Malgré de nombreux problèmes d'infrastructures avant un concert que j'attendais avec grande impatience, c'est bien accompagné par deux amis chers que je pars pour Toulouse ce 18 mai 2012 afin d'assister au HeathenSnake Fest I organisé par l'association Snakebit qui existe depuis 2004 et qui a toujours proposé des affiches attrayantes dans le Sud de la France. Diantre, le Sud, voilà une région qui ne brille pas par son public et la déception qui nous attendais ce soir là est à la hauteur de cette réputation qui lui colle à la peau malgré les bons voire excellents concerts proposés aux auditeurs de musiques extrêmes (CATHEDRAL il y a quelques temps déjà, INQUISITION en septembre dernier, OSCULUM INFAME plus récemment...). Ce soir, en plus, il y a un autre concert dans la même ville, qui plus est dans une salle mieux située que cette très spacieuse salle appelée Aéro, qui diffusera toute la soirée un son vraiment excellent pour des groupes qui auront l'occasion de montrer à une faible assemblée tout leur talent. En outre, ce festival est pensée de manière très ingénieuse, un peu à la manière du Cernnunos Fest parisien: outre son « ouverture » réalisée par un binôme officiant dans une musique traditionnelle (chansons à boire, danses diverses), chaque changement de plateau est gratifiée par un interlude « païen » gommant cette attente parfois pénible entre les groupes : une excellente initiative des membres de Snakebit Productions qui propose une atmosphère très cohérente pour sa belle affiche composée par la quintessence du Black Païen français actuel : HIMINBJORG, CRISTALYS et AORLHAC se disputent la tête d'affiche tandis que PESTIFERUM et SIGILLUM DIABOLICUM défendent les valeurs du Black Metal traditionnel. Que faudrait-il de plus pour attirer les clampins du Sud ?
C'est SIGILLUM DIABOLICUM qui va chercher à y répondre le premier. Que c'est agréable de se dire que même les groupes soi-disant de « première partie » peuvent être attrayants dans un concert de cette envergure ! Néanmoins, quel dommage que le temps ait joué contre ces clermontois qui existent tout de même depuis un bon petit moment (début des années 2000 si je ne m'abuse), dotés d'une démo
Dégénérescence d'un Monde Souillé que j'avais eu l'occasion de voir défendue sur scène dans ma ville il y a de ça quelques années déjà. Depuis, le groupe a progressé et ses
Chroniques de l'infamie furent, rappelez-vous, une de mes révélations de la scène Black Metal française en 2010 et eurent l'occasion d'être défendue « à domicile » durant deux dates vraiment bonnes de la part de ce bon groupe. Les amateurs de ce Black Metal qui sent fort les cales du port de Toulon retrouveront avec plaisir le très efficace « La théorie des rats » précédé de deux morceaux à paraître dans un prochain album que beaucoup attendent, même après le peu de temps laissé aux Auvergnats pour un set d'une durée de 20 petites minutes qui s'achèvera de la meilleure des manières avec la reprise excellente du morceau de SEIGNEUR VOLAND, « Aigle Conquérant (Titus Victorieux) » réveillant les quelques pèlerins venus assister au concert devant la haute scène de l'Aéro et qui peupleront cet endroit quasi-désert toute la soirée. Quel gâchis, de dieu ! Mon regret de n'avoir pu les voir jouer plus longtemps est proportionnel à l'impatience d'entendre de nouvelles choses pour ce groupe trop sous-estimé que l'on ne voit pas assez souvent à l'affiche hors de nos terres communes.
