Est-ce que ça allait être la bonne pour Embrional, cette fois ? Un premier album en 2012,
Absolutely Anti-Human Behaviors, prometteur mais avec encore une marge de progression importante. Puis un deuxième trois ans plus tard,
The Devil Inside, qui confirmait les prédispositions des Polonais en présentant quelques progrès tout en montrant toutefois encore certaines faiblesses. Et donc ce troisième volet au titre pas vraiment original de
Evil Dead, paru début 2019 en auto-production puis chez Pagan Records pour la version vinyle en juin. Pas simple pour le combo slave qui a entre-temps renouvelé tout son line-up autour de son fondateur Marcin Sienkiel alias "Skullripper", occupé aussi depuis 2017 à remplacer Necrosodom au poste de chanteur-guitariste chez l'un des tout meilleurs groupes nationaux de death metal, Azarath. Embrional voit ainsi le retour en ses rangs du bassiste Michał "Armagog" Samol (Throneum, ex-Arkona), qui faisait partie du line-up sur le premier opus
Absolutely Anti-Human Behaviors, et l'arrivée du batteur Dariusz "Młody" Plaszewski (Xaoz, Squash Bowels, ex-Dissenter) et du guitariste Tomasz Nowok (Devil Priest, Imperator, ex-Raging Death) qui a depuis quitté le navire.
Des changements qui, à l'image du titre
Evil Dead et de la pochette tous les deux dans la lignée des sorties précédentes, n'ont pas affecté le style de Embrional. La formation de Gliwice y poursuit sa maturation en peaufinant son jeu, nous présentant une tracklist moins remplie, sans instrumental, mais des morceaux un poil plus longs, techniques et modernes. La suite logique du disque précédent. Sans aller jusqu'à qualifier d'originale la musique du groupe, celui-ci se démarque toutefois un peu de la scène polonaise typique en proposant un death metal centré sur une ambiance travaillée, malfaisante et vicieuse à l'instar de ce growl assez sadique et malsain. En particulier par le biais de dissonances très présentes. Ce n'est pas pour autant néanmoins que Embrional en oublie le bourrinage, juste que ce n'est pas sa priorité, encore moins sur ce
Evil Dead.
C'est là, entre autres, que le bât blesse. Car non, ce n'est pas encore pour cette fois pour Embrional qui régresse même dans mon estime. L'envie de sonner plus Immolation que le modèle de la scène polonaise Morbid Angel, quoique certains plans groovy et dark y font allusion, reste louable. Un album de death metal ne doit pas non plus nécessairement bourrer tout du long pour séduire. Sur ce nouvel album toutefois, Embrional lève trop souvent le pied. Il abuse de ces dissonances typiques du metal extrême moderne, déjà que je n'en suis pas friand. Trop de parties lentes ennuient. Ça passe sur la première minute lancinante du titre d'ouverture "Ending up on the Gallow", beaucoup moins sur les breaks de "Lord of Skulls", "Endless Curse" à 1'45 ou les intros des deux dernières pistes "Abomination" et "Damned by Dogmas" qui rendent le temps long jusqu'à la fin. L'opus évolue en plus sur un faux rythme constant pour se donner des airs menaçants, ne laissant s'exprimer les coups de sang qu'en de trop rares occasions. Conséquence, ça manque d'efficacité, de brutalité et de simplicité, la production un peu trop proprette n'aidant pas non plus. L'autre défaut majeur de
Evil Dead, ce sont les saccades, une autre plaie du metal moderne. Quelque chose que l'on avait déjà entrevu sur
The Devil Inside, plus poussé ici. Les musiciens ont le bagage technique suffisant et les références old-school qui vont bien, pourquoi s'abaisser à ce genre de pratique qui ne colle en plus pas avec le climat ambiant ? Pourquoi nous pondre des riffs bateaux sur de la syncope sans inspiration alors que les Slaves savent en composer des bien plus intéressants musicalement ? Oui vous, là, la fin de "Vileness...", "Lord of Skulls" (qui cristallise décidément tout ce qui ne va pas ici) à 0'37, 2'03 et 4'40, "Abomination" à 0'30, 2'10, 3'35 et 4'05 et "Damned by Dogmas" à 2'48 en alternance avec du blast pour encore plus de frustration.
Frustrant, voilà qui caractérise bien ce
Evil Dead finalement. Car le médiocre côtoie aussi le très bon. Et c'est quand Embrional se montre le plus frontal qu'il s'avère le plus convaincant. Quand il blaste en gros, même s'il ne le fait souvent qu'en courtes rafales. Quand il invoque ces riffs dark savoureux en tremolo aussi ou quand il se lance dans des solos réussis démontrant un feeling mélodique bien réel ("Vileness..." à 3'48, "Inhuman Lusts" à 3'35, "Abomination" à 2'34, "Damned by Dogs" à 2'50 et 5'04). L'ambiance sombre et sournoise (au plus proche de la signification du "evil" du titre) dans laquelle se trouve plongé le disque se révèle également plutôt prenante en dépit d'une production qui manque de sale. Comme quoi Embrional n'a pas non plus tout perdu. Mais trop mollasson et handicapé par ce côté cul entre deux chaises old-school (émanations Immolation) et new-school (dissonances et saccades) qui excite autant qu'il frustre,
Evil Dead n'en demeure pas moins une déception. Vraiment dommage pour un groupe que j'avais ciblé comme à suivre de très près parce que j'avais cru y déceler un potentiel très intéressant, lui qui réussit à développer une certaine forme de personnalité et à sonner un peu différemment de ses autres collègues polonais tout en y restant attaché. Mais désolé, je m'ennuie ici trop souvent pour réitérer mes félicitations. Pour ceux aimant les dissonances à tout va, ceux plus ouverts d'esprit que moi quand il s'agit de death metal, n'ayant rien contre les ambiances insidieuses au détriment de l'agression constante,
Evil Dead aura peut-être su trouver preneur. Il ne manque pas de qualités après tout, je ne les ai pas cachées et ce n'est pas comme si
Evil Dead était à balancer aux ordures. Quand on me déçoit, je ne tire pas tout de suite un trait mais je reste méfiant. Je guetterai ainsi tout de même le prochain album, juste d'un peu plus loin.
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