On avait laissé Sinister il y a trois ans sur un
The Post-Apocalyptic Servant un peu décevant, nous amenant à nous demander si le groupe ne commencerait pas à tourner un peu en rond. Blasts systématiques, riffs interchangeables, schémas de composition répétés jusqu'à plus soif... si l'opus restait appréciable dans le genre death metal old-school modernisé, on notait clairement un manque de renouvellement de la part d'une formation en pilotage automatique. Il ne fallait pas que les Néerlandais nous refassent le coup sur ce
Syncretism sorti il y a deux mois chez Massacre Records, sous peine de voir vraiment érodé mon amour pour un de mes groupes favoris du genre.
Première bonne chose, finies les pochettes dégueulasses de Mike Hrubovcak qui ne s'est chargé ici que du livret. Tout en restant dans le même esprit démoniaque, c'est le talentueux artiste russe Alexander Tartsus qui s'est occupé de la cover, avec bien plus de réussite. Plus détaillée, moins plastifiée, elle donne déjà plus envie que les dernières réalisations redondantes de l'Américain. Et ça tombe bien car c'est aussi ce qui se passe pour la musique. Sinister, accompagné d'un nouveau guitariste/bassiste en la personne du brésilien Ricardo Falcon (Itself), s'est en effet sorti les doigts du cul pour nous pondre un nouvel album plus varié et ambitieux. Non, ce n'est pas forcément des gros mots dans le death metal, tant que c'est bien fait, ce qui est le cas ici. Et puis n'ayez pas peur amis brutasses, Sinister n'a pas perdu ses attributs, contrairement à d'autres formations qui se ramollissent au fil des ans. Lui n'a pas baissé sa garde, bien au contraire, envoyant toujours régulièrement blast-beats destructeurs, mitraille guerrière et tchouka-tchouka thrashy belliqueux dont l'impact se trouve grandi par une production moderne puissante. Il le fait simplement de manière plus intelligente, plus équilibrée, sans forcer pour juste sonner brutal et dans l'air du temps. À l'instar de
The Silent Howling, la formation batave a ainsi choisi de contre-balancer la brutalité du propos en y insufflant un côté atmosphérique et épique davantage porté sur les ambiances quand les deux derniers albums se limitaient à bourriner sans relever la tête et pas avec la meilleure inspiration pour le dernier. En résultent sur ce
Syncretism des morceaux plus longs, diversifiés et intéressants, proposant plus de changements de rythme entre attaques frontales et séquences plus "posées", du groove, des mélodies, quelques solos/leads et tout un tas de bonnes choses. Le tout en sonnant toujours comme du Sinister. Ce riffing à la fois agressif et groovy typique des années 1990, on sait qui joue. On sait aussi qui chante. Aad Kloosterwaard, même s'il n'a jamais été et ne sera jamais le meilleur chanteur death metal de par son growl trop aride et poussif, a tout de même fait des progrès et reste facilement reconnaissable. Afin de coller à l'aspect plus ambiancé, plus dramatique du disque, son growl se retrouve aussi souvent superposé à des intonations plus râpeuses. Cela rajoute également de la puissance et de l'intensité.
Ce que je ne vous ai pas encore dit, c'est qu'il y a quand même une petite révolution sur ce disque. Oui,
Syncretism, c'est du Sinister, pas de doute. Le groupe a néanmoins quelque peu innové. Et j'ai bien envie de dire qu'il a tourné symphonique, histoire de provoquer. Pas de manière aussi dégoulinante que Fleshgod Apocalypse (heureusement!) mais ce sont bien des orchestrations que l'on entend régulièrement tout au long de ce douzième full-length. Oui, vous avez bien lu, des orchestrations, et pas que sur l'intro du titre d'ouverture "Neurophobic"! On en retrouve en effet plus ("Blood Soaked Domain", deuxième partie de "Dominance By Aquisition", "Syncretism", "Confession Before Slaughter") ou moins ("Convulsion Of Christ", "Black Slithering Mass, "Rite Of The Blood Eagle", "The Canonical Rights") sur l'ensemble de l'œuvre. Démontrant ainsi une volonté claire, toujours dans l'optique de développer ce choix artistique de mettre l'accent sur les ambiances et l'intensité dramatique. Ça se défend. Et ça surprend, même si cette touche symphonique ne prend jamais le pas sur les guitares et ne vont pas jusqu'à déviriliser le death metal des Néerlandais qui reste sombre et menaçant comme il se doit. C'est Carsten Altena des exécrables The Monolith Deathcult qui a été embauché derrière les claviers. N'étant pas fan de tout ce qui touche aux claviers, orchestrations et autres samples car préférant la beauté épurée d'un death metal efficace sans fioriture, j'avoue ne pas être tombé sous le charme de cette petite nouveauté des vétérans. Les mêmes morceaux sans les scores de films et avec plus de mélodies mémorables, m'auraient tout à fait suffi.
Ces orchestrations ne m'ont pas non plus gâché la fête. Sans être le meilleur album de Sinister depuis sa reformation (je laisse ce titre à
Afterburner ou
The Silent Howling),
Syncretism m'a fait grand plaisir. Les Néerlandais se sont bien repris après un
The Post-Apocalyptic Servant certes plus brutal que jamais mais trop mono-neuronal. Le groupe a cette fois pris plus de temps pour composer et a su se renouveler tout en gardant sa personnalité. D'un côté du pur Sinister qui nous offre comme d'habitude de bons riffs méchants, du groove et du blast pour une efficacité indéniable. De l'autre un combo plus aventureux qui laisse davantage de place à l'ambiance en variant son propos avec intelligence et en incorporant des orchestrations pour un virage symphonique certes discret mais inattendu et dont je me serais volontiers passé, quand bien même cela n'a pas trop d'impact sur le ressenti général d'un album réussi. À part ça et un "Neurophobic" d'entrée de jeu pas des plus convaincants qui aurait pu faire craindre le pire (écoutez plutôt l'éponyme et son début bien gras à la Suffocation pour le meilleur morceau de l'opus),
Syncretism m'a redonné foi en Sinister alors que je m'attendais à ce que le groupe décline davantage. Une belle surprise que voilà du coup et encore un album death metal digne d'intérêt à ajouter à la liste 2017 qui s'allonge de jour en jour.
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