Smoulder - Times of Obscene Evil and Wild Daring
Chronique
Smoulder Times of Obscene Evil and Wild Daring
Pour une superbe pochette, c’est une superbe pochette. Les teintes magnifiques, cette épée qui fend la nuit pour en révéler les étoiles, cette guerrière intrépide sur son destrier… Dans la plus pure tradition du heavy des années 80’. Et ça tombe bien, puisque Smoulder a fait appel à Michael Whelan pour réaliser cette merveille, soit l’artiste derrière les pochettes de Cirith Ungol (et aussi d’autres groupes de référence), également illustrateur reconnu du fameux Cycle d’Elric. On ne pouvait rêver mieux, vraiment.
La première démo de Smoulder ne m’avait pas entièrement convaincue. On sentait un gros potentiel, mais un manque d’impact global ; une petite carence d’intensité, et surtout une faiblesse sur les soli. Eh bien tout ça, c’est du passé (phrase qui résume très bien le groupe d’ailleurs). Parce qu’en ce beau mois d’Avril, Smoulder sort son premier album. 36 minutes de heavy/doom épique, à mi-chemin entre Cirith Ungol et Solstice avec l’ombre de Manilla Road qui plane au-dessus. Autant dire que niveau référence de qualité, on ne fait pas mieux. Le tout, c'est de faire sa propre sauce en s'inspirant des vieilles recettes. Sur Times of Obscene Evil and Wild Daring, Smoulder sort son épée resplendissante pour s’en aller rappeler à tout le monde que le metal, avant de se paumer dans des considérations de production ou de carrière, c’est d’abord l’amour du riff et de l’authenticité.
Les canadien mélangent des riffs des trois influences citées ci-dessus, en condensant ses titres un peu comme Cirith Ungol sur One Foot in Hell, mais sans jamais perdre cet aspect cérémonieux et grandiose hérité de Solstice. De Mark Shelton, Smoulder a gardé un certain côté entraînant et accrocheur, l’aspect noble, épique classieux sans jamais forcer. Les six pistes de l’album respirent l’élégance, la distinction et le savoir-faire. Rien que l’opening « Ilian of Garathorm » mériterait de servir d’exemple à tous les doomeux du monde qui s’essayent à la composition. On respecte parfaitement les règles du genre ; construction sur trois ou quatre riffs très bien trouvés, chant déclamatoire, rythme lent et puissant, solo grandiloquent et déchirant et atmosphère palpable de bout en bout. Et puisque du chant nous parlons, il faut signaler que c’est une demoiselle qui tient le micro, et qu’au même titre qu’une Annick Giroux, Sarah Ann s’impose sans problème comme la maîtresse de cérémonie incontestable ; la poétesse sublime qui raconte les sagas des temps anciens. Vraie puissance vocale, émotion à fleur de voix, chant toujours juste … Un vrai gros atout pour l’album.
Smoulder est doom, mais il est aussi heavy. Sur « Bastard Steel », les canadiens montent sur leurs grands chevaux et sortent les riffs plus agressifs, qui font bien penser à Manilla Road. Les guitares mènent la charge sur des mélodies simples, mais qui prennent toujours le temps de s’orner de petites fioritures plus ciselées pour sortir du lot et garder ce cachet classieux. On note un refrain vraiment prenant, toujours dans ce ton entre tragique et volonté de vaincre. Et puis alors quand la production porte à ce point les compositions du groupe, on va s’assoir dans un coin, on se passe le disque en boucle et on ne bouge plus. La basse doom comme on l’aime, les guitares qui sonnent délicieusement organiques en apportant un vrai dynamisme ... Le groupe a très bien choisi son son, esquivant de très loin la production lisse et vide sans tomber dans l’imitation bête et méchante du son pourri de Manilla Road (la plus grosse faiblesse de ce groupe de légende).
Alors ? Parfait ce premier Smoulder ? Eh ben pas loin. Le seul petit reproche que l’on peut faire, c’est cette longue piste finale. Les mélodies marquent moins, et surtout la piste traîne trop. Smoulder avait eut la bonne idée de ramasser ses pistes, ne dépassant que rarement les 5 minutes. Et franchement, c’est très bien comme ça. Les hymnes de 20 minutes à la Reverend Bizarre, ça n’est pas pour tout le monde. Smoulder a concentré ses forces sur des assauts courts, et c’est une excellente chose. Mais là, en revanche, sur cette dernière piste … Bon, « Black God’s Kiss » n’est pas mauvaise, mais tombe quand même un bon cran en-dessous des autres. Surtout quand on a mangé une merveille absolue comme « Voyage of the Sunchaser » quelques minutes avant. Quel chant, quels riffs, quelles émotions … Vraiment dommage d’amenuiser quelque peu l’impact du disque avec cette piste moins prenante. Mais enfin, je pardonne sans aucun soucis. Je ferme les yeux, je passe l’éponge, j’efface l’ardoise, et avec le sourire s’il vous plaît.
Smoulder a du style. Smoulder vient de sortir une vraie petite merveille. 36 minutes de pur bonheur qui hurlent leur amour de l’old-school à qui veut l’entendre. Ce genre d’album, on se l’écoute n’importe quand, et pas simplement parce qu’il est « agréable ». C’est une vraie capsule d’exultation musicale, efficace, prenante, profonde en atmosphère et en évocation. Times of Obscene Evil and Wild Daring, album doom de l’année jusqu’à présent, et peut-être bien plus encore.
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