Fulci - Duck Face Killings
Chronique
Fulci Duck Face Killings
Avec Tenebro, Fulci représente aujourd’hui l’autre visage du Death Metal horrifique italien. Une réputation déjà solidement installée que le groupe originaire de Caserte, petite agglomération située au nord de Naples, entend bien faire accroitre en cette année 2024 grâce à la sortie d’un quatrième album (vous m’excuserez de ne pas compter The Morrisound Session comme tel) sur le label américain 20 Buck Spin.
Formé en 2013, le groupe dont le nom est un hommage évident au célèbre réalisateur italien Lucio Fulci (Zombi 2, Paura Nella Città Dei Morti Viventi, E Tu Vivrai Nel Terrore - L’aldilà, Quella Villa Accanto Al Cimitero...) a longtemps évolué sous la forme d’un trio avant d’être rejoint l’année dernière par un second guitariste en la personne d’Ando Ferraiuolo (producteur attitré de Fulci depuis 2015 et la sortie de Opening The Hell Gates) mais aussi et surtout d’un batteur constitué de chair et de sang en lieu et place d’une batterie synthétique certes tolérable mais néanmoins... synthétique. C’est un certain Edoardo Nicoloso (que l’on peut également entendre chez Haddah depuis 2023) qui a été choisi pour l’occasion. Une annonce quelque peu inespérée puisque si cette boîte à rythme n’a jamais vraiment portée préjudice aux Italiens et à leur Death Metal, nous étions tout de même nombreux à espérer secrètement que le groupe se dote enfin d’un véritable batteur. Dix ans après ses débuts, c’est désormais chose faite...
Intitulé Duck Face Killings, ce nouvel album paru il y a quelques jours seulement est inspiré d’un film de 1982 intitulé Lo Squartatore Di New York (L’Éventreur De New York) dont on va d’ailleurs retrouver plusieurs samples tout au long de ces trente-deux minutes. Si ce titre a de quoi surprendre et peut-être faire sourire, sachez qu’il en va de même du synopsis : « Des jeunes femmes sont retrouvées assassinées, éventrées dans des conditions particulièrement atroces par un tueur connu pour être doté d'une voix de canard. ». Pourtant, croyez-moi, les Italiens ne sont pas là pour amuser la galerie.
Enregistré par Stefano Santi (Coldborn, Cripple Bastards, Extirpation, Forgotten Tomb, Lvcifyre, xInstinctivex...) et mixé une fois encore par le guitariste Ando Ferraiulo, ce nouvel album est également passé entre les mains de monsieur Arthur Rizk. Une collaboration de choix à laquelle cette signature sur le label de Pittsburgh n’est probablement pas étrangère... Quoi qu’il en soit, la production est globalement satisfaisante même si le trigg sur la batterie (et notamment la grosse caisse) nous empêche d’apprécier pleinement la présence d’Edoardo Nicoloso derrière les fûts.
Si à l’instar de Tenebro, Fulci partage ce même amour inconditionnel pour le cinéma d’horreur italien et le giallo en particulier, ses sources d’inspirations musicales ne sont cependant pas tout à fait les mêmes. Certes, le nom de Mortician peut effectivement être avancé dans les deux cas mais c’est probablement le seul groupe que les deux formations italiennes partagent en commun. Dotée d’une fibre Hardcore nettement plus évidente, la musique de Fulci évoque davantage la scène Death Metal new-yorkaise avec en ligne de mire des groupes tels que Suffocation, Dying Fetus, Pyrexia, Skinless, Internal Bleeding, Dehumanized et j’en passe. Ainsi, bien que l’entame soit quelque peu poussive au son de ce "Vile Butchery" sympathique mais pas non plus exceptionnel et que celle-ci soit suivie dans la foulée par un titre instrumental signé TV-Crimes (artiste italien de Synthwave avec lequel Fulci a déjà collaboré par le passé) dans un esprit résolument années 80, on va rapidement se faire embarquer par ce Death Metal de babouins qui, s’il ne révolutionne rien, n’en demeure pas moins particulièrement efficace et addictif. Une formule que le groupe pratique aujourd’hui depuis plus de dix ans et caractérisée par des titres courts et directs (rarement plus de trois minutes), une approche à la fois brutale et un brin technique et surtout un groove absolument irrésistible capable de mettre tout le monde d’accord. Car si les ficelles sont effectivement bien connues, que les riffs et les structures ne paraissent jamais trop compliqués et que d’un titre à l’autre la recette semble également se répéter sans trop de variations ni de nouveautés, force est pourtant de constater qu’il est bien difficile de résister à tous ces riffs naviguant entre Brutal Death, Death / Thrash et Hardcore ainsi que toutes ces séquences chaloupées taillées pour taper la tête contre les murs ("Fucked With A Broken Bottle" à 0:42, "Morbid Lust" et sa première partie pleine de groove, "Maniac Unleashed" et ce break à rendre zinzin n’importe quel amateur de Hardcore, "Slashereality" à 1:03, Human Scalp Condition" à 0:25, "Duck Face Killings" à 0:49, "Rotten Apple" à 1:45 et ainsi de suite jusqu’à la fin ou presque).
