Quand on est un petit nouveau de Thrasho, pour se présenter sur le forum, on répond à une interview d'une centaine de questions (allez-y, c'est marrant). La seizième question est :
"quel est le meilleur album de Metal pour séduire une personne de sexe opposé". Après moult réflexions et tergiversations, je pense que la réponse la plus nette serait :
Shout At The Devil, probablement le plus bel aimant à minou que le Metal ait conçu, ne serait-ce que parce qu'il a été pensé comme tel par ses auteurs. En 1983, pour les quatre étoiles montantes de MÖTLEY, Micky Mars, Tommy Lee, Nicky Sixx et Vince Neil, la seule obsession c'est de savoir avec combien de groupies ils finiront la soirée.
Oui, derrière le satanisme de fête foraine et les looks de faux méchants bardés de cuir et de clous repompés sur JUDA'S PRIEST se dissimulent quatre mâles en rut écrivant leurs chansons à la testosterone. Né avec les années 1980, le groupe a écumé les bars, puis les clubs du Sunset Strip. Ils ont d'abord pressé un premier single auto-produit ("Stick To Your Gun" avec "Toast Of The Town" en face B), financé leur premier album
Too Fast For Love via leur propre label
Leathür Records en 1981 et écoulé la totalité de son pressage en quelques semaines. Inspiré par AEROSMITH, ALICE COOPER, KISS, T-REX, BLACK SABBATH et LED ZEPPELIN et marchant sur les traces de VAN HALEN et QUIET RIOT ; MÖTLEY CRÜE se prépare à entrer dans l'histoire avec
Shout At The Devil, un deuxième opus essentiel, véritable colonne vertébrale du Glam Metal et guide pratique pour quiconque rêverait de mettre le feu au Sunset Strip, jusqu'à l'avertissement final sur les sacrifices qu'il faut consentir pour percer à Sin City, la magnifique chanson "Danger".
Shout At The Devil est un disque important pour comprendre le Glam Metal mais aussi, en creux, le Hardcore et le Thrash qui se sont construits par opposition à l'AOR, au Hard FM et au Glam Metal. Je vous rassure, je vais vous épargner l'histoire du Hair Metal, du Glam et du Sleeze. Je vous renvoie pour ce faire à deux excellents bouquins traitant du sujet :
Hair Metal - Sunset Strip Extravaganza de Jean-Charles Desgroux (Le Mot Et Le Reste - 2016) et
Fargo Rock City de Chuck Klosterman (Rivages Rouges - 2011). Il me semble cependant intéressant, notre webzine s'intéressant essentiellement au Metal Extrême, de vous rappeler à l'occasion que les groupes originels se sont construits en réaction à une scène mainstream et médiatisée des années 1980, notamment incarnée par MÖTLEY CRÜE.
L'artwork satanique de l'album vinyle est bien moins connu que la galerie de portraits tirée du clip de "Look That Kill" qui illustrait la jaquette de la K7. Les quatre MÖTLEY, bardés de cuir et de métal sont si outrageusement maquillés et coiffés que l'on peut même se demander si ce sont des hommes ou des femmes. Cette maquette à portraits sera reprise par POISON sur
Look What The Cat Dragged In (1986) puis par THE DOGS D'AMOUR sur
In The Dynamite Jet Saloon (1988). Dans le booklet, le groupe précise que
"Cet album a été enregistré sous l'influence des bières Foster's et Budweiser, du gin Bombay, de litres de Jack Daniel's, du Kalhua et du brandy, du gel Quakers and Krell et de Femmes Déchainées!" et il inclut une mise en garde
Attention, cet album peut contenir des messages à l'envers. En bref, voici un habillage qui sent le soufre. Bien sûr, l'effet est aujourd'hui un peu estompé par tout ce qui a suivi, mais en 1983, il n'y avait pas grand chose de plus sulfureux que la promesse faite par le quatuor.
Une promesse qui se concrétise dans la tracklist, notamment la carnavalesque "In The Beginning". Cette introduction à "Shout At The Devil" n'a rien perdu de sa superbe, pour qui a conservé son âme d'enfant : voix grave et synthétique, nappes de claviers, prédiction apocalyptique. L'album démarre réellement avec l'énorme "Shout at The Devil". Ne cherchez pas plus loin, les ingrédients constitutifs des neuf chansons de la galette sont tous réunis : un riff autoroute d'une redoutable efficacité, la batterie martelée avec force et régularité par un Tommy Lee métronomique, un refrain choral, le chant suraigu et presque androgyne de Vince Neil et les lyrics sulfureux. La recette peut sembler simpliste, elle est en réalité diablement efficace, chaque chanson se gravant bien vite dans le cortex et réclamant, telle une drogue, une nouvelle écoute pour jouir à nouveau du flash. L'album est une succession de moments jouissifs : le torride "Looks That Kill", le badass "Bastard", la reprise du "Helter Skeller" des BEATLES, l'ultra nerveux "Red Hot" dont le refrain sonne comme
"We're Hot", le "Paranoïd" du CRÜE "Too Young To Fall In Love", l'abrasif "Ten Seconds To Love" et enfin la power ballad "Danger" dont les paroles évoquent les sacrifices que doit consentir un groupe pour percer sur le Sunset Strip.
Shoot At The Devil n'est pas le
Black Sabbath du Glam Metal. Le genre n'est pas né d'un seul disque ni d'un seul groupe. Il s'est forgé par couches et apports successifs à l'orée des années 1980. En revanche, peu d'albums de Glam Metal ont conservé leur fraîcheur comme
Shoot At The Devil, perle du Rock n'Roll qui devrait déboulonner les a-priori et préjugés que vous pouviez avoir sur le Glam Metal.
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