Carnation - Where Death Lies
Chronique
Carnation Where Death Lies
Révélé il y’a un peu plus de deux ans avec le très bon
« Chapel Of Abhorrence » on attendait avec impatience de savoir si le quintet allait récidiver avec son successeur, ou si les belles promesses entrevues n’étaient finalement qu’un feu de paille. Avec ses morceaux tous droits inspirés de chez CANNIBAL CORPSE ce premier chapitre confirmait que la scène Death Belge était en total renouveau, et qu’elle n’avait désormais en Europe rien à envier à celles de France, Grèce ou d’Allemagne. Fort d’un line-up inchangé et d’une expérience plus importante on pouvait supposer que ce nouvel album allait être supérieur au précédent, et de ce point de vue là on n’est pas déçu, car même si la recette reste la même il se montre plus travaillé et compact, sans perdre y en densité. Car sans être le disque de l’année l’ensemble va proposer suffisamment de bonnes choses pour qu’on y revienne fréquemment, avec plaisir et envie à l’instar de l’excellent « Iron Disciple » qui ouvre les hostilités de façon très convaincante.
En effet ce titre d’ouverture va donner le ton en mélangeant habilement les parties déchaînées et rapides avec celles plus lentes et en cassures rythmiques, où l’équilibre est imparable et le dynamisme constant, chose plus présente ici que chez son prédécesseur. Car là où celui-ci avait parfois tendance à tomber dans une certaine redondance ici rien de tout ça (du moins pour l’instant) dans ce deuxième chapitre où l’on trouve un groove bienvenu et une part plus importante laissée aux solos, qui avaient auparavant tendance à se faire rare. Jouant le grand-écart et montrant déjà toutes les facettes du groupe cette entrée en matière ne faiblit à aucun moment, et se prolonge avec le tout aussi réussi « Sepulcher Of Alteration ». Après un démarrage explosif la suite va proposer une musique plus sombre et rampante portée par un riffing des plus efficace où l’ensemble ne cesse de jouer les montagnes Russes, afin de proposer quelque chose de plus noir et angoissant, tout en conservant un classicisme assumé et une sobriété redoutable. Puis progressivement tout cela va grimper en accroche via des plans parfaits pour headbanger et taper du pied comme il faut, preuve en est avec le tribal et entraînant « Where Death Lies », qui outre le fait de jouer sur les extrémités rythmiques propose une partie centrale écrasante afin de densifier encore plus son propos, point que l’on retrouve sur le tout aussi suffocant « Spirit Excision ». Misant ici majoritairement sur un tempo bridé et ralenti on y trouve un côté putride et obscur des plus agréable où l’on se surprend à bouger la tête tranquillement, tant là-encore ça se montre ronronnant, aidé en cela par un gros boulot sur les leads qui n’hésitent pas à prendre de la place et de l’ampleur, sans jamais déborder ni en faire trop.
Il faut d’ailleurs saluer le travail effectué sur ce point tant leur présence fluide et fine amène un vrai surplus mélodique appréciable, que le tout soit brut de décoffrage comme plus posé. Ce mot sied parfaitement au très bon « Napalm Ascension » qui mélange les vitesses élevées et ralenties et conserve de bout en bout son attractivité, et ce même quand ça montre une facette plus directe et simple, à l’instar de la doublette « Serpent’s Breath » et « Malformed Regrowth ». Ici pas de quartier et ça s’encombre encore moins de fioritures tant ça tabasse et mise sur les accélérations les plus diverses, où seuls quelques bribes de ralentissements sont présents pour renforcer le sentiment d’urgence d’où émerge le chant puissant et impeccable de Simon Duson, qui a la bonne idée comme ses comparses de ne jamais en faire des tonnes. Cependant si jusque-là tout était impeccable et sans fautes de goût les deux ultimes plages ne vont pas être exemptes de reproches, tout cela à cause d’une durée excessive et aussi d’une certaine prise de risque osée et pas totalement aboutie. Car sur « Reincarnation » si une forme de luminosité apparaît via l’apport de claviers éthérés et planants (osant ainsi sortir des sentiers battus), il faut bien reconnaître que cela fait perdre en puissance générale d’autant plus que le rendu s’essouffle vite à cause d’une certaine linéarité, chose qui se confirme sur « In Chasms Abysmal » qui clôt les débats de façon décevante. Ici tout ce qui faisait l’attrait de la bande a disparu car celle-ci a tendance à vouloir trop en faire, et du coup à casser l’intérêt général tout en s’éternisant inutilement.
Cependant malgré cette fin en dent de scie il ne faut pas faire la fine bouche tant la grande majorité de ce long-format est nickel et passe comme une lettre à la poste, montrant que ces géniteurs ont pris du galon tout en poussant plus loin leur technique individuelle. Sans rien révolutionner (ça n’est pas d’ailleurs pas son but) la bande s’impose donc comme un des noms les plus intéressants de la nouvelle vague du Metal de la mort, confirmant qu’outre-Quiévrain elle est en pleine effervescence et des plus raffinées, à l’instar de son voisin Français d’ailleurs… comme quoi entre francophones et néerlandophones on se comprend finalement assez bien et on aime les mêmes bonnes choses.
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