Cannabies - Sativa Syn
Chronique
Cannabies Sativa Syn
Parfois il faut oser faire le premier pas. Cet adage bien connu est également valable pour la musique, d’autant plus quand il s’agit de musique extrême, et le jeune groupe de Brutal Death Cannabies en est un très bon exemple. Ni le nom du groupe, ni celui de l’album, ni leur logo, ni même leur origine ne jouait effectivement en leur faveur, et seule la cover assez cool et finalement assez finement travaillée pouvait quelque peu attirer l’attention. Pourtant, bien en prendra aux courageux chercheurs d’or car Satyva Syn est un album comme on en découvre que trop rarement. Pas prise de tête pour un sou et à l’efficacité redoutable, il est l’exemple que l’on peut désormais amplement compter sur la scène indonésienne pour nous sortir des albums de qualité. Car si cette région du globe est une des scènes les plus actives depuis des années en matière de Brutal Death, la qualité qui en découlait jusqu’à récemment était la plupart du temps assez douteuse. Après Siksakubur, Hatestroke ou autre Orestes, Cannabies vient donc nous prouver que certains groupes indonésiens ont de quoi sortir la tête du maëlstorm de groupes aux mieux médiocres issus de cette scène, à cause desquels on est bien vite tenté de généraliser quant à la qualité de tous les groupes de cette provenance.
Le jeune quatuor formé en 2010 n’en est pas à son coup d’essai car leur EP Green and Noxious sorti l’année dernière était déjà un très bon cru. Donnant dans un Brutal Death très influencé par la scène new-yorkaise, le groupe produisait déjà à l’époque une musique très typée Hardcore et pouvant aisément être assimilée à des groupes comme Pyrexia ou Internal Bleeding. Sans surprise ce premier album suit donc la route tracée par Green and Noxious et la musique du combo n’a que très peu évoluée (voire pas du tout), restant fidèle à ses influences. L’esprit new-yorkais plane donc toujours sur la musique des indonésiens, se ressentant tout d’abord dans l’énergie brute que dégage la musique de Cannabies, puis en s’immisçant directement dans la structure des morceaux, la plupart d’entre eux contenant plusieurs breaks du plus bel effet ("Hasut Murka" à 1’17’’ et 3’00’’ par exemple). Ces breaks sont rendus d’autant plus puissants par l’impact de la basse qui appuie fortement ce genre de passage en faisant furieusement claquer ses cordes. C’est d’ailleurs sur l’ensemble de la galette que la basse est facilement audible, étant particulièrement mise en avant dans le mix et se détachant souvent des grattes, se payant même le luxe de guider le passage planant de "Morda Numsa" (0’34’’).
Adeptes des six cordes, ne vous en faites pas les guitares ne sont pas en reste. Les riffs sont effectivement très bien composés et efficaces au possible, tout en étant également très variés. Fluctuant continuellement entre breaks casse-nuques et accélérations véloces, les compositions sont en effet très fournies et l’ennui ne se fait jamais sentir lors des 32 minutes que dure l’album.
Le niveau technique des musiciens est donc plus que correct et leur permet d’interpréter ces changements de rythme incessants, même si la batterie sonne quelque fois un peu trop linéaire comparé aux autres instruments. La voix peut également être vue comme un des défauts de l’album, les lignes de chant étant souvent mal rythmées ou trop monotones et Andriansyah semblant souvent être à bout de souffle. De plus, son chant plus expiré que growlé gagnerait certainement à devenir un peu plus guttural, car il manque clairement de puissance en l’état.
On peut toutefois facilement pardonner ces quelques petits défauts car, plus que la technique ou l’efficacité à proprement parler, c’est surtout le dynamisme et l’enthousiasme ambiant qui font plaisir à entendre et qui nous poussent à apprécier le groupe. On sent en effet que le groupe s’amuse vraiment à faire évoluer leurs chansons, ce qui fait suinter le tout d’une sincérité palpable. Malgré une production un peu fadasse, c’est donc ce dynamisme qui fait la force de l’album en le rendant réellement percutant, voir même très violent par moments ("Menghamba Nihil"). Mais ici la violence n’est pas tout à fait la même que dans la plupart des groupes de Brutal Death qui cherchent constamment à nous écraser au sol par la lourdeur de leurs riffs ou de leurs breakdowns. La violence de Cannabies est plus subtile et difficile à décrire, le groupe préférant créer un tourbillon et nous balancer dans tous les sens sans interruption plutôt que de chercher à nous aplatir. Le début du titre éponyme en est un bon exemple, où on passe rapidement d’un blast à un break puis à une rythmique plus véloce, avant que la basse vienne couper net la musique pour ensuite la faire repartir de plus belle. Un bien bon souvenir !
Malgré un chant et une production un peu ternes, l’intensité est bel et bien rendez-vous sur ce Satyva Syn et c’est tout ce qui compte vu le rendu final assez satisfaisant. C’est en effet l’énergie dégagée sur l’ensemble de l’album qui rend Cannabies vraiment attrayant, nous faisant parfois penser à un bon gros Dying Fetus auquel on aurait enlevé les parties techniques. Le seul répit laissé par le groupe est en fait le début de l’Outro instrumentale qui est plutôt agréable et qui fait vraiment du bien après 32 minutes d’une telle intensité, même si elle ne reste pas reposante très longtemps. Ajoutez à tout ça un artwork bien réalisé et original même s’il s’avère inférieur à celui de Green and Noxious, et vous obtenez un bon coup de cœur qui place Cannabies en bonne position dans le classement de mes groupes indonésiens préférés.
| Høsty 22 Avril 2015 - 560 lectures |
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