Carnation - Cursed Mortality
Chronique
Carnation Cursed Mortality
Cela fait déjà trois ans qu’est sorti l’excellent
« Where Death Lies », et depuis ce temps on avait un peu perdu de vue le combo qui hormis la sortie l’été dernier d’un titre inédit et d’une reprise d’ENTOMBED s’était fait relativement discret, mais c’était pour finalement mieux revenir aux affaires. Car malgré un nouveau logo pour le reste rien n’a changé ou presque chez les Belges qui restent un modèle de stabilité en interne aussi bien du côté des membres que du label, et ce troisième album ne va en rien dépareiller avec les autres et continuer sur la même lancée que ceux-ci. Car pourquoi changer une formule efficace et qui a fait ses preuves, et de ce côté-là le groupe a fait son choix et il a parfaitement raison tant ce nouveau volet va proposer encore et toujours un bon gros Death très classique mais ultra-efficace, et qui possède suffisamment ce qu’il faut de violence comme de lourdeur pour passer un excellent moment... même si quelques nouveautés assez déroutantes vont surprendre l’auditeur et pas forcément pour les bonnes raisons.
Mais en attendant cela le quintet reprend où les choses en étaient restées précédemment et c’est tant mieux, car dès le commencement avec « Herald Of Demise » il nous montre qu’il n’a rien perdu de sa force et de son attractivité, en proposant ici une composition très classique sur le fond et la forme à l’ambiance légèrement horrifique qui lui sied parfaitement, tout en jouant sur l’alternance classique de vitesse endiablée et lourdeur pachydermique. Et après ce début réussi l’intensité va encore grimper en flèche avec la redoutable doublette « Maruta » / « Metropolis » qui va faire un malheur sur scène, tant son attractivité est sans limites et le rendu tout en variations hyper remuantes parfaites pour headbanguer, au milieu des quelques légers accents Punk et Swedeath redoutablement efficaces. Si ces deux morceaux vont véritablement défourailler et mettre au tapis toute tentative de résistance, on pourra aussi saluer le travail fourni sur le sombre et écrasant « Submerged In Deafening Silence » qui allie accents suffocants pénétrants avec des moments aux mid-tempo rampants de manière millimétrée, pour un résultat où la vitesse est mise un peu sur le côté et offre le passage le plus lourd de tout ce disque. Tout ça avant que ne déboule le classique et efficace « Cycle Of Suffering » qui sans se démarquer de la masse fait parfaitement le métier en jouant sur l’équilibre des forces, le tout avec une exécution sans failles et totalement dans l’esprit général et de ce à quoi la formation nous a habitué.
Cependant comme évoqué plus haut si ce nouveau long-format est le plus ambitieux jamais fait par ses créateurs il va aussi être le plus inégal et décevant, tant la machine jusque-là bien huilée va s’embourber à cause d’éléments modernes franchement ratés qui ne vont pas réussir à s’agglomérer correctement avec le reste proposé. Il suffit d’entendre la voix claire aux accents mélodiques et Metalcore sur « Replicant » pour se rendre compte qu’il y’a quelque chose qui cloche, car même quand le growl va revenir et l’énergie être à nouveau présente tout cela ne décolle jamais... à l’instar du tempo bridé et poussif. Jouant sur le modernisme et des arpèges doux le rendu ne colle pas et tout cela sonne forcé et sans éclats, ce qui sera encore constaté sur le syncopé et Deathcore « Dutroux » qui se montre trop vite linéaire. Là-encore l’écriture y est faible et le rythme reste lent et monotone sans qu’il y’ait véritablement de raisons de s’emballer tant cela sonne froid et synthétique, et il est de fait très compliqué d’arriver à rentrer dans cette composition qui malgré sa durée assez courte donne le sentiment de ne jamais vouloir se terminer... comme la longue conclusion « Cursed Mortality » qui ne va clairement pas redresser la barre. Nous balançant pratiquement dans les années 80 entre ses arpèges typiquement Hard Fm de l’époque et ses accents Power ballad (où un long lead mélodique retentit entre un chant doux et quelques versants électriques montant doucement en pression), tout cela ne sonne hélas jamais vraiment cohérent malgré l’évidente volonté de bien faire et d’oser prendre des risques en se montrant audacieux.
Si Georges Jacques Danton déclara le 2 septembre 1792 dans son discours devant l’assemblée législative : « il nous faut de l'audace, encore de l'audace, toujours de l’audace » on ne pourra pas lui donner tort tant cela est une qualité, et de fait on saluera le travail mené par les gars de la région d’Anvers qui ont eu envie d’explorer de nouvelles choses, bien que tout cela ne leur soit pas profitable vu que cette galette est trop inégale au final (et font d’elle la plus faible publiée par ses auteurs). Car ça n’est pas donné à tout le monde de mélanger les genres et d’y obtenir un rendu fluide, et on voit bien ici que les mecs n’ont pas encore l’expérience suffisante pour pouvoir sortir de leur zone de confort standardisée, où une fois encore ils prouvent qu’ils font mouche facilement et avec brio quand ils restent dans ce domaine qu’ils maîtrisent parfaitement. A voir donc si cette tentative d’évolution restera sans suite ou s’accentuera à l’avenir, en attendant il leur faudra faire attention s’ils persévèrent dans cette voie tant le risque de voir une partie de leur base s’effilocher avec le temps pour au final n’intéresser qu’une poignée de fans motivés, et donner du coup le sentiment d’un gâchis au vu de ce que les mecs avaient pu proposer au début de leur carrière.
DONNEZ VOTRE AVIS
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
AJOUTER UN COMMENTAIRE
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo
Par Jean-Clint
Par Troll Traya
Par alexwilson
Par Sosthène