Setlist :
« Intro »
« La Ka’ba »
« Les Grands Pères »
« La théorie des rats »
« Aigle Conquérant (Titus Victorieux) » (SEIGNEUR VOLAND)
Photos, par Abellion (mille mercis mon vieux!) :
Leur succède alors PESTIFERUM qui avait d'ailleurs eu l'occasion de sortir avec eux un split en 2010,
Cum Animus Hominum Tenebris Ducitur. Une grosse puissance s'allie alors à une grosse dose d'alcoolisme pour laisser place à un Black Metal traditionnel sans concession qui fait carrément mouche en live. Le son est énorme et bien accentué par les coups de boutoirs de la section rythmique, il met bien en valeur les hymnes d'un groupe versé dans un amour visible du rock 'n roll plus que du Black Pagan qu'ils avaient tendance à proposer sur album. Corpse paint, tête de bouc accrochée au cou, bonne gnaque et bon enthousiasme de la part des cinq gonzes : l'atmosphère qui prend place s'impose pendant une quarantaine de minutes dont tout le monde profitera, mettant en place une ambiance « acceptable » dans la fosse, malheureusement toujours composée de dix pèlerins amoureux de ce Black Metal traditionnel. Certains savourent la claque que met PESTIFERUM avec des morceaux tels que « Le Supplice de Judas », « Sur vos Carcasses Fumantes » ou encore le dernier morceau qui forcera le respect, d'autres préfèrent prendre un air méchant, montrant leurs beaux patchs en croisant les bras et en faisant coucou aux étoiles pour les plus débiles d’entre eux... la petite clique habituelle de Blackouzes un peu couillons du genre « pose ton peigne et viens me sucer » était -malheureusement pour les organisateurs et toute leur bonne volonté- également présente. Mais c'est conforté dans ma volonté de suivre ce groupe ainsi que les projets annexes de ses membres (pensons à AVEN notamment, très bon projet solo dont on risque d'entendre parler dans les prochains mois) que je sors de ce concert avec une grande satisfaction : voilà des types qui savent prendre possession d'une salle et l'habiter de tout leur talent, aussi grande soit-elle !
Photos, par Abellion (respect éternel mon frère!) :
S'ensuit alors, après un interlude traditionnel encore totalement dans le ton (bravo à ces deux musiciens émérites!), la prestation des Auvergnats d'AORLHAC que je voyais ici pour la troisième fois. Cet HeathenSnake Fest est la preuve ultime qu'un son excellent sied à merveille à ces défenseurs du patrimoine régional auvergnat et occitan qui montent à six sur scène, prenant possession de cette belle scène de l'Aéro pour un set d'une quarantaine de minutes légèrement amputé par le temps. Alternant entre les titres de leur premier opus et de leur très bon
La Cité des Vents de 2010, leur set est équilibré et ne laisse aucune place à l'ennui, tant la déferlante technique pensée comme une symphonie entre trois guitares qui se complètent fort bien semble maîtrisée. L'importance de la section rythmique n'est pas non plus à négliger, puisqu'on entend très bien une basse bien gaulée et que la batterie est surpuissante grâce à Ardraos (SÜNHOPFER). Avec ce chanteur Spellbound qui hurle ces paroles poétiques bien ficelées sur des morceaux qui reprennent des airs traditionnels, comme « Sant Flor, la cité des Vents », l'hommage à notre belle cité cantalienne sur lequel les cœurs de NKS se calent à merveille, ou encore sur des morceaux plus « heavy » comme « Le Charroi de Nîmes » qui fait toujours son effet en live. On pourra juste regretter l'absence d'un excellent morceau comme « La Guillotine est fort expéditive » qui pourrait s'avérer franchement terrible en live. Après leur dernière split en date,
La Maisniee du Maufe - A Tribute to the Dark Ages, voilà encore un groupe dont il faudra suivre les sorties tout en attendant d'autres prestations live : toujours est-il que de tous les concerts que j'ai pu voir de mes collègues auvergnats, on tient là leur meilleur performance.
