Thrash Metal Attack 2

Dire qu'il n'y a pas eu beaucoup de promo pour ce Thrash Metal Attack 2 relève de l'euphémisme. Je n'en ai d'ailleurs découvert l'existence que sur le MySpace d'EVIL ONE alors que d'habitude les groupes ou les orgas innondent les forums de publicité. Après avoir repoussé à maintes reprises de voir les Français sur scène (je m'en veux encore d'avoir raté la date avec Violator!), il était temps de se bouger le cul. Malgré le choix de la salle, le Klub à Châtelet, dans laquelle je n'ai connu que des désillusions (c'est ça aussi d'aller voir Karjalan Sissit, 'm'apprendra à vouloir faire plaisir!), j'étais donc ravi d'assister à ce concert en petit comité.

Et ça commence mal puisque Speed, batteur d'EVIL ONE, m'annonce qu'ils ont perdu les Brésiliens de RED FRONT et que le show va débuter avec pas mal de retard vu que ce sont eux qui ont le van et le matos! Décidément, cette salle est maudite! Mais tout va finalement rentrer dans l'ordre et les hostilités vont pouvoir s'ouvrir vers 20h. Et c'est donc au combo de São Paulo de chauffer le public. Un objectif que RED FRONT va atteindre haut la main. Pas que sa musique soit géniale, c'est même plutôt mauvais, sorte de thrash/power moderne virulent avec power chords simplistes et génériques à foison et chant hurlé passe-partout, rehaussé de brutalité par quelques titres plus rapides et hargneux. Mais le groupe dégage une énergie incroyable sur scène et une bonne humeur communicative. Que ce soit le petit chanteur à crête, très fort pour haranguer le public et le faire participer (pour les chœurs de "Circle Of Hate" notamment) et bouger, allant même jusqu'à pogoter avec lui, ou l'un des guitaristes qui n'hésite pas à traverser la salle (un voyage très bref cela dit) pour faire l'idiot. De quoi mettre dans sa poche le public, constitué d'une quarantaine de personnes, qui pogote et headbangue dans une ambiance festive bon enfant. Le son est brouillon, les conditions un peu à l'arrache dans cette minuscule salle du bas qui fait penser à une cave, la musique pas terrible mais ce n'est pas grave, on s'amuse bien et RED FRONT compense par une conviction exemplaire et une réelle joie de jouer qui font plaisir à voir. Le clou du spectacle? La reprise de "Territory" de Sepultura, ultra efficace! Au bout d'une quarantaine de minutes, RED FRONT, tout sourire, quittera la "scène" et remerciera le public d'être venu et de les avoir bien accueillis. Des mecs super sympas, qui distribueront même gratuitement une démo 4 titres à tout le monde. C'est qu'on aurait presque eu envie d'acheter leur album!

On enchaîne avec EVIL ONE. J'étais venu pour eux histoire de voir ce que donnaient en live les titres de l'excellent nouvel album Militia Of Death, surtout avec le nouveau chanteur Alexis du combo heavy Hürlement. Moins d'ambiance ici que pour les Brésiliens mais musicalement, le niveau s'est élevée de plusieurs étages et on a assisté à la meilleure performance de la soirée. EVIL ONE manque toutefois encore un peu de prestance scénique et de charisme, certains membres se montrant trop timides. Heureusement, les Français rattrapent le coup avec une bonne communication avec le public. Pour le reste, c'était nickel! Même le son, assez confus au début avec trop de basse, va s'améliorer. On aurait juste pu entendre mieux les solos, souvent réussis et plein de feeling. Le groupe a partagé efficacement sa setlist entre ces deux albums, donnant l'avantage aux titres thrashy rapides propices aux bousculades ("Militia Of Death" en ouverture, "Thrashback", "Evil Never Dies", "Perverse Morality", "Wounds Of War", "Straight To Hell"), sans oublier les morceaux plus mid-tempo, véritables hymnes pour taper du pied et secouer son chef ("Baptized By Fire", "Suicide Fanatics", "Feel The Pain"). Quant au nouveau frontman, le choix d'Alexis semble naturel. Plus technique, plus juste que Fred tout en évoluant dans le même registre heavy ce qui permet de ne pas dénaturer les morceaux, le bonhomme se révèle un remplaçant de choix. Avec une bonne bouille et un air franchement sympathique, ce qui ne gâte rien. Et il aura tout compris en avouant adorer cette salle parce que quand il y a 20 personnes, on a l'impression qu'il y en a 200! Bref un très bon concert d'un groupe qui mériterait une plus grande renommée.

HEADBANGER prend son temps pour installer leur matériel et ne démarrera son set qu'après 22h15. Pour la musique par contre, les Polonais se font beaucoup plus pressés. Welcome back to the 80s, avec jeans moulants et chaussures blanches à grosse languette. Le chanteur/bassiste ressemble à Kirk Hammett à ses débuts, 20 cm en moins. Et justement, le trio est très influencé par Metallica époque Kill 'Em All, en plus punk encore. Alors c'est sûr les riffs sont plutôt simplistes et répétitifs et le batteur ne semble connaître qu'un seul beat mais alors quelle efficacité sur scène! Lancé dans les pogos à répétition et le secouage de moumoute en série, le public n'a pu résister au thrash/punk/crossover de titres comme "Ready to Strike", "Brutal Revenge" ou "Nuclear Mosher". Tellement clichés mais tellement jouissifs aussi, avec le son à l'arrache qui va avec. Un vrai régal, un peu lassant à la longue toutefois et les 45 minutes du set d'HEADBANGER suffiront largement. Une petite reprise d'"Hit The Lights" en rappel pour la route et on dira au revoir à un trio pas forcément extraordinaire en terme de composition mais qui a su faire gigoter les spectateurs comme il faut. Un groupe qui porte bien son nom!

Pour une fois qu'un concert au Klub se passe bien! J'ai eu le plaisir de voir enfin EVIL ONE sur scène et de découvrir HEADBANGER, des jeunots encore un peu justes et trop marqués par leurs influences mais qui ont le potentiel pour percer. Quant à RED FRONT, s'il y a encore beaucoup de progrès à faire pour rendre leurs morceaux intéressants, j'ai rarement vu un combo dégager un énergie si communicative. En résumé, une affiche variée montrant trois visages différent du thrash, un moderne (RED FRONT), un plus heavy et mélodique (EVIL ONE) et un autre punky à souhait (HEADBANGER). L'affluence n'était pas extraordinaire (normal vu le manque de promo et l'affiche underground en même temps) mais c'était bien suffisant pour un show de club intimiste à l'ancienne comme on les aime!