Savage Annihilation - Soumises A La Procréation
Chronique
Savage Annihilation Soumises A La Procréation (EP)
Relativement discrets depuis la sortie de leur album
« Quand S’abaisse La Croix Du Blasphème » les frères Chaigne redonnent enfin un signe de vie espéré et attendu, tant leur Death Brutal bas du front n’a cessé de gagner en puissance et en densité avec les années. Si un nouveau long-format n’est pour l’instant pas à l’ordre du jour ceux-ci reviennent néanmoins avec cet Ep où l’on trouve à la fois de l’inédit, de l’hommage et des reprises, histoire d’offrir un disque particulièrement dense et homogène, et surtout le plus varié de ses créateurs. Une fois encore ceux-ci signent une vraie réussite tant les compos ici présentes se révèlent redoutables de bout en bout, qu’elles soient dans leur registre débridé propice au tabassage, comme dans d’autres styles plus inhabituels et inattendus de leur part. Et le moins que l’on puisse dire c’est que l’ensemble proposé va être effectivement à la hauteur des espérances même quand le binôme s’éloigne de son genre de prédilection, cependant afin de débuter en terrain conquis les trois premiers morceaux présents vont rester en terrain balisé, sans prise de risques majeures mais au rendu implacable où le bourrinage reste prédominant.
En effet la triplette d’ouverture (« L’orgie Des Morts », « Soumise A La Procréation », et « Sous Terre ») a été enregistrée durant les sessions de ce dernier opus en date, du coup il n’est pas étonnant que celle-ci soit en mode explosif en continu, même si quelques variations et différences sont perceptibles entre chacune des plages. Car si la première est en mode défouloir aux blasts quasi-permanents (et portée par un schéma d’écriture ultra-simple), la seconde en revanche voit l’apparition de nombreux breaks et cassures rythmiques afin de densifier l’ensemble et de miser plus sur la lourdeur, à l’instar de la dernière aux parties totalement différentes dans le tempo qui joue le grand-écart. Si ces titres avaient été au final écartés il aurait été dommage en revanche qu’ils ne soient pas publiés, tant ils trouvent facilement leur place avec ce qui a été réalisé auparavant par le groupe au top de sa forme. Concernant « When The Slayer Bangs His Head » qui s'enchaîne dans la foulée, celui-ci avait été ajouté en bonus sur la version vinyle de cette seconde livraison, mais il aurait été là-aussi été regrettable de ne pas le faire partager de façon de plus massive tant il dévoile une facette Thrash insoupçonnée chez ses géniteurs, qui réussissent l’exercice haut-la-main. Revendiqué comme un hommage à Jeff Hanneman l’ancien trio (Benoit Jean étant encore de la partie à ce moment-là) a réussi à sonner rythmiquement comme SLAYER (la vitesse y est prépondérante), tout en voyant récitées dans les paroles nombre de références aux Américains, et où une alternance des voix se fait entendre. Car pour l’occasion les frangins ont été accompagnés par Sybille Colin-Tocquaine (WITCHES) qui amène son chant puissant qui se complète à merveille à celui de David, et offre un beau cadeau-souvenir intègre et sincère au regretté et génial guitariste.
Du coup si on chipote un peu les seules vraies nouveautés sont les deux réinterprétations mises en boîte l’année dernière, où l’on va retrouver à la fois du DEICIDE mais aussi plus étonnant du HELLOWEEN. Si « When Satan Rules His World » (présent initialement sur « Once Upon The Cross ») est fidèlement restitué (et qui voit pour le coup Max Otero de MERCYLESS venir pousser la chansonnette), c’est également le cas pour « Savage » sorti par les Allemands en 1988. Hormis un son de guitare plus lourd et Death, pour le reste rien n’a changé et on retrouve sans peine l’entrain de l’original où ce coup-ci c’est Loïc "Trivette" Gillet de KRONOS qui s’invite au micro, et renforce la qualité de cette excellente réalisation. Autant dire qu’au bout de ces presque vingt-trois minutes on en ressort totalement satisfait car on n’a absolument rien à reprocher, certes ça ne réinvente rien et c’est calibré à outrance (mais on s'en fout royalement), mais il faut saluer la prise de risques des Loirétains qui montrent qu’ils savent être convaincants même en changeant drastiquement de registre. Du coup cette sortie, même si on aurait bien repris une durée plus conséquente, servira de parfait défouloir et de bouche-trou réussi et sans prise de tête, qui comblera sans peine les amateurs de brutalité et les fans de la fratrie, en attendant d’en entendre prochainement sur une durée plus longue, même s'il faudra être patient.
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