Alors que j’avais commencé, doucement mais sûrement, à rattraper mon retard sur la généreuse discographie de Runespell, voici qu’Iron Bonehead Productions vient m’annoncer fièrement qu’il faudra également compter sur la sortie prochaine d’un nouveau EP intitulé
Sentinels Of Time. Décidément, il semblerait que je ne sois pas prêt de voir la fin de cette entreprise dans laquelle je me suis embarqué (même si pour le coup je ne peux m’en prendre qu’à moi-même)... Toutefois, en attendant de nous y intéresser d’ici quelques semaines si tout va comme prévu (sortie annoncée pour le 1er juin), laissez-moi revenir sur
Voice Of Opprobrium, troisième album du one-man band australien paru en septembre 2019 sur le label allemand chez qui tout a commencé deux ans auparavant.
Musicien inspiré, travailleur et d’une régularité digne d’un horloger suisse, Nightwolf signe son retour un tout petit peu plus d’un an après la sortie d’
Order Of Vengeance. Un retour opéré une fois encore sous les couleurs d’Iron Bonehead Productions avec pour l’occasion un artwork plus engageant que celui de son prédécesseur. Une oeuvre somme toute assez classique qui là encore aborde les thèmes de prédilections chers à Runespell (tradition, héritage viking et médiéval...). Comme à chaque fois, c’est une fois encore Nightwolf qui signe l’enregistrement, le mixage et le mastering de ce troisième album et cela dans la continuité de son prédécesseur c’est à dire avec un son plus propre, plus moderne et plus équilibrée que celui de ses débuts. À la différence d’
Order Of Vengeance, notons cependant que l’Australien n’a cette fois-ci pas fait appel à un batteur de session et qu’il signe donc l’intégralité des parties de batterie d’un disque là encore quelque peu différent de ses prédécesseurs.
En effet, si
Order Of Vengeance se distinguait déjà d’
Unhallowed Blood Oath par sa production plus soignée mais aussi et surtout par son caractère beaucoup moins direct,
Voice Of Opprobrium va en dépit d’une production similaire se démarquer d’
Order Of vengeance par une approche à la fois un peu plus frontale et en même temps beaucoup plus contrastée. Comment ? Et bien tout simplement parce que ce troisième album composé de six titres pour une durée de trente-sept minutes se partage entre morceaux (électro) acoustiques Folk aux sonorités médiévales et épiques saisissantes ("Firmament In Blood", "Wraithwoods", "Wings Of Fate") et compositions purement Black Metal menées à coups de séquences mid-tempos entêtantes et d’accélérations plus marquées histoire de trancher comme il se doit avec ces moments de calmes apaisés ("Voice Of Opprobrium", "All Thrones Persil II", "Ascendant").
Présenté de la sorte, certains pourraient s’imaginer que Nightwolf ne s’est pas vraiment foulé et qu’il s’est contenté ici de pondre trois interludes à caler entre quelques nouvelles compositions histoire d’en faire un pseudo-album. Sauf que "Firmament In Blood", "Wraithwoods" et "Wings Of Fate" ne sont pas là pour servir de bouches-trous. Absolument pas. S’il s’agit bien de titres instrumentaux (exceptions faites de ces "Oooooh" que l’on peut entendre sur "Firmament In Blood" et "Wings Of Fate"), ces derniers servent le propos de Runespell d’une manière tout simplement différente. Nightwolf y délaisse ces moments d’agressions dont il est coutumier pour des instants de pure contemplation et cela grâce à un excellent travail de textures (chouette boulot sur les guitares avec notamment deux ou trois patterns qui se superposent et se complètent la plupart du temps) et de mélodies tantôt amères, tantôt mélancoliques, tantôt épiques... L’Australien qui accompagne ces compositions d’une batterie jouée à l’économie (quelques roulements de tom et autres frappes sporadiques) et de nappes de synthétiseur nous embarque d’un claquement de doigt dans des paysages d’un autre temps où le regard et la pensée semblent vouloir se perdre sur l’horizon qui s’étend à perte de vue...
À ces compositions s’opposent donc trois autres titres beaucoup plus proches du Runespell que l’on connait. Trois morceaux qui vont reprendre ce caractère entêtant, répétitif et atmosphérique déjà présenté sur
Order Of Vengeance tout en y apportant finalement un poil plus de relief à travers des changements de structures, de rythmes et de mélodies toujours très bien amenés. Si personne ne sera étonné par ces trois morceaux qui s’inscrivent dans un registre des plus classiques, l’amateur de Runespell y appréciera encore une fois ce travail en profondeur réalisé par Nightwolf qui sur des formats s’étalant grosso modo entre cinq et neuf minutes réussi à ne jamais susciter l’ennui en dépit d’une approche paradoxalement répétitive.
Réussir à surprendre ses auditeurs sans pour autant changer son fusil d’épaule n’est pas chose aisé. À cet exercice, Nightwolf s’en tire ici plutôt bien grâce à un album qui ne trahit en rien les précédents travaux de la formation tout en proposant à ceux qui suivent le groupe depuis le départ quelque chose de nouveau et de rafraichissant. Alors c’est vrai, l’album peut sembler frustrant puisque sur six compositions trois seulement s’inscrivent dans un registre purement Black Metal. Pour autant,
Voice Of Opprobrium est a considérer comme un ensemble de compositions, certes variées et différentes les unes des autres mais un ensemble néanmoins homogène porté par une même vision et atmosphère ancestrales. Aussi Runespell continue d’être là où personne ne l’attendait vraiment pour nous offrir un album capable d’éviter à nouveau la redite. Une chose qui n’a certainement rien de facile lorsque l’on pratique ce genre de musique pourtant très peu portée sur la nouveauté et l’expérimentation. Allez, à dans quelques jours (semaines) pour la suite !
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