Alors voilà, on s’absente pendant quatre ans et qu’est-ce que l’on trouve à son retour, trois nouveaux albums, un split en compagnie de Forest Mysticism et même un EP vraisemblablement paru en fin d’année dernière dans l’anonymat le plus total...
Bon, la vérité c’est que j’étais bien évidemment tout à fait au courant de ces sorties mais que j’avais probablement mieux à faire que de m‘y intéresser ou plus exactement que mes choix de l’époque se sont tous portés ailleurs. Et cela au grand dam de mon collègue Sakrifiss qui en 2019 s’était proposé de chroniquer
Voice of Opprobrium et auquel j’avais répondu avec un certain aplomb :
"Je veux bien garder la main sur le Runespell. Je m’en occupe rapidos avec le précédent...". Ouais, je sais, il va falloir que je revois ma définition du mot "rapidos" car pour le coup, ce n’est pas trop ça… Mais bon, faute avouée à moitié pardonnée non ? Quoi qu’il en soit, me voilà donc parti pour tenter de rattraper un petit peu de mon retard et surtout faire enfin honneur à la musique de Runespell qui méritait effectivement de retrouver une place dans les colonnes de Thrashocore depuis belle lurette.
Intitulé
Order Of Vengeance, ce deuxième album paru en juillet 2018 sur Iron Bonehead Productions est donc la suite directe du très bon
Unhallowed Blood Oath chroniqué ici même. Toujours seul maitre à bord, que ce soit de la composition à l’enregistrement en passant par le mixage et le mastering, Nightwolf s’est néanmoins entouré pour l’occasion d’un mystérieux batteur de session du nom de I.. Pour l’artwork, c’est l’Allemand Timon Kokott (comme les poules) qui a cette fois-ci été sollicité. Ce dernier livre une oeuvre assez peu engageante mais néanmoins raccord avec les thèmes médiévaux et vikings abordés en long, en large et en travers par Runespell tout au long de ses multiples sorties...
Paru moins d’un an après son prédécesseur,
Order Of Vengeance ne s’inscrit pourtant pas tout à fait dans la continuité de
Unhallowed Blood Oath. En effet, on va rapidement noter quelques différences de taille dont l’une saute d’ailleurs aux oreilles dès les premières écoutes. En effet, à l’occasion de ce deuxième album, l’Australien a fait ici le choix d’une production plus moderne, plus équilibrée mais aussi beaucoup plus épaisse. Si le Black Metal de Runespell perd ainsi de ce caractère famélique et sinistre, il gagne à l’inverse en puissance et en force. Un choix qui n’a probablement rien d’anodin puisqu’à mon avis il donne davantage de portée à tout le travail mélodique effectué par Nightwolf sur ce nouvel album...
Car la véritable différence avec son prédécesseur se situe effectivement dans cette approche beaucoup moins directe. Une formule qui en soit n’offre rien de bien nouveau mais dont on saura apprécier les nuances et le relief qu’elle apporte tout au long de ces quarante-six minutes. D’autant plus que d’une manière générale, les sept titres proposés par Runespell s’avèrent relativement longs puisqu’à l’exception de « Night’s Gate » qui fait ici office d'interlude acoustique, les six autres compositions oscillent quant à elles entre cinq et neuf minutes. Bref, de quoi faire en sorte que la durée de ces morceaux ne soit jamais considérée comme subit mais plutôt comme le moyen d’embarquer l’auditeur dans les paysages et les époques anciennes abordés par Nightwolf dans ses paroles.
Mais au-delà de leur durée, c’est surtout le caractère désormais beaucoup plus atmosphérique et épique que l’on doit retenir de ce deuxième album. Bien moins prompt à l’enchainement de blasts soutenus et entêtants (même s’il n’a pas tout à fait renoncé à l’exercice comme le prouve notamment un titre comme "Claws Of Fate" ou bien encore quelques séquences telles que celles sur "Wolf.Axis" à 6:43 ou "Pray For Redemption - Redemption For Prey" à 2:47), l’Australien dispense désormais son Black Metal d’une manière beaucoup plus majestueuse et aérienne que par le passé. Un parti pris qui va venir tracer quelques parallèles avec des groupes tels que Bathory ou Graveland lorsque ces derniers, après des albums plus bas du front, entamaient une mutation vers ce même genre de sonorités moins animales et beaucoup plus contemplatives, presque nostalgiques. De fait, malgré une baisse de régime évidente, difficile de ne pas se laisser embarquer dans ces pérégrinations, que ce soit par ces riffs hypnotiques ou bien par ces mélodies épiques qui inlassablement renvoient à tout un tas d’images de champs de batailles meurtris, de vastes paysages absolument grandioses qui s’offrent à nous à perte de vue, de guerriers solitaires, fiers et conquérants, d’honneur et de traditions à défendre, de citadelles imprenables... Aussi de "Retribution In Iron" à "Destiny Over Discord" en passant par "Night’s Gate", "Wolf.Axis", "Blood Martyr" ou "Pray For Redemption - Redemption For Prey", Nightwolf nous régale de nombreux moments de grâce où l’on se retrouve embarqué ailleurs, comme en suspension, le temps de trois quarts d’heure particulièrement immersifs et convaincants.
Si à l’inverse de cette chronique tardive vous n’avez pas attendu quatre ans pour vous pencher sur ce deuxième album de Runespell, tout ceci vous le savez donc déjà depuis un petit moment. Les autres, tous ceux qui n’auraient pas encore franchi le pas pour X ou Y raisons mais qui se connaissent des atomes crochus avec le Black Metal dit Viking (oui, "dit", car je ne suis pas très friand de cette appellation) de Bathory ou Graveland, alors il serait grand temps de vous pencher sur le cas de ce one-man band australien particulièrement productif et surtout toujours très inspiré. Allez, je vous laisse, il me reste encore deux albums, un EP et un split à rattraper...
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