Une musique qui doit tout à
Celtic Frost, mais jouée depuis le sulfureux pays d’où sont issus
Horn of the Rhino et
Teitanblood : l’affaire Totengott, pour toute simple qu’elle puisse paraître, ne manque en réalité pas de particularités.
Une simplicité presque trop primitive au premier abord, tant les riffs des Espagnols semblent user d’une nostalgie pour un metal d’archéologue, rendu compact par les années sous terre. Doom, black, thrash, un feeling punk parcourant ces trois titres où la lourdeur du son n’empêche pas la violence des soubresauts : clairement, ce groupe ayant débuté comme un hommage à la formation suisse n’est pas là pour faire évoluer le genre, l’archaïsme des instruments et d’une voix déclamée renvoyant à une période d’avant les classifications, une préhistoire où tout était encore en gestation.
Sauf que, une fois dépassé un premier regard circonspect sur ce que ces quarante-quatre minutes peuvent bien apporter de plus que ce que l’on a déjà de metal rétrograde en plusieurs exemplaires,
Doppelgänger finit par installer une ambiance et une manière de s’inscrire dans le passé bien à lui. Entre les charges de
To Mega Therion, la théâtralité de
Into the Pandemonium et la solennité de
Monotheist, Totengott choisit de ne pas choisir, filant à tout crin vers le cornu dans une chevauchée aussi guerrière que sensuelle. Oui, il y a dans ces élans quasi-crust, dans ces passages doom véhéments, d’une austérité qui donne pourtant la sensation que l’au-delà est à notre porte, une identité que le trio attrape sans en faire grand cas, la jouissance d’être dans la maison de la Bête comme fil rouge. Une constance qui finit par emporter, donnant autant envie de crier un « UGH » de plaisir dès l’entame de « Delusion of Negation » que laissant l’esprit divaguer sur des images de terres arides et sauvages, un soleil de charbon éclairant un sol calciné.
Une vie dans le territoire des enfers où l’homme natif de ces lieux hurle et se bat, comme l’on se bat pour soi et son espace : voilà ce que cet enfant des mines devenues paysages extérieurs transmet, finissant de rendre
Doppelgänger plus inédit qu’il peut en donner l’air. Pour autant, qu’on ne se trompe pas sur qui regarde tout cela avec un œil lointain et conquérant... Totengott hurle vers ce dieu mort, dans une épopée ultrametal aux riffs sans nul doute loin d’être neufs, mais dotés de la vigueur et de la force – oui, on peut être lent et vigoureux ; si vous ne me croyez pas, demandez à la masse qui met toute son énergie à vous exploser le crâne lors de « Satan Beside You » – des premières fois et leurs milles possibles.
Doppelgänger, s’il n’est pas qu’un jumeau, est bien maléfique comme on cherchait à l’être dans la radicalité d’une époque révolue. Une époque que les Espagnols dessinent avec un regard bien actuel, s’aidant d’une production qui, pour être juste, maquille parfois quelques redondances encore trop présentes (chose à laquelle on peut s’attendre quand on voit la durée des trois morceaux ci-présents). Mais la sensation de contempler les débuts d’un monde diabolique se faisant dans les cris, la crasse et le sang – comme à chaque naissance ! – est forte pour qui goûte un metal mythologique, aussi bien dans les thèmes qu’il développe que dans son exécution. Pour ma part, il n’en faut pas plus pour faire de Totengott un nouveau groupe de cœur, considéré tel qu’il demande à l’être bien trop tard.
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