Malgré les problèmes de line-up et un âge avancé, Sinister reste plus vivant que jamais. Non seulement parce que le groupe, depuis sa reformation en 2006 et un excellent
Afterburner, sort des albums tous les 2 ans mais aussi parce que plus les années passent et plus son death metal se radicalise, flirtant désormais avec le brutal death. Le dernier disque en date,
The Carnage Ending, marquait ainsi la quasi fusion entre les vétérans bataves et l'autre projet plus extrême de la plupart des membres, Supreme Pain. Pas vraiment un problème vu le résultat dévastateur. Il n'y avait pas de raison que cela change avec ce
The Post-Apocalyptic Servant puisque celui-ci reconduit le même line-up, propose le même type de pochette photoshoppé horrible signée par le récidiviste Mike Hrubovcak et que Supreme Pain n'est en plus plus actif pour le moment.
Et en effet, ce nouvel album se positionne dans la droite lignée de
The Carnage Ending. À tel point qu'on pourrait parler de
The Carnage Ending pt. 2. Un mélange de riffing death metal old-school typé 90s et de brutalité plus moderne à base de blast-beats.
The Post-Apocalyptic Servant va toutefois encore plus loin en délogeant son grand frère de la place d'album le plus brutal de la discographie de Sinister. En gros,
The Post-Apocalyptic Servant c'est
The Carnage Ending en encore plus bourrin. Plus de blasts et un Aad Kloosterwaard au growl davantage guttural à rapprocher de Frank Mullen. Et puisqu'on en est à parler de Suffocation, la ressemblance n'est pas que vocale puisque certains passages évoquent clairement les Américains, en particulier ce ralentissement bien gras sur "The Masquerade Of an Angel" qui voit les Néerlandais s'essayer à leur "Breeding The Spawn". En tant que grand fan des New-Yorkais, j'apprécie la performance. Et de toute façon, la musique de Sinister a toujours penché de l'autre côté de l'Atlantique.
J'ai dit "ralentissement"? Hé bien oui! Même si le combo blaste à tout va, il reste encore un peu de place pour le mid-tempo groovy et casse-nuque qui rappellera un peu ce que le groupe faisait sur
Hate (quand la majorité lorgnera plutôt du côté de
Cross The Styx et
Diabolical Summoning pour l'absence de dentelle). Écoutez donc le titre final "Burden Of Mayhem". Attention au coup du lapin à 1'16! Au début de "The Macabre God", c'est le Cannibal Corpse de
The Bleeding qui vient à l'esprit. Tout aussi bonard!
Bon, vous voyez le tableau. Rien de bien neuf pour ceux qui suivent Sinister depuis leur come-back. Ce qu'on veut savoir maintenant, c'est si
The Post-Apocalyptic Servant est un bon album et s'il soutient la comparaison avec les autres opus post-reformation des Néerlandais, tous fort recommandables (hormis
Legacy Of Ashes un peu en dessous). La réponse à la première question est oui. Ce nouveau full-length, le onzième, est bon. Ça charcle à mort, ça riffe méchant et sombre et ça groove ce qu'il faut. La production puissante assure l'essentiel (batterie un peu trop synthétique toutefois) et la brutalité dégagée a quelque chose de jouissif. Bref, on prend plaisir à écouter Sinister continuer de s'éclater même après 26 ans au service du death metal. La deuxième interrogation appelle malheureusement une réponse négative. Malgré des qualités indéniables,
The Post-Apocalyptic Servant reste l'opus le moins intéressant du combo depuis son retour d'entre les morts. Pourquoi? Parce que je trouve que le groupe ne s'est pas trop cassé le cul sur cette nouvelle offrande et qu'il est rentré dans une routine dangereuse. À l'image de l'artwork quasiment identique à celui de
The Carnage Ending, des titres de morceaux commençant tous par "the" ou encore ces mêmes samples que nous ressort le groupe depuis
Afterburner, détails qui peuvent paraître insignifiants mais qui sont autant d'indices quant au petit manque d'inspiration de la formation. Les Bataves répètent ainsi la même recette sur la quasi totalité des 10 compositions, rendant les trois quarts d'heure longuets. Il y a bien quelques scènes un poil différentes comme ce "The End Of All That Conquers" dénué de blast-beats (morceau par ailleurs à la première moitié ennuyante qui se rattrape sur une deuxième plus inspirée) ou cette séquence proposant un sample atmosphérique sur "The Sculpture Of Insanity" vers 1'20 (pas un des meilleurs morceaux lui non plus d'ailleurs) mais dans l'ensemble, c'est ce sentiment de linéarité et de répétition qui domine avec un Sinister en mode pilotage automatique. La formation rabâche le combo blast-beat + riff dark véloce jusqu'à l'indigestion. Satan sait pourtant que j'adore ça mais sur presque toutes les pistes pendant 45 minutes, même moi j'ai du mal et je finis par me demander quand ça se termine. D'autant que c'est quasiment le même riff qui est ressorti à chaque fois. Pris individuellement, la plupart des titres s'avèrent très bons voire excellents. Ensemble, ils pâtissent de cette redondance dommageable. La durée de l'opus se voit en plus rallongée par les bonus tracks de l'édition limitée digipack. Des reprises, comme les Néerlandais en avaient proposées sur
The Carnage Ending. Les nouvelles se révèlent cependant moins convaincantes. Production pas du tout adaptée pour un "Fall From Grace" de Morbid Angel sans impact et un "Deadly Inner Sense" de Paradise Lost trop mollasson pour du Sinister. Seul l'excellente "Unstoppable Force" d'Agent Steel fait mouche malgré l'absence des vocaux inimitables de Cyriis.
Si les riffs restent très corrects en dépit de leur similitude, on ne peut pas en dire autant des solos. Du slayerien chaotique à base de torture de vibrato. Du n'importe quoi en somme qui ne servent pas à grand chose. Quelques-uns plus construits et mélodiques sortent tout de même du lot, tels celui de "The Art Of Skin Decoration" à 1'39 ou ceux de "The Saviour" à 1'42 et 4'05. On trouvera aussi quelques autres leads sympathiques et touches plus "fines" (vers la fin du redoutable titre d'ouverture "The Science Of Prophecy", sur le mid-tempo bien méchant de "The Macabre God" après les 2 minutes, le break posé de "The Post-Apocalyptic Servant" même si très bref, etc.).
Voilà donc pourquoi je suis partagé par
The Post-Apocalyptic Servant. D'un côté, Sinister continue de sortir des albums de qualité et de composer des morceaux qui arrachent la gueule comme jamais. Une mentalité toujours plus brutale qui force le respect quand c'est souvent l'inverse qui se produit chez les autres. Une mentalité qui lui joue aussi des tours. Car de l'autre côté, le groupe perd de son identité même si on reconnait la patte Sinister, notamment sur les mid-tempos. Il apparaît clair que Sinister et Supreme Pain ne font plus qu'un désormais. Autre problème plus important, la routine dans laquelle est en train de s'installer la formation qui se répète beaucoup trop sur cet album. Une demi-heure aurait suffit pour une œuvre savoureuse mais unidimensionnelle.
The Post-Apocalyptic Servant sert donc surtout à montrer que Sinister est encore là et qu'il a toujours envie d'en découdre. Rien que ça suffit à me contenter. Mais sinon, il n'apporte rien, surtout par rapport à
The Carnage Ending dont il n'est qu'une sequel moins flamboyante. D'où un 7/10 qui peut paraître sévère pour un disque tout à fait satisfaisant pris tel quel mais qui marque ma légère déception envers ce nouveau Sinister, encore aujourd'hui mon groupe européen de death metal préféré.
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