Lorsqu’il n’est pas occupé à jouer les primates bas de plafond, Fulci nous régale de passages plus nerveux. Quelques accélérations tantôt franches et soutenues comme c’est le cas sur "Vile Butchery" à 0:19 et 1:30, les premières secondes de "Fucked With A Broken Bottle", "Rotten Apple" à 0 :24, "Sadistic Murder" à 0:44 ou "Stabbed, Gutted And Loved" à 0 :24 tantôt plus tranquilles comme sur les plus thrashisant "Morbid Lust", "Maniac Unleashed", "Slashereality", "Human Scalp Condition" ou "Duck Face Killings". Notons également le soin apporté à toutes ces mélodies, notamment lors de ces leads et autres solos d’excellente facture entendus un petit peu partout tout au long de cette très sympathique demi-heure. Un travail qualitatif qui apporte un plus à chaque composition et permet au passage d’amener un brin de relief et de nuance à l’ensemble tout en entretenant ces atmosphères horrifiques si chères à la formation italienne.
Enfin, même si sa formule n’a pas beaucoup évolué en onze ans de carrière, impossible de passer sous silence les quelques nouveautés constatées sur ce quatrième album. La première et la plus marquante est assurément le titre "Knife" qui voit Fulci collaborer avec le rappeur américain Mitchell Manzanilla plus connu sous le blase de Lord Goat et/ou Goretex (Non Phixion, Circle Of Tyrants, Goretex...). Si ce morceau s’avère malheureusement un peu court, le riff principal, le rythme général, l’ambiance menaçante et la prestation de monsieur Manzanilla en font cependant une composition particulièrement convaincante qu’on aurait voulu plus longue. Enfin, outre la présence de Sherwood Webber (Skinless) sur le titre "Human Scalp Condition", on retiendra également parmi les bonnes surprises de Duck Face Killings le titre instrumental "Il Miele Del Diavolo" qui vient conclure ce nouvel album au son d’un saxophone envoutant pour une ambiance new-yorkaise nocturne qui sent bon le polar rugueux des années 80.
Alors oui, le Death Metal de Fulci peut effectivement sembler limité, bas du front et un brin répétitif mais en plus de ces sonorités nouvelles insufflées avec beaucoup de justesse et de pertinence à ce quatrième album, les Italiens s’avèrent d’une efficacité absolument incontestable. Sans jamais renier tout ce qui fait le charme de Fulci depuis ses débuts en 2013, ce quatrième album retrouve l’équilibre qui faisait quelque peu défaut au très bon Exhumed Information (pour rappel, sur les dix titres qui le composent, cinq sont des morceaux instrumentaux parmi lesquels quatre concluent l’album) tout en poursuivant le chemin entamé. Bref, les Italiens continuent de rendre hommage à Lucio Fulci d’une bien belle façon et s’ils ne révolutionneront jamais rien avec leur Brutal Death Metal mâtiné de Hardcore et de samples horrifiques, il me paraît tout de même difficile de ne pas tomber sous le charme de cette formule parfaitement rodée et surtout extrêmement efficace.
| AxGxB 21 Août 2024 - 855 lectures |
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