Peut-on faire abstraction de l'image de MÖTLEY CRÜE pour apprécier pleinement leur musique ?
Dit autrement, est-il possible, ou simplement utile de juger
ad rem les chansons écrites, composées et interprétées par le quatuor qui a donné ses lettres de noblesse au Hair Metal ?
Le groupe a splitté en 2015 et l'option concert est pour le moment mise en suspens. J'écris "pour le moment" car il n'est pas impossible qu'une réunion tardive donne aux fans de la première et de la deuxième heure l'occasion de revoir le quatuor un jour ou l'autre.
Les déclarations de Nikky Sixx à propos de l'ambiance pourrie des dernières années ne semblent par militer en faveur d'une réunion, mais l'histoire du Metal a déjà connu des retournements de situations plus spectaculaires !
Et puis ces déclarations datent d'avant la sortie de
The Dirt, le biopic inspiré de l'autobiographie homonyme parue en 2001. Si vous n'avez pas lu dans l'ordre et sur ce site mes autres chroniques de la discographie du CRÜE, voici un petit résumé de la carrière du gang.
Le quatuor Californien a été fondé à l’orée des années 1980 par le bassiste Nikky Sixx et le batteur Tommy Lee. Rejoints par le guitariste Mickey Mars qu’ils trouvent dans les petites annonces d’un canard gratuit, ils décident de compléter le gang avec un chanteur blond et viril, qu’ils recrutent plus pour sa voix et son sex appeal que pour sa voix. C’est Vince Neil qui s’y colle.
Le gang commence à se faire un nom dans les clubs du Sunset Strip à Los Angeles.
Ils sont repérés par un gros label, signent un contrat pour plusieurs albums et deviennent légendaires, comme le groupe le plus extrême de son époque. Chambres d’hôtels dévastées, montagnes de coke, litres de Jack Daniels, orgies de groupies, le gang fait dans la démesure mais, il doit en payer le prix : désintox, accidents de la route, séjour en prison, addictions. Après deux premiers albums géniaux :
Too Fast For Love (1981) et
Shout At The Devil (1983), le gang sombre dans la facilité et aligne deux albums moyens :
Girls, Girls, Girls et
Theater of Pain avant de sortir l’immense
Dr. Feelgood en 1989.
L’album est suivi d’une monstrueuse tournée mondiale qui dure deux ans, épuise le gang dont la fragile fraternité se disloque dans les années 1990. Il faut dire que dans cette nouvelle décennie, le truc qui fait vibrer la jeunesse, ce n’est plus le Metal cuir et chaînes, ce sont les chemises en flanelle et les cheveux crades du Grunge.
Le Grunge ne survivra pas à la décennie mais il met durablement à mal le Metal qui entre en hibernation jusqu’au milieu des années 2000. Là, il commence à renaitre de ses cendres sous des formes plus ou moins abâtardies. Les groupes qui ont connu l’âge d’or des années 1980 et qui sont toujours debout ont deux stratégies.
Primo, Ils peuvent tenter de jouer la carte de l’adaptation aux nouveaux canons musicaux,
Secundo, ils peuvent décider rester sur une approche traditionnelle.
MÖTLEY tente les deux approches.
D’abord un album d’inspiration Grunge,
Generation Swine, échec commercial, un autre disque peu mémorable qui renvoie à la triste époque des morceaux de remplissage pour sortir un album parce que le label le demande :
New Tattoo. Enfin l’ultime LP enregistré par un groupe qui comprend que la seule musique qui plait à ses fans, c’est celle qu’ils ont composée dans les années 1980 :
Saints Of Los Angeles (2008).
Saints forme un diptyque avec le livre autobiographique co-écrit par les quatre larrons, “The Dirt”. Dans cet ouvrage fleuve de presque 500 pages, Nikky, Tommy, Vince et Mickey se livrent à tour de rôle et dans un récit touchant et bouleversant, qui révèle les failles, les non dits et la solitude de quatre paumés que le succès auquel ils n’étaient pas si préparés que cela a durablement atteint.
Le disque est un super coup de chapeau des artistes, qui livrent une prestation à la hauteur de leurs premiers méfaits, avec un peu plus de maîtrise chez les musiciens et une voie pétée et rayée chez Vince Neil qui n’a pas été épargné par l’âge et l’alcool !
Dès la sortie du livre et du disque, MÖTLEY CRÜE annonce son intention de mettre leur bio en image et le film “The Dirt” devient l’Arlésienne d’un combo qui continue à donner des concerts pendant 7 ans et splitte le 31 décembre 2015 à l’issue d’un ultime show titanesque.
J'ai entendu parler du film pour la première fois en 2006 et il faudra attendre 13 ans pour que le projet se stabilise et devienne un vrai (télé)film.
L'histoire, c'est celle du groupe que je vous ai succinctement résumée.
Le format, celui du biopic, contraint le réalisateur à faire des choix dans la construction narrative. Les images crues (sic) et les scène trash (sans h) sont privilégiées à la recherche de la vérité profonde du groupe.
Toutefois, malgré les faiblesses inhérentes à ce type de scénario, le film restitue bien l'ambiance merdique qui régnait au sein du groupe, la faute à leurs addictions respectives et à leurs motivations divergentes.
Il y a aussi quelques chouettes scènes de live reconstituées et un gros travail pour que la photo, les décors et les costumes collent au plus près à la réalité historique.
En synthèse, ça n'est pas du Fellini, mais ça se laisse regarder.... et écouter.
Parce que oui, si j'ai décidé de chroniquer le film, c'est aussi pour vous parler de sa bande son.
Elle est constituée de 18 morceaux, dont 3 inédits ("The dirt", "Ride With The Devil", "Crash And Burn") et une reprise ("Like a Virgin" de Madonna).
"The Dirt", qui ouvre la tracklist, est daté de 1981 mais je doute que la version présente sur la galette ait été enregistrée à cette époque. Le son et la prod sonne bien vingt et unième siècle !
Les deux autres inédits ne cassent pas trois pattes à un canard, la faute à une prod vraiment trop appuyée et actuelle (signée Bob Rock) et une construction sans relief.
Le reste de la tracklist est constitué des morceaux les plus connus de la discographie du gang jusqu'à
Dr. Feelgood, présentés dans l'ordre chronologiques qui suit le déroulement du film. Ce n'est pas avec cette galette que les curieux découvriront les chansons interprétées par John Corabi !
Il y a dans le film une quinzaine de morceaux "de l'époque" qui ne sont pas repris dans le disque pour d'évidentes questions de droits, ce qui fait de
The Dirt un disque 100% MÖTLEY CRÜE.
Un disque qui ne mérite pas une note dithyrambique dans la mesure où il n'est qu'une compilation, mais que tout fan du CRÜE qui se respecte (et je sais qu'il y en a parmi vous), écoutera avec plaisir, le temps de se replonger dans la luxure et la démesure du plus grand des groupes du Sunset Strip !
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