Korn - The Nothing
Chronique
Korn The Nothing
Avant de casser le cul de la dauphine de Miss Japon, Sakrifiss a eu un parcours initiatique et expérimental long mais nécessaire. N’ayant à ses débuts que sa main droite qui acceptait de le caressait il s’est d’abord contenté de ce qui ne disait pas non, se répétant qu’ « un trou est un trou, une bite n’a pas d’œil ». Il n’avait pas non plus l’impression de faire des sacrifices, car il savait bien qu’il avait ce qu’il méritait. Certains essayaient de lui faire croire que si elles n’étaient pas jolies, elles devaient être belles de l’intérieur... comme s’il fallait choisir l’un ou l’autre. Et puis petit à petit, il a gravi les échelons. Les siens d’abord, afin d’avoir le droit de caresser ce qu’il voulait et plus ce qu’il pouvait seulement. Il s’est cultivé, il a gommé un physique ingrat, il a aussi accédé à un rang social qui allait satisfaire la compagne à défaut de l’impressionner. Mais attention, il ne regrette pas ses anciennes partenaires, et a même la délicate attention de se renseigner sur ce qu’elles sont devenues. Sakrifiss un jour, Sakrifiss toujours ! S’il vous plaît !
C’est ainsi que désormais Sakrifiss se consacre totalement au black metal, après avoir dans ses jeunes années écouté des groupes de styles très différents. Et il suit leur carrière attentivement, de plus ou moins loin, mais sans avoir aucune aversion. Il sait même les savourer lorsqu’il sent leur qualité. IRON MAIDEN, MEGADETH, GUNS N’ROSES et MANOWAR depuis 1992, KORN et GWAR depuis 1994, PARADISE LOST et FEAR FACTORY depuis 1995, MARILYN MANSON depuis 1996...
KORN en 1994, oui, lors du premier album, découvert parce que pendant son adolescence, Sakrifiss était Monsieur Manga en France. Membre d’un fanzine, collectionneur de VHS (Kaze Animation en tête...), il avait très vite obtenu la version anglaise de l’anime de Street Fighter II MOVIE. Et à la fin, il y avait M. Bison (Véga au Japon en fait) qui réapparaissait avec un sourire de vicelard au volant d’un camion fou. Et la musique qui lançait le générique de fin était « Blind ». J’ai foncé sur la ligne qui des morceaux utilisés pour découvrir le nom du groupe... KORN. Et j’ai foncé acheté l’album avec les quelques francs que j’avais. Album culte, qu’on aime ou non le style. Tout le monde sait à quel point il a posé de nouvelles bases et combien il a marqué la jeunesse de son époque et influencé les groupes de la fin des années 90’s.
Personnellement les deux premiers albums sont longtemps restés dans mes oreilles, mais dès Follow the Leader, je ne me retrouvais plus que dans une poignée de morceaux et surtout pas dans les moceaux avec des invités genre Ice Cube... La même chose avec Issues qui contenait cependant le tube « Falling Away From Me » et « Somebody Someone ». Et en ce qui concerne les albums qui ont suivi, ils n’ont jamais réussi à dépasser les 5 écoutes. Forcées en plus... On y reconnaissait notre groupe, mais soit il essayait de faire quelque chose de différent - parfois frôlant le mièvre, parfois sombrant dans des sons futuristes ridicules - soit il essayait vainement de reproduire ce qu’on attendait véritablement de lui, incapable de retrouver le feeling correct.
Et en 2019, il a sorti son treizième album dont je n’attendais bien entendu absolument rien. Mais j’avais toujours cet espoir incompréhensible de croire que la formation que j’avais tant aimée pourrait retrouver sa verve d’antan. IN FLAMES ne l'a jamais désiré, CHILDREN OF BODOM n’en a pas été capable, MANOWAR n’en a pas été capable, IRON MAIDEN en a fait l’illusion lorsque Dickinson est revenu dans le groupe en fin de siècle. KORN ne devait pas en être plus capable. Mais il l’a fait. The Nothing est devenu en quelques jours, et à la suite d’écoutes en boucle que je ne pouvais plus contrôler, mon nouveau classique. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il ne tourne pas autour du pot. Il n’essaie plus, il réussit. Il arrive à retrouver l’esprit qu’on lui connaissait, comme s’il avait toujours envie de raconter avec autant de force, autant de souffrances, autant de peines et de haine tout ce que Jonathan Davis a sur le cœur, toutes les marques qui l’ont traumatisé mais aussi forgé. Ça peut en faire sourire certains d’ailleurs d’entendre un vieux de 49 ans maintenant « faire sa petite victime pleureuse digne d’un adolescent. ». Et pourtant il excelle sur cet album, avec une palette de timbre qui est certes impressionnante, mais qui est surtout extrêmement bien employée ! Il place le timbre parfait à l’endroit parfois. Hurlé, chanté, sussuré, gémissant, geignant, pleurant, beuglant... Ses parties sont excellentes et on retrouve même sa folie dévastatrice sur « Idiosyncrasy ».
Les compositions en elles-mêmes vont déplaire à ceux qui n’aiment pas les constructions trop classiques, avec nécessairement un refrain. D’autres se plaindront du fait que les plans ont tous déjà été entendus par le passé, et que ce ne sont que des variantes trop proches des 4 premiers albums. Oui, mais justement, c’est enfin du KORN efficace, du KORN qui fait mouche, du KORN à la fois crédible, lourd et qui reste tout de suite en mémoire ! Alors oui, chaque piste me rappelle un ancien morceau, mais chaque piste est finalement unique. Comme dès l’introduction on a la fameuse cornemuse. Non, ce n’est pas nouveau, c’est juste KORN qui vient et qui nous reprend dans son tourbillon, qui nous remet sans exagérer dans nos doutes, dans nos malaises, dans notre colère qui brûlaient fort à notre adolescence mais qui n’étaient pas éteints.
Je voudrais parler de chaque piste et expliquer que chacune parvient à rallumer des étincelles de sentiments différents, cités plus haut et même avec quelques touches de (vains) espoirs, mais je pense que rien ne vaut l’écoute, surtout que je me doute bien que mon ressenti ne sera pas nécessairement partagé par tous. J’ai finalement tellement halluciné de la qualité de l’opus que j’ai été obligé d’en faire une chronique alors que je me cantonne habituellement au black metal.
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