C'était en 2007 aux Mains d'Oeuvres de Saint-Ouen. Le dernier passage de Sinister en région parisienne. On était quarante à tout casser. Pourtant, les Néerlandais venaient de signer un retour en force avec l'excellent
Afterburner. Cinq ans après, le groupe a enchaîné les bons albums et demeure une des rares formations cultes à tenir son rang.
Legacy Of Ashes était peut-être en-dessous de
Afterburner et
The Silent Howling mais restait de qualité. Fin septembre, Sinister sortait son dixième full-length,
The Carnage Ending, toujours sur Massacre Records qui avait pris le relais de Nuclear Blast à partir de
The Silent Howling. Et comme d'habitude, le combo batave n'a pas été épargné par les remaniements de personnel. Pire, c'est tous les membres qui ont fait défection. Tous, sauf l'indécrottable Aad Kloosterwaard qui tient le groupe à flot à lui tout seul. Une persévérance à toute épreuve qui force le respect. L'ancien batteur reconverti frontman s'est donc trouvé quatre nouveaux compagnons. Pas si nouveaux cela dit puisque Bastiaan Brussaard (guitare), Dennis Hartog (basse et guitare), Mathijs Brussaard (basse) et Toep Duin (batterie, également ex-Supreme Pain) évoluent tous avec lui dans Absurd Universe, projet death/thrash qui nous avait servi le dispensable
Habeas Corpus l'année dernière. Alors forcément, on émet quelques doutes à l'arrivée de
The Carnage Ending. Derniers râles d'une bête condamnée à disparaître ou nouvelle preuve de l'immortalité d'une légende du death européen?
La note élevée en haut à droite vous indiquera que j'ai choisi la deuxième option. Car
The Carnage Ending est une petite tuerie de death metal ultra classique mais parfaitement exécutée comme je les aime. Malgré le changement des quatre cinquièmes du line-up, ce nouvel album sonne toujours comme du Sinister. Il est même, à l'image de la pochette de Mike Hrubovcak comme d'habitude sympathique mais trop photoshoppée, dans la continuité de
Legacy Of Ashes, c'est à dire moins mélodique et plus brut que
Afterburner et
The Silent Howling. La grosse différence, c'est qu'il se fait plus inspiré, avec une véritable démonstration de riffs à l'ancienne fleurant bon les années 1990 (le riff principal de "Transylvania" à faire bander les morts et celui épique de l'excellent morceau de clôture "Final Destroyer" pour ne citer que mes préférés). Encore mieux,
The Carnage Ending est l'album le plus brutal de la discographie du quintette, rappelant le caractère rugueux des
Cross The Styx et
Diabolical Summoning remis au goût du jour par le biais d'une grosse rasade de blast-beats. Si bien que ça n'a jamais autant blasté sur un album de Sinister! Sur d'excellents riffs sombres et brutaux en plus, vous imaginez bien l'effet produit. Et quand ça ne blaste pas, c'est le tchouka-tchouka thrash qui prend la relève.
Contrairement à d'autres donc, Sinister ne lève pas le pied au fil des années, il durcit même le ton. Mais si on applaudira des deux mains cette volonté de rester ancré dans l'extrême, il y a quelque chose qui me chiffonne un peu: la ressemblance avec le dernier Supreme Pain. Un excellent album, que j'avais considéré comme du Sinister en plus brutal. Mais voilà que l'afflux de brutalité sur
The Carnage Ending le rapproche désormais beaucoup de
Divine Incarnation. La plupart des titres auraient ainsi très bien pu figurer dessus ("Unheavenly Domain", "The Carnage Ending", "Regarding The Imagery"...). Et je ne dis pas ça que pour les (très bons) growls secs et hargneux de Aad Kloosterwaard qui restent le lien le plus évident. Alors d'un côté c'est bien, ça nous fait deux putain de bons groupes jouant dans la même cour, de l'autre c'est un peu dommage pour des vétérans comme Sinister de ressembler à ce qui n'était au départ qu'un projet parallèle. C'est pour cette raison notamment que je garde une préférence pour la paire
Afterburner/
The Silent Howling qui ne ressemblait qu'à du pur Sinister brutal et mélodique sans influence extérieure.
Cela dit, au final, on s'en fout un peu. Parce que
The Carnage Ending bute quand même sacrément des culs. Et pas que parce que ça blaste et ça thrashe. Même si moins présente que sur les deux albums sus-cités, la mélodie garde encore une place importante et indispensable, que ce soit dans les riffs qui ont toujours ce petit quelque chose de mémorable, et les leads et les solos qui, même brefs et peu développés, apparaissent souvent plusieurs à la suite. Et puis Sinister n'a pas non plus oublié l'aspect groovy. Pas mal de mid-tempos efficaces comme ceux de "Transylvania", "My Casual Enemy", "Oath Of Rebirth" ou "Blood Ecstasy" renvoient ainsi au culte
Hate. On appréciera aussi l'ambiance plus travaillée d'un "Crown Of Thorns" avec une belle lead mélancolique en fin de parcours ou la montée en puissance de "Defamatory Content". Même la courte intro "Gates Of Bloodshed" à base de violon et de claviers (qu'on retrouvera un peu sur "Final Destroyer") vaut le détour. Les spoken words samplés comme les aime le groupe sont aussi de la partie mais ça, c'est déjà plus anecdotique.
En fait, il y a tout sur ce
The Carnage Ending. Tout ce qu'il faut pour prendre son pied et se dire que Sinister mériterait un autre traitement, de la brutalité jouissive aux riffs qui tuent en passant par une production béton et un groove efficace. En somme une belle démonstration de death metal burné typé 90s. Et comme les Néerlandais sont des gens généreux, ils nous ont concocté en bonus cinq reprises de Whiplash, Massacre, Possessed, Celtic Frost et Blood Feast. Pas indispensables, surtout que la durée du disque est déjà limite (dur de s'enfiler les 50 minutes malgré leur qualité), mais fort sympathiques, en particulier les covers de Whiplash, Massacre et Celtic Frost. Du coup, on croise les doigts pour que le titre de l'album ne soit pas prémonitoire. C'est qu'on a aucune envie que le carnage s'arrête là!
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo