Detherous - Hacked To Death
Chronique
Detherous Hacked To Death
Parmi la masse de labels dédiés à l’underground il y’en a qui se distinguent plus que d’autres, car si certains ont la fâcheuse réputation à signer tout (et surtout) n’importe quoi au détriment de la qualité, à l’inverse il y’en a un petit nombre dont on peut acheter les yeux fermés leurs dernières sorties en date, sans risque de se tromper. En matière de Death-Metal les Américains de Redefining Darkness font partie de cette seconde catégorie (où l’on peut citer aussi les Allemands de Testimony Records, les Français de Dolorem Records et les Italiens d’Everlasting Spew) et bien qu’étant relativement nouveaux sur le marché ils commencent à posséder un catalogue qui a fière allure, et ce ne sont pas les Canadiens de DETHEROUS qui vont faire baisser cette moyenne impressionnante. Si jusqu’à présent le groupe mené par Damon MacDonald était passé totalement inaperçu nul doute que ce premier opus va lui amener une vraie notoriété, tant il frappe fort d’entrée et va marquer les esprits de tout amateur de bon gros son rétro à la fois gras et morbide. Après avoir mis le temps pour trouver les bons compagnons de route à ses côtés son leader a depuis enchaîné les concerts sous cette forme, avant d’enfin donner vie à ce long-format qui a de bonnes chances d’être dans les bilans de fin d’année, et qui en à peine plus d’une demi-heure va laisser l’auditeur à genoux et épuisé par ce qu’il a entendu.
Car malgré sa relative jeunesse le quatuor fait preuve d’un vrai vécu musical où l’on sent qu’il a bouffé beaucoup d’OBITUARY et de DEATH période Bill Andrews, ainsi qu’un soupçon de MALEVOLENT CREATION époque Roadrunner, le tout mis en boîte avec une production typiquement 80’s et une batterie à la frappe très sèche. Rien d’étonnant donc qu’on se retrouve ainsi plongé trois décennies en arrière, mais là où certains comme MORFIN et GRUESOME sont à la limite du plagiat (voire carrément) d’autres au contraire s’inspirent de cet âge d’or pour signer des compositions originales où l’influence initiale n’empiète pas sur une écriture personnelle. Proposant des morceaux relativement courts qui ne dépassent jamais les cinq minutes le combo ne révolutionne rien mais cherche juste à faire passer un bon moment à son auditoire, tout en rendant hommage à sa période fétiche. Cela explose directement avec l’excellent « Smouldering Ashes » qui privilégie l’efficacité à la technique (un crédo que les gars conserveront jusqu’à l’ultime seconde de cette galette), vu qu’ici comme sur le reste de l’album nulle trace de blasts ou de branlette de manche car ça privilégie l’accroche et le sens du riff qui est parfaitement exécuté. Sur ce titre d’ouverture l’homogénéité est de mise entre parties rapides et passages plus lents qui ne cessent de s’enchaîner l’un après l’autre de façon certes prévisible, mais quand même redoutablement efficace. La variété des tempos va d’ailleurs être présente sur la majeure partie des compos, que ce soit sur le très court « Practitioners Of Pain » ou le plus dépouillé « Monstrosity » l’ensemble fait mouche à chaque fois et va à l’essentiel. Cependant afin d’éviter un sentiment de linéarité la bande a également mis en bonus sur ce schéma quelques subtils ajouts, comme sur le monstrueux « From Hell They Rise » où la longue introduction particulièrement lourde est ensuite complétée par du mid-tempo remuant à souhait, parfait pour headbanguer et au rendu imparable.
Ces écarts de rythme vont d’ailleurs s’intensifier sur le suffocant et très brutal « NIRC » où la vitesse va être ici prédominante et ne ralentir qu’en rares et courtes occasions, afin d’obscurcir encore un peu plus une musique qui était déjà intensément noire et dont la longue plage laissée au solo va ajouter à ce sentiment. D’ailleurs il faut saluer le boulot accompli dans ce domaine par Dylan Spicer qui durant tout ce long-format les distille avec classe et fluidité, en leur faisant conserver leur agressivité et en étant totalement raccord avec le reste du son de ses acolytes. Ce point est d’ailleurs plus poussé plus loin sur le tentaculaire « Brain Death » réenregistré pour l’occasion (il figurait sur la démo éponyme de 2017) où les variations entre lenteur et explosivité sont plus accentuées, afin de briser définitivement les nuques les plus fragiles. Quant au surpuissant « Ridden » là-encore la réussite est au rendez-vous et il se fend d’un hommage (plus appuyé que jusque-là) à Chuck Schuldiner, car ici on se croirait revenu dans « Leprosy » tant le jeu du batteur et les riffs proposés par la paire de guitaristes semblent tout droit sortis de ce mythe absolu, sans cependant tomber dans la redite facile.
Autant dire qu’à l’instar de SKELETAL REMAINS la formation de Calgary a signé un sans-faute dans un style revenu en force, mais où les écueils sont nombreux et où tout semble avoir été dit il y a longtemps de cela. Pourtant elle parvient à les éviter et à ne pas tomber dans la facilité en équilibrant son propos au maximum malgré une trame générale relativement semblable d’un bout à l’autre. Décidemment la Floride continue d’inspirer toute une cohorte de jeunes loups aux dents longues, signe que son empreinte et ce qu’elle a apporté au Metal de la mort demeure immortelle pour la nouvelle génération, qui arrive encore à la faire vivre en y apportant une touche bien à elle mais sans dénaturer ce qui a fait (et fait encore) son charme inimitable. Si ce « Hacked To Death » était sorti il y’a trente ans nul doute qu’il ferait encore aujourd’hui office de classique absolu, cependant même s’il déboule de notre époque actuelle où internet et les fléaux sociaux ont remplacé le magazine papier et le tape-trading il serait dommage de ne pas se jeter dessus, surtout qu’il a suffisamment d’arguments pour qu’on y revienne régulièrement grâce à une durée de vie copieuse. Il est en effet difficile de décrocher une fois l’écoute lancée et de ne pas taper du pied au même rythme que le frappeur derrière son kit, autant dire que pour toutes ses raisons ce disque est fortement conseillé et doit être acquis de toute urgence, tant il est bénéfique aux oreilles et aux amateurs de bon goût et parfait pour filer une pêche d’enfer même aux râleurs de compétition !
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2 COMMENTAIRE(S)
citer | Vraiment très bon. Y'a un côté pied au plancher, une frénésie qui se dégage de cet album, notamment les vocaux, qui m'ont convaincu très rapidement.
ça mérite mieux qu'un pressage limité à 300 exemplaires. |
citer | Une bonne surprise effectivement ce Detherous. Redefining Darkness est vraiment un label à suivre de près. J'ai d'ailleurs quelques exemples encore dont je dois m'occuper dans les prochaines semaines. |
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2 COMMENTAIRE(S)
03/10/2019 12:17
ça mérite mieux qu'un pressage limité à 300 exemplaires.
19/08/2019 14:26