Sortie l’année dernière en toute confidentialité sur l’excellent label Stygian Black Hand (Antichrist Siege Machine, Left Cross, Occult Burial, Spite...), la première démo de Gravesend intitulée
Preparations For Human Disposal n’a pourtant pas manqué d’attirer l’attention de quelques labels désireux de mettre la main sur un groupe prometteur. À ce petit jeu là c’est 20 Buck Spin Records qui a été le plus fort et a ainsi pu offrir un deal aux New-Yorkais pour la sortie ce mois-ci de leur premier album intitulé
Methods Of Human Disposal.
Si vous aviez déjà lu ma chronique de
Preparations For Human Disposal rédigée l’année dernière, vous aurez probablement vitre compris qu’entre le titre et l’artwork, Gravesend a choisi de rester dans les mêmes thématiques. D’ailleurs, à y regarder de plus près, on remarque que quatre titres de la démo on trouvé place ici ("Methods Of Human Disposal", "End Of The Line", "Verrazano Floater" et "Scum Breeds Scum"). Sachant qu’au total, ce premier album compte tout de même quinze morceaux et que cette première démo n’est sortie qu’en cassette, on ne leur en tiendra pas rigueur.
Alors quoi ? Et bien la même chose qu’auparavant mais en plus long, tout simplement... Donc non, Gravesend n’a bien évidemment pas changé son fusil d’épaule et continue de marcher à grand pas dans les traces de groupes tels que Revenge et autre Antichrist Siege Machine. Rien de bien nouveau en somme... Sauf que si tout cela n’a effectivement rien d’original, le trio new-yorkais continuer de s’imposer par la force avec pour terrain de jeux la ville de New-York et ses coins les plus crades et mal-famés (pour les curieux qui ont envie de voyager, je vous invite à jeter un petit coup d’oeil au sympathique clip du bien nommé "Needle Park"). Bref, Gravesend n’est pas là pour amuser la galerie et c’est très bien comme ça.
Si sa force de frappe évidente est assurément l’un de ses plus gros atouts (un Black Metal sauvage et intense mêlé à un Grindcore des plus virulents saupoudré d’éléments électroniques bien anxiogènes), on retiendra également l’impact de cette production particulièrement lisible, puissante et abrasive qui permet d’en prendre effectivement plein la gueule sans avoir à déchiffrer les riffs de guitares et autres subtilités de ce genre. Non, tout ici est très clair et ne sert qu’un seul but, instaurer un climat de peur et annihiler toute forme de vie et d’espoir. Ce sentiment de peur et d’angoisse, Gravesend va très vite se charger de le faire peser sur nos épaules grâce à deux introductions particulièrement bien fichues. Avec "Fear City", le trio new-yorkais va jouer la carte d’une ambiance synthwave angoissante façon film d’horreur des années 80 sur laquelle va venir se caler le sample d’une dispute particulièrement véhémente avant d’enchaîner avec "STH-10", un titre instrumental explorant des sonorités mid-tempo aux couleurs presque militaires. Il faudra attendre cette relecture de "Methods Of Human Disposal" pour s’en prendre une comme il se doit.
Alors c’est vrai, Gravesend n’a pas grand chose d’autre à offrir qu’une version plus accessible de ce que propose déjà Revenge (et avant lui Conqueror et encore avant lui Blasphemy (et même Antichrist)) depuis maintenant plus de vingt ans. Mais franchement, vu la dérouillée infligée ici, cela n’a pas beaucoup d’importance. On va ainsi retrouver tout ce qui fait le sel de la formation d’Edmonton à commencer par ces fameuses descentes de manches si caractéristiques des Canadiens, ces assauts impitoyables menés à coup de riffs ultra abrasifs aussi simples que redoutables et autres salves de blasts particulièrement soutenus, ces breaks imparables qui n’ont pas fini de briser des nuques et ce groove efficace qui en découle, cette voix ultra haineuse qui va dégueuler sa bile à la face du monde et puis finalement cette impression d’être au milieu d’un champs de bataille et d’en prendre plein la tronche sans pouvoir reprendre son souffle. Non, tout ça ne respire pas la grande intelligence ni l’originalité mais alors en terme de résultat escompté, on peut dire que Gravesend a atteint ici ses objectifs en mettant l’auditeur à genoux.
Alors oui, on trouve bien quelques petites subtilités qui font de Gravesend un groupe qui ressemble à Revenge mais pas tout à fait quand même (je dis ça pour les relous du clavier). Cette production, on l’a vu, en est une. On pourrait également évoquer cet intérêt pour les titres ou passages "ambient" sur fond de synthétiseur pour le moins angoissants ("Fear City", "Eye For An Eye") ou ces mid-tempos brises-nuques peut-être un poil plus développés ici mais dans l’ensemble on reste dans un registre très similaire à celui des Canadiens. Quoi qu’il en soit,
Methods Of Human Disposal ne manquera pas de faire son petit effet parmi les amateurs de ce genre de douceurs aussi radicales.
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