Atlantean Kodex - The Course of Empire
Chronique
Atlantean Kodex The Course of Empire
Lentement, mais sûrement, il marche. Il prend son temps; il sait déjà que c'est lui le roi, que son trône lui est destiné, et que ses fidèles sujets l'attendent depuis six ans. Il sait qu'entre temps, beaucoup ont prétendu le concurrencer, beaucoup ont tenté de conquérir la place vacante, mais personne n'est arrivé à sa hauteur. Il sait qu'il pourrait encore attendre cent ans s'il le fallait que personne ne viendrait remettre en question son statut. Il sait qu'il règne en maître, lui, là haut, qui a vu tous les empires les plus glorieux s'élever et s'effondrer. Il sait que personne ne viendrait oser douter de lui, lui qui nous a déjà montré son talent sur un premier disque correct en 2010 et un autre exceptionnel en 2013. Dès lors, et avec seulement deux albums dans ses bagages, il nous avait montré qui était le vrai patron du heavy épique européen: je veux bien entendu parler d'Atlantean Kodex, qui frappe très fort pour cette fin d'été avec son nouveau disque de plus d'une heure, "The Course of an Empire", le deuxième à la dépasser après "The Golden Bought".
Et méfiez-vous des apparences: malgré son aspect pépère tranquille, il y a à boire et à manger. Pour vous dire, ce disque est tellement chargé en atmosphères que j'ai dû faire une pause à plus de la moitié tant j'avais déjà assimilé beaucoup de choses et qu'il ne fallait surtout pas en saturer, par peur de ne pas apprécier la suite à sa juste valeur. Ce n'est pas un simple album de heavy metal tranquille qui nous régale sur le coup, seul ou en soirée, non: "The Course of Empire", c'est une véritable chevauchée épique à travers l'Histoire.
D'ailleurs, Atlantean Kodex sait que c'est lui le roi du genre: c'est pour ça qu'il prend bien son temps, pendant une heure, à nous proposer un heavy épique flirtant de nombreuses fois avec le doom et s'octroyant même le luxe de ponctuer son disque de titres ambiants qui donnent une dimension supplémentaire à l'ensemble. En somme, il nous ressort la même formule de composition qu'à l'accoutumée, mais sans lasser ni décevoir et ce, pour la bonne raison qu'il varie son jeu habilement. On y trouve certains morceaux au riffing lourd appuyé par une batterie martiale à en faire lever le poing ("People of the Moon", "Lions of Chaldea", "The Course of Empire") et d'autres présentant un aspect plus doom, plus axé sur des ambiances dégagées par les sonorités que sur du riffing pur jus. En vrac, et pour donner quelques exemples, le début de "Chariot" n'est pas vraiment constitué de riffs mais plus de d'ambiances aux power-chords qui donnent un aspect particulièrement sombre au titre, "People of the Moon", lui, prend bien son temps: presque dix minutes, le bougre, il en deviendrait presque progressif, avec toutes ses transitions et toutes ses influences qui viennent le ponctuer, à droite à gauche.
Le disque fait aussi la part belle au chant, qui rayonne plus que jamais dans un disque d'Atlantean Kodex. Dans "People of the Moon", il chante, même s'il n'a rien à chanter, à en croire ces "Aaaaah!" qui en feraient presque pâlir Einar Solberg, le long passage aux guitares cleans de "Chariots" où la voix en profite pour briller, "He Who Walks Behind the Years" qui se constitue à peu près de la même manière, "The Innermost Light" et ses choeurs, "Spell of the Western Sea", constituée uniquementdu chant sur fond de bruits ambiants. On retrouve aussi de nombreux choeurs, çà et là dans "The Course of Empire" et une voix narrative au début de "Die Welt von Gestern" (Le monde d'hier) que mes connaissances trop limitées de la langue teutonique ne pourront traduire.
Comme évoqué un peu plus tôt, le disque tempère: il prend son temps. On ne compte pas moins de quatre morceaux de transitions, pas vraiment metal, et qui servent surtout à poser une ambiance particulière ou à faire une transition convenable avec le morceau suivant. Dès lors, beaucoup de pistes s'ensuivent sans vraie fin perceptible, donnant au disque une impression de flot continu de musique qui ne s'arrête que rarement. Ces passages sont l'occasion rêvée pour le groupe d'expérimenter deux-trois choses, introduisant le disque avec des leads solennels et annonçant directement la teneur en scandant le refrain de "The Course of Empire" avec "The Alpha and the Occident", tempérant avec l'atmosphérique "The Innermost Light" et "The Spell of the Western Sea" et concluant brillament avec "Die Welt von Gestern".
Prenant son temps car il sait que c'est lui le roi et que personne ne pourra le détrôner, Atlantean Kodex finit de convaincre les plus sceptiques avec ce troisième disque brillant, alternant riffs martiaux, choeurs et chants magnifiques, breaks atmosphériques et refrains catchy, le tout dans une ambiance aux relents doom qui apporte au disque une dimension supérieure et qui nous plonge dans une épopée épique sans pareils.
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