Wayward Dawn - Haven Of Lies
Chronique
Wayward Dawn Haven Of Lies
Et si le renouveau du Death Danois était entre les mains des petits jeunes de WAYWARD DAWN ? C’est une question qu’on peut légitimement se poser tant le royaume a vu ce style décliner progressivement depuis quelques années, entre arrêts de carrière d’un côté et vétérans qui ont perdu de leur superbe de l’autre. Heureusement tout espoir de renouveau n’est pas clos, car en 2018 les minots (dont la moyenne d’âge se situe actuellement autour des vingt ans) s’étaient fait remarquer avec un premier opus (le très bon « Soil Organic Matter ») bourré d’énergie et plein de promesses pour l’avenir. Evoluant désormais sous forme de quatuor ils sont de retour aux affaires avec un successeur attendu et qui ne va pas décevoir (malgré une pochette des plus médiocres), forts d’une expérience plus grande et d’un vécu scénique plus important. Visiblement impatients de présenter ce successeur tant attendu ceux-ci afin de faire patienter leur auditoire en avait profité pour dévoiler dès le mois de janvier un single (« Apathy »), particulièrement digeste et instinctif, où l’on s’apercevait de leur bond en avant, et où ils n’hésitaient pas à mélanger le tabassage pur et dur à des longues plages lourdes et écrasantes typiquement américaines, histoire de renforcer le sentiment de malaise qui ne quittera pas cette galette. Autant dire qu’on remarquait clairement que la formation avait gagné en densité et en accroche, et à l’instar de cette mise en bouche les autres compos qui sont proposées ici sont totalement du même niveau, et vont durant trente-cinq minutes jouer les montagnes russes sans baisse de régime ni faiblesses notables.
Car si cet avant-goût proposé en avant-première était des plus alléchants, on se rend compte ici dès les premières secondes de « Upheaval Of Earth » que le reste va être effectivement du même acabit, tant l’accroche y est immédiate et l’alternance de sortie à tous les niveaux. A la fois lent et rapide, ponctué de cassures rythmiques tout en sobriété et d’un solo imparable, on se retrouve embarqué dans de longs passages tapissés de double qui nous renvoient vers INCANTATION et MORBID ANGEL, tout en y voyant l’ajout d’un certain groove et d’un côté rampant du plus bel effet où la technique ne va jamais trop loin. C’est en effet une des forces des mecs, que de conserver une certaine sobriété dans l’écriture même quand le niveau global est important, comme on s’en aperçoit aussi sur « Sophomania » qui s’enchaîne dans la foulée et voit sa durée générale s’allonger. Ce point permet d’ailleurs au groupe de densifier son propos au maximum en osant des parties plus longues (quel que soit la cadence), où la basse écrasante permet de renforcer le sentiment d’étouffement, notamment via ce côté caverneux et cette alternance des voix. Car bien qu’ayant perdu son chanteur titulaire le combo ne s’est pas démoralisé et ce sont désormais le bassiste Kasper Szupienko Petersen et le guitariste Rasmus Johansen qui s’en chargent en alternance, ceux-ci possédant chacun un timbre différent qui permet ainsi de se caler aux ambiances voulues, et amener de fait encore plus de densité.
D’ailleurs il faut saluer également la qualité de la production (signée de l’ex HATESPHERE Jacob Bredahl), à la fois massive et chaude qui offre un rendu équilibré et relativement naturel, permettant de fait de rendre justice aux compositions, qu’elles soient assez directes ou plus élaborées. Ceci s’entend sur l’excellent « Rotten Sphere » qui montre toute la palette des Scandinaves et confirme que cette première moitié d’album privilégie l’accroche et l’homogénéité. Si la seconde va rester sur ce même schéma la musique va néanmoins se faire plus lourde et rampante, l’explosivité sera également plus rare, sans pour autant que le rendu soit inintéressant. Une fois le court interlude acoustique terminé (« Bliss »), place au remuant et groovesque « Abhorrent Ignorance » au riffing implacable et oppressant qui donne envie de remuer la tête, à l’instar du sobre « Ridicule » où la rapidité est absente, mais sans que la violence n’en souffre. C’est là qu’on voit que les nordiques ont carrément franchit un cap, car comparé à son prédécesseur ce long-format se veut moins bas du front et radical, sans que cela ne nuise à sa qualité intrinsèque, les parties parfaites pour headbanguer étant suffisamment nombreuses et ne tombant jamais à plat. Chose parfaitement exécutée là-encore sur « Slaves Of The Self » qui conclut les débats en n’oubliant pas les fondamentaux et la brutalité de ses origines, avant de doucement tout écraser via un levage de pied en règle où un son et une ambiance presque Doom retentit dans le néant, amenant une ultime dose de torpeur et de mal-être généralisé de par sa putridité et son humidité ambiante.
Sans prétendre révolutionner quoi que ce soit l’entité de Skanderborg signe une très bonne réalisation qui s’appréciera au fil du temps et des écoutes, sans y perdre en intérêt (même si on peut chipoter ici et là sur certains riffs et patterns qui se répètent) tant sa fluidité et sa relative accessibilité lui confèrent une durée de vie des plus imposantes. N’essayant jamais de surjouer la virtuosité de bas étage le quartet a déjà compris toutes les ficelles propres au bon vieux Metal de la mort, ne cherchant pas à le réinventer mais tout simplement à perpétuer un héritage essentiel et indispensable. Autant dire qu’avec tant de qualités celui-ci est incontestablement un futur poids lourd du genre (vu qu’il rassemble nombre de bons points), et qui avec encore plus de bouteille fera encore plus mal. En attendant on appréciera de déguster cette découverte qui mérite largement des applaudissements nourris, tant ce vent de fraîcheur et cette envie d’en découvre font carrément plaisir à entendre.
DONNEZ VOTRE AVIS
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
AJOUTER UN COMMENTAIRE
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo