Black Spirit - In A Vortex To The Infinite Night / Behind The Light That Fades
Chronique
Black Spirit In A Vortex To The Infinite Night / Behind The Light That Fades (Compil.)
Formé en 2018 dans la région d’Aragón, Black Spirit est un one-man band évoluant sans grande surprise dans le registre d’un Black Metal lo-fi rudimentaire à la production décharnée et abrasive. Après deux démos intitulées In A Vortex To The Infinite Night et Behind The Light That Fades parues respectivement en 2018 et 2019, le groupe a sorti l’année dernière un EP baptisé The Dead Await Us ainsi qu’une compilation proposée par le label portugais Signal Rex et regroupant sur un seul et même LP limité à 250 exemplaires tous les titres de ces deux premières démos.
Présentées de manière chronologique, on retrouve sur la face A les quatre titres de la démo In A Vortex To The Infinite Night et sur la face B ceux de Behind The Light That Fades sorties toutes les deux en cassette via Infinite Night Records (label que je suspecte d’être mené par S.C.R., tête pensante de Black Spirit mais également de Pollution Chamber, autre groupe a avoir sorti une démo sur cette petite structure).
Comme je l’ai déjà dit un peu plus haut, la production sur ces deux démos est fidèle à ce que l’on peut attendre de ce genre de Black Metal c’est à dire on ne peut plus sommaire. Souffle sur la bande, guitares qui grésillent et saturent jusqu’à nous faire saigner les oreilles, chant paumé quelque part dans les brumes lointaines, batterie ultra dépouillée et quasi inaudible si ce n’est ces coups de cymbales et finalement l’impression générale que S.C.R. n’en a pas grand chose à branler (sérieusement, un petit effort sur les cuts aurait quand même pu être fait tant certaines transitions sont tout de même parfois un peu brutales (comme entre "On The Threshold Of Unconsciousness" et "In Vortex To Infinite Blackness" par exemple ou sur la conclusion de "Night Without Origin Or End") alors qu’encore une fois tout est parfaitement millimétré. Un choix justifié par cette perpétuelle quête d’authenticité qui marque une certaine frange du Black Metal. On est ainsi bien loin des Behemoth et autres Dimmu Borgir avec leurs productions hollywoodiennes ou leurs orchestrations pompeuses. Tout ici est réduit à peau de chagrin. Une production bien maigrelette (même si le travail effectué sur Behind The Light That Fades est un poil plus équilibré) qui ferait grincer des dents (ou plus vraisemblablement rigoler) tous ceux qui n’y sont pas sensibles mais qui, il faut bien le reconnaître, à le pouvoir d’instaurer des ambiances particulièrement froides et sinistres.
Derrière chaque instrument, S.C.R. s’adonne à un Black Metal plutôt up tempo avec notamment bon nombre de parties rapides entêtantes. Malgré tout, en dépit du caractère quelque peu répétitifs de certaines accélérations, les nuances restent nombreuses tout au long de ces deux démos, déjà parce qu’aux parties soutenues menées tête dans le guidon vient parfois se succéder des séquences à base de tchouka-tchouka (comme par exemple sur "The Descent") ou d’autres petites variations (ces brefs roulements sur "The White Dyed Black") qui vont ainsi rompre avec une certaine monotonie induite par ces séances de blasts. Mais ce sont surtout les passages plus modérés (breaks, transitions, séquences instrumentales...) relativement nombreux tout au long de ces trente-sept minutes qui vont permettre d’apporter une plus grande variété. Que ce soit en début de titre, à mi-parcours ou en guise de conclusion, S.C.R. aime jouer avec les cadences et ainsi nourrir des atmosphères parfois plus pesantes ou vaporeuses, notamment grâce à l’utilisation d’un clavier assez discret mais aux sonorités fantomatiques. Enfin, il y a tout le travail mélodique engagé par l’Espagnol qui vient généralement compléter les riffs sinistres et moribonds qui servent de trame de fond à chaque composition. Un travail qui va passer évidement par toute une série de trémolo décharnés mais aussi de mélodies plus subtiles (notamment sur les titres de Behind The Light That Fades) amenant une certaine mélancolie à l’ensemble ("A Terrifying Mystery Underlies", "Behind The Light That Fades" à 1:20, "The Descent" à 0:10, "The White Dyed Black" à 1:14, la dernière partie de "Mystical Infinity").
Destiné à un public averti qui n’a pas peur de son Black Metal lorsque celui-ci est présenté dans son plus simple appareil, cette compilation fera le bonheur de ceux qui sont passés à côtés de ces quelques exemplaires cassettes distribués à l’époque sous le manteau ou qui, plus simplement, ne présentent que peu d’intérêt vis à vis de ce support. En tout cas, si les titres de cette compilation sont sortis avec seulement un an d’intervalle, on remarque sans mal que ceux de la seconde démo sont tout de même mieux produits et surtout plus aboutis (ce travail mélodique notamment). Un constat que confirme d’ailleurs le très bon EP The Dead Await Us sorti quelques semaines plus tard et sur lequel on se penchera un autre jour.
| AxGxB 8 Avril 2020 - 818 lectures |
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