Wytch Hazel - II : Sojourn
Chronique
Wytch Hazel II : Sojourn
Les groupes de heavy metal traditionnel britanniques ont toujours représenté un faible prononcé pour votre serviteur. Aussi bien les pionniers devenus légendaires que chacun se doit de connaître que les nouvelles générations de groupes qui s’inscrivent directement dans le patrimoine musical des grands anciens. En jetant un coup d’œil au line-up de Wytch Hazel, on s’aperçoit que Colin, chanteur et compositeur du groupe, a été guitariste live pour le mythique Angel Witch, rien que ça. Partant de là, votre serviteur ne pouvait pas passer à côté de ce second album des british.
Alors Wytch Hazel, qu’est-ce que c’est ? Et bien c’est un peu Angel Witch qui se serait réincarné trente-cinq piges après sa date de fondation originelle. Du heavy très typé des années 1970, avec cette touche hard rock bien palpable, ce timbre de guitare chaud et ronronnant, ces mélodies élégantes et ces influences folk sensibles. Tout ce que votre serviteur recherche chez un groupe de heavy traditionnel. C’est une particularité du hard/heavy des années 1970 qui me plaît personnellement énormément, cette inspiration folk sous-jacente très perceptible que l’on peut déjà humer chez le Black Sabbath des débuts à l’occasion, Thin Lizzy, Ashbury ou même Pagan Altar. On ressuscite des mélodies celtisantes, des ritournelles rurales et des airs médiévaux, on sort les guitares acoustiques à l’occasion, on n’hésite pas à calmer le jeu pour allumer le feu de bois et chantonner une ballade rêveuse… Fabuleux. Et toujours poignant de voir à quel point cet héritage folk se marie bien avec les amplis saturés et les riffs lourds.
Pour recentrer un peu le propos sur l’album du jour, Wytch Hazel sortait il y a quelques mois II : Sojourn, son second album qui faisait suite à une première sortie très correcte mais à laquelle il manquait quelque chose pour devenir vraiment marquante. Et comme pour le dernier Ritual Necromancy dans un tout autre domaine, le groupe saute trois crans d’un coup sur l’échelle de l’accomplissement musical, transitant d’un album recommandable à une grosse tuerie qu’on se repasse inlassablement. C’est simple, Wytch Hazel, c’est beau, comme seuls certains albums de heavy arrivent à l’être en mélangeant la puissance efficace et la finesse de composition. Comme dit plus haut, Wytch Hazel fait avant tout penser à Angel Witch, avec ses mélodies tricotées et cette impression constante d’entendre quelque chose de noble, de presque aristocratique, de classe et de racé. La grosse différence, c’est que Wytch Hazel a un excellent chanteur, là où les vocalises ont toujours été le point faible de Kevin Heybourne. Wytch Hazel est également moins survolté que son vénérable ancêtre, et met en avant deux autres influences majeures. D’abord Ashbuy, pour les réminiscences folk déjà évoquées et la concentration sur des tempi plus moyens, pas aussi rapides que chez Angel Witch. Enfin, le charisme et le mysticisme de Pagan Altar ont bien laissé leur empreinte sur Wytch Hazel, sans parler du chant de l’infiniment regretté Terry Jones manifestement influent pour Colin.
La triplette d’ouverture vient poser l’ambiance. “The Devil is Here”, “Save my Life” et “Still we fight” sont d’excellents morceaux, épiques et dramatiques, portés par d’excellents riffs et un chant superbe, un rien plaintif sans jamais devenir chouineur. Puis première pause avec “Wait on the Wind”, qui instaure un climat plus calme et recueilli le temps d’une ballade très réussie. On redécolle ensuite avec « See my Demon », l’un des meilleurs morceaux de l’album, on ne peut plus traditionnel. Et tout l’album continue comme ça, alternant les moments de calmes et les chansons plus épiques portées par des riffs d’une classe rare. « Still we Fight » par exemple est une merveille de construction, avec son introduction lumineuse, ses riffs combatifs superbes et ses magnifiques lignes de chant. Et le plus beau, c’est que l’album n’accuse pas de baisse de régime tout au long de ses quarante-cinq minutes. Wytch Hazel achève son album sur le superbe « Angel Take Me », qui n’est rien de moins qu’un petit chef d’œuvre d’une sensibilité très touchante. Tout y est, les riffs marquants, le chant clair et serein, l’atmosphère pure et mystique, le violon qui vient lanciner, le piano qui appuie les accords… Une sublime chanson, qui ne sort pas de la tête et qu’on a envie de marmonner partout où l’on va.
Pour un groupe pour ainsi dire inconnu, Wytch Hazel va sans aucun doute faire parler de lui. M’est avis qu’on ne tardera pas à le retrouver sur les affiches des festivals de metal traditionnel type Keep It True, Party San ou Fall of Summer d’ici peu. II : Sojourn est un grand album, empreint d’une noblesse, d’une efficacité et d’un passéisme extraordinaire. Une des sorties majeure de l’année, pour sûr, et un groupe qui va rester dans les petits papiers de votre serviteur.
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