Quatre années se sont déjà écoulées depuis la sortie de
Larvae Offal Swine, premier album d’Abhomine que l’on se gardera bien de survendre mais qui, tout de même, n’avait pas manqué de faire son petit effet. Il était donc grand temps pour monsieur Pete Helmkamp de revenir à la charge d’autant qu’on était sans nouvelle de lui depuis les tournées d’Angelcorpse et Kerasphorus tenues entre 2016 et 2017. Pour mener à bien ce retour, l’Américain a choisi d’embaucher un batteur à temps plein après avoir usé d’un mercenaire pour l’enregistrement de son prédécesseur. L’heureux élu n’est pas né de la dernière pluie puisqu’il s’agit de Cameron Sproul Grant III aka The Black Lourde Of Crucifixion (Masada, Crucifier et surtout ex-grand pilier des sulfureux Grand Belial's Key).
Si Abhomine fonctionne désormais sur la base d’un duo, le reste n’a pas vraiment changé puisque de cet artwork chargé signé des mains de Joe Craig jusqu’au soutien indéfectible des labels Hell’s Headbangers et Osmose Productions, on retrouve peu ou prou les mêmes protagonistes que pour
Larvae Offal Swine. Il n’y a finalement que la production qui a été vraisemblablement confiée à un inconnu (Mark Vizza) pour un résultat, disons-le, pas forcément très heureux.
En effet, c’est l’un des premiers soucis de ce
Proselyte Parasite Plague, une production un poil trop déséquilibrée et rachitique (et pourtant Dieu sait que j’en bouffe des albums à la production volontairement bancale) qui malheureusement dans ce cas de figure ne va pas nécessairement servir le propos du groupe comme il le devrait. Prenons la voix de Pete Helmkamp qui a toujours été l’un des principaux atouts des groupes dans lesquels il s’est retrouvé derrière le micro. Et bien ce deuxième album aurait sûrement gagné en efficacité et en impact si celle-ci (ou plutôt celles-ci puisque derrière ses fûts l’ex-GBK pousse également la beuglante) avait été moins en avant dans le mix final. Le problème, même s’il va sans dire que j’adore ce chant abrasif et toujours aussi haineux, c’est qu’il va venir bouffer des riffs de guitare déjà bien maigrelets, obligeant ainsi l’auditeur malmené à devoir tendre davantage l’oreille pour tenter de comprendre exactement de quoi il retourne. Le souci est d’ailleurs le même pour la batterie de Cameron Sproul Grant III dont le jeu manque quand même pas mal de puissance et de dynamisme malgré un allant old school plutôt entraînant.
Et si ces riffs n’ont jamais véritablement brillé par leur originalité, ils souffrent malheureusement ici d’un côté parfois un peu trop quelconque rendant ainsi chaque écoute pas foncièrement désagréable mais pas non plus toujours très passionnante (les plans mid-tempo de "Heresy Pulpit", certains riffs de "Infidel And Unclean", "Blacklist", "Saracen" ou "Progeny Devoid"). Helmkamp semble donc pas mal en pilotage automatique, sauvant les meubles grâce à certains changements de rythmes tout de même bien sentis ainsi que quelques riffs plus inspirés et dont l’aura toujours aussi nauséabonde continue de faire son petit effet.
Enfin, histoire d’en terminer avec les griefs à l’encontre de ce deuxième album, qu’est-ce que c’est que cette durée absolument abusée ? Quatre ans d’absence et voilà que le père Helmkamp revient la bouche en coeur avec seulement six nouvelles compositions plutôt décevantes pour une durée totale de vingt-trois minutes qui frise le ridicule... Heureusement que la rondelle s'échange à moins de dix euros car si vous attendiez Abhomine de pied ferme, vous n’aurez là pas grand chose à vous mettre sous la dent.
Toujours moins brutal et sonique que n’importe quel album d’Angelcorpse ou de Kerasphorus, on saura malgré tout apprécier ce côté dépouillé et old school ainsi que des compositions qui en dépit de leurs handicaps avérés réussissent malgré tout à conserver la tête hors de l’eau grâce à certains riffs encore relativement efficaces, à une batterie à l’énergie Punk évidente même si elle est ici quelque peu muselée par une production peu inspirée, un manque de subtilité assez jouissif et bien évidemment par ce que dégage encore aujourd’hui la voix écorchée de Pete Helmkamp. D’ailleurs pour être tout à fait honnête avec vous, j’étais quand même parti pour rédiger une chronique assez incendiaire alors qu’à la réécoute,
Proselyte Parasite Plague se révèle finalement pas aussi mauvais que je le pensais, juste beaucoup trop quelconque pour espérer tenir la comparaison avec son prédécesseur et surtout avec le reste d’une discographie quasi-exemplaire. On s'en retournera donc sans sourciller aux premiers Angelcorpse, à Kerasphorus et pourquoi pas Order From Chaos.
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