AC/DC - Power Up
Chronique
AC/DC Power Up
Si depuis les années 90 le quintet a pris l’habitude de prendre son temps entre chaque nouveau disque, chacun d’entre eux reste néanmoins un évènement incontournable à l’échelle mondiale qui signe l’heure pour les médias mainstream de (re)découvrir l’existence du groupe. Si celui-ci a eu en France les honneurs des jt de M6 et France Info - ainsi que d’une interview dans Paris Match - il faut aussi reconnaître qu’on est encore plus contents que d’habitude de retrouver en cette période trouble Angus Young et ses compagnons de route. Car ce dix-septième album est presque un miracle à lui tout seul tant il s’est montré incertain pendant longtemps, la faute aux soucis judiciaires de Phil Rudd, la santé défaillante de Brian Johnson et la retraite de Cliff Williams. Pourtant ce trio historique a fini par se retrouver aux côtés du soliste originel et de son neveu Stevie, (qui rempile pour son deuxième enregistrement à la place de son oncle aujourd’hui disparu), pour un rendu rempli de morceaux écrits par ce dernier à l’époque de « Black Ice ». Si selon ses détracteurs rien ne ressemble plus à AC/DC qu’un autre disque d’AC/DC chacun d’entre eux possède cependant sa touche et son style, permettant ainsi de savoir d’où est extrait chaque compo, un sentiment qui s’est cependant fait plus rare depuis l’aube des années 2000. Car si pour les puristes le dernier grand album des australiens remonte à 1990 avec « The Razor’s Edge » il y’a eu quand même de bonnes choses depuis trois décennies mais aussi pas mal de remplissage, sentiment flagrant sur « Stiff Upper Lip » et surtout « Black Ice » (qui se montrait bien trop long et inégal), tout le contraire de
« Rock Or Bust » court et efficace (même si sa deuxième moitié s’essoufflait pas mal).
Du coup on se demandait si ce cru 2020 serait du même niveau que les précédents ou s’il allait remonter dans la hiérarchie, et la réponse est un grand oui tant il est probablement ce qu'il y'a eu de mieux chez les papys depuis vingt ans. Car sans être aussi culte et mythique que ce qu'ils ont fait durant la période 70's et début 80's ce chapitre (peut-être le dernier réalisé avec ce line-up ?) n'a pas à rougir tant il est plus compact et homogène que ce à quoi ils nous ont habitué depuis une longue période, aidé en cela par quelques excellents titres qui passeront sans problème l'écueil scénique comme du temps. On sait que chacun des opus à l'habitude de démarrer par une de ses meilleures (voire la meilleure) composition, et pas question de changer cela ici tant « Realize » se montre entraînant et trouvera facilement sa place en concert avec son dynamisme et son accroche immédiate. Par la suite tous les éléments si spécifiques vont être en place et réussir leur coup même quand les gars sont en pilotage automatique, comme sur les agréables « Rejection », « Witch's Spell », « Wild Reputation » et « Systems Down », qui à défaut d'être marquant font passer un très bon moment, sans prétention ni prise de tête, tout ce qu'on recherche chez eux. Cependant ce type de morceau est plus rare ici tant les "surprises" se font étonnement plus nombreuses que sur les dernières galettes en date, car outre le très bluesy-rock « Through The Mists Of Time », « No Man's Land » voit l'apparition de slide-guitare aux accents sudistes particulièrement bien foutu et agréable, ainsi qu'une noirceur supplémentaire sur la clôture intitulée « Code Red », où la rythmique rampante et lourde montre un visage très sombre comme on pouvait l'entendre en 1980-81. Et tout ça sans oublier les excellents « Demon Fire » (qui n'est pas sans rappeler dans sa construction générale « Safe In New-York City ») ou le punchy et entêtant « Money Shot », plus frontal et direct encore.
Autant dire qu'avec tout ça cette galette passe comme une lettre à la poste (seul le mollasson et décevant « Kick You When You're Down » fait exception à la règle) et confirme le retour en force des vétérans comme on ne l'espérait plus, et prouve du coup que ce « Power Up » est une vraie réussite, et que ses géniteurs ont encore des choses à dire. Si évidemment ça ne fera pas avancer le schmilblick et que ça n'aura pas l'aura de sa période dorée avec le regretté Bon Scott, le dernier des géants encore en vie aujourd'hui dans le Hard-Rock n'est pas encore mort, et à l’instar de Mick Jagger et ses comparses dans un style moins énervé il faut croire que le Rock'n roll et ses dérivés conserve sa vitalité sur les corps et les esprits, et on ne va pas s'en plaindre tant tout cela fait du bien par où ça passe.
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