Savage Annihilation - Cannibalisme, hérésie et autres sauvageries
Chronique
Savage Annihilation Cannibalisme, hérésie et autres sauvageries
Si je ne m'étais pas penché avant sur le cas des Français de Savage Annihilation, c'est uniquement à cause de préjugés. Avec un nom de groupe, un titre d'album et une pochette pareils, je m'étais dit qu'il s'agissait encore de brutal death bas du front sans intérêt. Du coup, je n'avais même pas cherché à écouter. Mais le 3 mars dernier en ouverture de Pyrexia/Beheaded, Savage Annihilation m'a fait mentir en me mettant une bonne claque. Du brutal death oui mais pas bas du front, avec des touches old-school appréciables. Voyant que j'avais bien aimé le concert, le boss de Kaotoxin Records me propose alors de chroniquer l'album des Montargois, Cannibalisme, hérésie et autres sauvageries, sorti en octobre dernier sur le label lillois. Pas de problèmes!
Le live est parfois trompeur et certains groupes se révèlent bien plus intéressants sur scène que sur album. Heureusement, ce n'est pas le cas de Savage Annihilation qui confirme ses qualités à l'écoute de ce sympathique Cannibalisme, hérésie et autres sauvageries. J'y retrouve d'ailleurs ce que j'avais ressenti au Glazart. Ça bourre mais pas dans le vent. Car la musique du combo, même si celui-ci a choisi sa langue maternelle pour ses paroles (qu'on ne discerne pas vraiment de toute façon), prend sa source dans le old-school et le (brutal) death américain des années 1990. Deux influences ressortent et pas des moindres, Morbid Angel surtout et un peu de Suffocation. Morbid Angel pour les nombreux mid-tempos dark et groovy dont le groupe abuse d'ailleurs un peu trop. Suffocation pour le côté plus lourd, gras et brutal. Un mélange qui fonctionne plutôt bien sur les dix morceaux que compte l'opus, dont l'introduction "... Et l'annihilation commence" sous forme de flash info qui ravira les fans de films de zombies et le bel interlude acoustique "Le soulèvement" qui introduit un "Ouvrez la tombe des assoiffés de sang" efficace à mort en final. Le calme avant la tempête! Le tout pour 40 minutes de bon brutal death oscillant entre de la blastouille et du groove mais toujours auréolé d'une ambiance sombre. Autre aspect important de la musique de la formation, la production crue qui lui donne un côté chaotique voire carrément foutraque. Cela renforce la brutalité du propos mais le rend aussi cafouilleux, en particulier sur les parties rapides. La batterie n'est pas triggée, un bon point, mais la caisse claire Tefal a un peu de mal à passer sur les blasts et les gravity qui sonnent brouillons. Rajoutez pas mal d'harmoniques sifflées et des solos chaotico-mélodiques (très bons cela dit sur "Dépeuplez ce monde de vermines", "Les catacombes de l'abomination Pt.1", "Dévoré par l'humanité" et "En état de décomposition") et ça fait un joyeux bordel parfois difficile à cerner. Mais d'un autre côté, ça fait aussi le charme de Cannibalisme, hérésie et autres sauvageries. Et après tout, le groupe ne s'appelle pas Savage Annihilation pour rien!
En s'appuyant sur les deux meilleurs groupes de death metal, Savage Annihilation pouvait difficilement se tromper. Globalement, Cannibalisme, hérésie et autres sauvageries est ainsi une réussite. Les Français auront mis dix ans à sortir leur premier full-length et il faut saluer leur abnégation. De la brutalité, du groove, du dark, de bons riffs aggressifs mais non dénués de sens mélodique, le groupe maîtrise les bases et n'importe quel amateur de death/brutal death saura reconnaître les qualités du trio. Un succès toutefois entaché de maladresses dommageables venant atténuer les compliments. Outre cette production désordonnée, on regrettera qu'il n'y ait pas assez de longues séquences blastées aux dépens de ces mid-tempos morbidangeliens savoureux mais trop souvent utilisés. Certains morceaux durent ainsi trop longtemps ("Dépeuplez ce monde de vermines", "Dévoré par l'humanité", "La marche des exhumés") et l'album souffre de répétitions. Du coup, on s'en lasse un peu trop vite. Le manque de surprise rend aussi l'opus prévisible et seul l'interlude acoustique "Le soulèvement" et ce court passage de "... Dans un océan de putridité" à 2'38, sur lequel un sample atmosphérique avec chant lyrique vient se greffer aux blasts, rompent le train-train quotidien. Il serait peut-être bon de développer ces idées fraîches pour essayer de se démarquer davantage, ce que n'arrive pas à faire la formation pour l'instant. Ou alors en élevant son niveau de jeu pour rendre ses compos plus marquantes. Mais bon. Je me plains, je me plains, mais il faut surtout retenir que Savage Annihilation montre un potentiel intéressant dont il serait idiot de se priver sous prétexte que Cannibalisme, hérésie et autres sauvageries est loin d'être parfait. C'est même le genre de groupe français trop rare pour ne pas être soutenu.
| Keyser 14 Avril 2013 - 3529 lectures |
|
DONNEZ VOTRE AVIS
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
AJOUTER UN COMMENTAIRE
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo