven’s Venom » mou du genou et peu inspiré, « Waiting for The End to Come » poursuit ma théorie très personnelle de la « dent de scie », selon laquelle certains groupes, arrivés à maturité (et avec un paquet d’album au compteur, Kataklysm a même pris quelques rides au fil du temps), ont tendance à enchaîner un album moyen avec un sursaut de créativité ravivant l’espace de quelques temps l’intérêt des fans « à mi temps » de leur son, dont je fais partie. En effet, sans être über fan de l’ultra Death Metal des Canadiens, force est d’avouer que j’avais particulièrement pris mon pied sur
« In the Arms of Devastation », qui tourne encore régulièrement dans ma platine ; et une curiosité toute relative des premiers extraits de cet album m’avait suffisamment emballé pour négocier avec Maitre Keyser le droit de lui extorquer, pour cet album au moins, la couverture de l’actualité discographique du groupe.
Cette intro un peu bavarde va aura fait comprendre que « Waiting… » a du bon en lui. Car, dans le genre DM catchy qui ne s’embarrasse pas avec l’ultra technicité, et joue suffisamment bien l’alternance entre mélodies et séances d’Hyper Blasting pour en concilier la présence et se forger un style plus ou moins personnel, Kata’ (pour les intimes) a de sacrées arguments à faire valoir cette année. Ne vous fiez pas au « single » « Elevate », qui est très certainement le premier titre sur lequel vous poserez une oreille une fois votre intérêt pour l’album éveillé : en effet, malgré sa lancinante mélodie et un clip…cataclysmique… de bon augure, ce n’est pas le titre à retenir en priorité ici. Par contre, il conclut de fort belle manière une succession de bons titres, mais nous ne verrons cela qu’en conclusion.
Reprenons les choses dans l’ordre et attaquons par « Fire » : un début outrageusement mélodique, résurgence d’un inédit de Dissection exhumé récemment ? Pas du tout, juste une trompeuse introduction, pour marquer de façon nette la rupture avec le précédent album au bout d’une quinzaine de secondes : BAM du blast, Maurizio qui n’a pas changé d’un iota son chant hyperpuissant, et une prod en béton armé qui rappelle qu’on est pas chez les ploucs ici. Le titre suit son cours, et amène une curieuse variété de riffs pour du Kataklysm : d’ordinaire, force est d’avouer que le groupe ne court pas avec les structures à tiroirs et la multiplication des riffs, préférant jouer l’efficacité et une rassurante simplicité, en ces temps de surenchère musiclae. Et pourtant, et c’est une tendance qui se confirme avec les titres suivants, Kata’ introduit cette fois un chouilla plus de riffs par morceaux que d’ordinaire, rendant l’ensemble un brin plus riche en durée de vie. Le refrain pachydermique de « Fire » n’a pas fini qu’on se prend une grosse mandale avec « If I Was God… », et PUTAIN C’EST QUOI CE RIFF DE MALADE à 2mn12 ? On dirait du Napalm ! Basique au possible, mais cumulé avec celui d’1mn39, qui m’a claqué pour de bons 37 cervicales (je suis bâti différemment de vous, cherchez pas), et la multiplicité de riffs semi mélodiques, voilà que la galette à peine démarrée devient particulièrement succulente. « Like Animals » calme un peu le jeu avec un retour aux mid tempos « hardcore » qu’affectionne encore le groupe, et permet surtout d’introduire ensuite l’excellent « Kill the Elite », et sa montée en puissance d’introduction juste ultime. A eux quatre, ces titres projettent cet album en orbite et promettent de belles heures de bonheur en perspective.
Malheureusement, la suite est un brin moins convaincante : les mélodies limite « emo » de Under Lawless Skies » et « Dead and Buried » font diminuer la pression, et si le refrain melodeath de « The Darkest Days of Slumber » a quelque chose en lui de Tenessee, ce n’est qu’avec « Real Blood, Real Scars » que la top qualité reprend le dessus. « The Promise » est le « Like Animals » de la seconde partie d’album, et « Empire of Dirt » affole de nouveau les compteurs de BPM et de qualité musicale avec une très jolie mélodie de refrain. Et je crois vous avoir déjà parlé d’ « Elevate » un peu plus haut… ?!
Au moment de faire les comptes, le bilan reste pour autant extrêmement positif : Kata’ a repris des corones, et le poussif « Heaven’s Venom » n’est plus qu’un lointain souvenir. Bien qu’hétérogène dans sa tracklist, comme bien des albums de toute façon, Kata’ offre malgré tout un défouloir de bonne facture encore cette année, et l’expérience du groupe en matière de composition de « hits » DM est un énorme argument en faveur de sa découverte ou de son écoute. RDV pour le 12e album d’ici 1 an ou 2, et j’espère ma théorie des « dents de scie » complètement fausse, c’est quand même bien bon de les (re)voir à ce niveau.
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