Aposento - Conjuring the New Apocalypse
Chronique
Aposento Conjuring the New Apocalypse
Le retour d'Aposento, vieux briscards de la scène espagnole, ne m'avait pas abasourdi sur leur premier album éponyme, vingt-quatre ans après leur formation et un break de quinze ans. Du death metal très classique, sympathique mais n'allant pas au-delà. J'avais donc fait l'impasse sur leur deuxième opus Bleed to Death sorti trois ans plus tard. Alors pourquoi ai-je redonné sa chance au combo sur ce troisième long-format Conjuring the New Apocalypse paru en mai dernier via Xtreem Music ? Peut-être cette jolie pochette aux couleurs rappelant à la fois Dismember et Mass Infection. Quoiqu'il en soit j'ai bien fait car on dirait presque un autre groupe !
À la fois dans le style et la qualité proposés. Si Aposento fait évidemment toujours du death metal orienté old-school, le résultat sur Conjuring the New Apocalypse se montre bien plus musclé que sur son premier album. Le combo avait déjà peut-être pris des stéroïdes sur le deuxième que je n'ai jamais écouté. L'influence principale Cannibal Corpse, toujours présente sur certains mid-tempos et mélodies glauques ("Liber al Vel Legis" à 1'35, "Kadosh - Spitting on the Trisag" à 0'27 et 1'37) avec d'autres sonorités floridiennes ("Heretics by the Grace of God" vers 1'40), laisse sa place à un son plus puissant et plus gras qui renvoie désormais vers Suffocation, fricotant dès lors avec le brutal death. Ces riffs huileux surtout (débuts de "Liber al Vel Legis", "Heretics by the Grace of God" et "Akerbeltz", "Vamachara - The Left Hand Path" à 1'58) mais aussi ces riffs rapides et sombres en tremolo (intros de "Samhain - The Night of Ignis Fatuus" et "Doomsday - The Metanoia of Redemption Process") voire ces quelques semi-blasts ("Samhain - The Night of Ignis Fatuus" à 1'14) évoquent ainsi immanquablement les New-Yorkais. Quelques riffs à mosh bien groovy font eux penser à du Dying Fetus ("Liber al Vel Legis" à 1'52, démarrage de "Revelation 777, "The Dweller on the Threshold" un peu partout). Vous ajoutez une grosse louche de blast-beats à la puissance de feu jouissive grâce à une production surboostée qui garde tout son mordant (mastering de Dan Swanö), quelques blasts plus foutraques qui donnent une impression de chaos (le batteur Gabriel Valcázar, parti depuis, joue aussi dans Wormed), des morceaux courts de trois-quatre minutes qui vont à l'essentiel, un groove accrocheur, quelques plans thrashy entraînants et cela nous donne une œuvre d'une brutalité des plus efficaces dont le paroxysme s'affiche sur un "Revelation 777" ultra bandant. Même les rares séquences plus "techniques" (comme sur "Revelation 777" à 2'58) restent dans cette optique.
Alors bien sûr, tout n'est pas parfait. Le chant growlé ne convainc pas des masses, sonnant même plutôt bizarrement. Clairement le point faible du groupe et ce n'est pas un peu de shriek laid qui changera la donne. La basse reste inexistante et les deux-trois solos, peu développés et mélodiques, n'ont pas grand intérêt. On note encore des passages trop banals, d'autres tenus un peu trop longtemps (ce break à la Cannibal Corpse vieille époque alterné par des salves très courtes de blasts à partir de 2'33 sur "Kadosh - Spitting on the Trisag", la fin de "Vamachara - The Left Hand Path" qui traîne en longueur) ou à l'inverse trop vite expédiés ("Samhain - The Night of Ignis Fatuus" qui affiche un petit 2'34 aurait mérité de prolonger) et dans l'ensemble le riffing, quoique de bon voire très bon niveau, manque d'un petit quelque chose pour faire passer les Espagnols au stade supérieur, celui de l'excellence. Mais putain quelle progression tout de même ! Conjuring the New Apocalypse présente un Aposento que je n'attendais pas à un tel niveau. Plus brutal avec ces nombreux blasts et ces influences Suffocation encore mêlées de bon vieux Cannibal Corpse, plus groovy et efficace (les petites touches Dying Fetus), plus sombre, plus mémorable et arborant toujours cet enivrant parfum old-school des années 1990, ce troisième album du quatuor de la Rioja se présente comme une vraie bonne surprise qui fait plaisir. L'une des meilleurs sorties Xtreem Music depuis longtemps et l'un des albums de death metal à écouter cette année décidément riche en la matière.
| Keyser 18 Août 2020 - 1368 lectures |
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