Stass - Songs Of Flesh And Decay
Chronique
Stass Songs Of Flesh And Decay
Il y'a un peu plus de trois ans débarquait dans les bacs le très sympathique
« The Darkside » mis en boîte par un nouveau projet où l'on retrouvait Felix Stass de CREMATORY et le vétéran Rogga Johansson (pour une fois plus inspiré que d'habitude), complété par quelques vieux compagnons de route réciproques. Pratiquant un Death très classique où une pointe de mélodie faisait régulièrement son apparition, ce premier opus bien qu'étant très classique s'écoutait facilement et sans coup férir et l’on prenait plaisir à le ressortir régulièrement de son étagère, même si tout cela manquait parfois un peu de folie et de titres forts. De retour aujourd'hui aux affaires avec un nouveau batteur à ses côtés le binôme n'a pas changé son fusil d'épaule ni sa formule d'un iota, tant on va retrouver ici la voix si caractéristique de l'Allemand et les plans si reconnaissables du Suédois, qui surprennent cependant par une inspiration en légère hausse tant ses précédentes sorties de 2020 manquaient vraiment d'accroche et tournaient totalement en roue-libre. S'il n'a pas totalement perdu cette mauvaise habitude on a cependant la sensation qu'il s'est un peu plus foulé au niveau de ses riffs, du coup les solos signés là-encore Kjetil Lynghaug se retrouvent encore plus mis en valeur et l'on ne va pas s'en plaindre.
Car dès le départ « Dreams Of Rotting Flesh » va donner le ton de cet album en enchaînant avec fluidité parties rapides majoritaires et mid-tempo propice au headbanging, tout en y ajoutant un court passage au ralenti histoire d’aérer le tout, et qu’il ne soit pas trop linéaire et répétitif. Si l’ensemble se montre sobre techniquement et ne s’embarrasse pas de futilités la densité y est cependant présente, d’autant plus avec une durée générale courte (aucun morceau ne va au-delà des quatre minutes) qui évite ainsi l’écueil de la redondance qui n’est néanmoins pas absente sur le disque. Si cette erreur va être évitée dès la plage suivante via le très bon et remuant « Forest Of Bony Fingers » (qui fait presque office de suite à la précédente), en revanche il va y avoir un petit coup de mou dès le troisième morceau et le décevant « Beneath A Darkened Moon » qui joue le grand-écart mais se montre trop rapidement répétitif. Si l’on retombe dans les travers traditionnels du blondinet surbooké avec le sympathique (à défaut de mieux) « I Work At Night » et le redondant « Sounds Of Terror » - qui se contentent de reprendre en boucle les mêmes plans, la suite heureusement va regagner en accroche via des compositions toujours aussi basiques, mais par contre plus affûtées et entraînantes. Preuve en est le très bon « Fear Of The Living Dead » tout en médium remuant à souhait, et qui donne instantanément envie de taper du pied, à l’instar de « As The Seasons Bleach Your Bones » qui conserve la même base et rhétorique générale, sur une construction à la sobriété presque exemplaire qui annonce une conclusion du meilleur goût.
En effet la triplette de clôture va être probablement le meilleur moment de tout ce long-format, qui commence par le rampant et glacial « Skin That Peels Away » aux riffs coupant et gelés, avant d’enchaîner ensuite avec l’épique et guerrier « The Skeletons Are Ready » qui va faire monter l’ensemble en intensité jusqu’à atteindre son apogée avec le radical et presque Punk « Hatchet Lover », qui ne débande pas d’un iota et montre que l’entité garde une vraie accroche même en étant encore plus primitive dans son écriture. Du coup même si cette galette n’est pas exempte de tous reproches de par ses plans interchangeables, ses passages trop quelconques pour être marquants, et surtout une production ultra-plate et compressée qui manque clairement de puissance (et ne rend pas justice aux meilleurs moments présents ici), on arrive quand même à passer un bon temps du fait de la simplicité et de l’entrain général qui fait plaisir à entendre. Alors oui bien qu’étant sans prétention et légèrement décevant vu le pedigree de ses géniteurs (même si la prestation au chant est impeccable), il serait dommage de ne pas jeter une oreille sur ce disque au son rétro qui rend hommage à la scène de Göteborg des années 90. Continuant sur la lancée de son prédécesseur ce nouveau chapitre se digèrera aussi facilement sans prendre la tête de l’auditeur, tant il défoule et permet d’évacuer la pression accumulée, ce qui en cette année 2020 totalement délirante en matière de sanitaire décrassera les cages à miel même les plus bouchées et montrera à la fois que tout n’est pas si noir et désespéré ces derniers temps, et aussi que le style old-school a encore et toujours des choses à dire.
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