Setlist :
« Le Bûcher des Cathares »
« Plérion »
« Le Charroi de Nîmes »
« Sant Flor, la cité des Vents »
« Aorlhac »
« Mémoires d’Alleuze »
« Le Miroir des Péchés »
Photos, par Abellion (salut à toi, mon bon camarade!) :
J'attendais avec grande impatience CRISTALYS et leurs hymnes jouissifs écrits dans un Français fédérateur et exaltant, en grand fan de leur dernier opus
Suréminence que je suis. Après cette belle introduction samplée de ce dernier (« Hymne »), CRYSTALIS enchaîne sur des morceaux joués de manière très professionnelle, toujours avec cet engagement de la part de leur chanteur/guitariste Northail qui jette ses harangues au public tel un dictateur, en mettant sa main sur le cœur pour montrer à tous la foi qu'il a dans ses diatribes. Tantôt sous forme de touchants hommages à la Chouannerie, à Vlad Tepes (le très poétique « Ambre »), ou encore sous forme de manifestes guerriers comme « Force & Honneur » ou l'excellent « Gallus Malleus » pendant lequel je me suis efforcé de réveiller une microfosse composée par 6 personnes au bas mot, le Black Metal païen de CRISTALYS m'a clairement séduit. Une section rythmique qui fait le travail efficacement s'allie à une déferlante de riffs mélodiques tantôt joués sur un tempo bien rapide, tantôt posés sur une partie batterie plus lente et émouvante. Si je suis davantage touché par leurs derniers morceaux, que j'aurais aimé voir plus en nombre (un petit « Baise ma hache » n'aurait clairement pas été de trop), j'ai été séduit par ces rares Toulonnais qu'on devrait vraiment voir organisés plus souvent : sans aucun doute, le groupe est à sa place sur cette affiche ! À bon entendeur pour des affiches païennes de qualité comme ce festival qui s'annonce, après ces quatre première performances sans l'ombre d'une imperfection si ce n'est l'amputation malencontreuse de S.D., comme une franche réussite.
Photos, par Abellion (le meilleur des meilleurs !) :
C'est après un hymne occitan des plus touchants (un des apogées de la soirée pour le groupe traditionnel qui prenait place entre les morceaux) qu'HIMINBJORG prend possession de la scène pour une bonne heure de show qui mettra tout le monde d'accord. On voit très bien, à travers le charisme de Zahaah et la grande maîtrise technique de ses musiciens, que ce soit à la batterie, à la guitare ou au violon (quelle réussite, à l'image de sa prestation sur « Destin de Sang »), que ce groupe emblématique de la scène française n'a rien perdu de sa superbe, à l'image des vieux titres dont il nous abreuve ce soir. « In the Forest of the Demons from Within », « Rising », ou le plus vieux « In the Haze of the Summer Solstice's Fires » me font rentrer dans une transe païenne incommensurable, comme lors des deux précédentes fois que je les avais vu (à domicile et à Saint-Étienne)... 4 mois sans HIMINBJORG en live, que ce fût dur ! L'addiction me reprend aussi sec, surtout lorsqu'un « Death Of A King » rageur, accompagné par le fameux violoniste pour l'occasion, retentit à Toulouse. Ce titre issu de mon disque favori des Français,
Golden Age, rompt immédiatement le manque éprouvé pendant tout ce temps. Une batterie surpuissante, bien mise en valeur par un son proche de la perfection, assène ses coups de grosse caisse bien pesants et transcende par ses blasts et les mid-tempos bien sentis les morceaux comme « The Inverted Dimension » ou « It Was In Europe », joué lors d'un rappel des plus salvateurs. Mais mon coup de cœur de la soirée va a « Last Day In Alesia »... bien échauffé par une harangue d'un Zahaah visiblement bien en forme, ce morceau issu du très bon
Europa et ses accords contemplatifs très poignants en hommage aux ancêtres diffuse chez l'auditoire malheureusement toujours très réduits une fierté et une rage bien perceptible. Un titre presque funéraire et terriblement émouvant. Le set s'achève sur la traditionnelle reprise d'IMPALED NAZARENE qui stimulera une fosse de 5 personnes encore bien en forme malgré la fatigue et sur le rappel offert par ce groupe décidément culte. Après leur dernier opus qui date déjà de 2009, j'espère que ce groupe qui s'est beaucoup produit sur scène ces derniers temps va continuer leur belle aventure, à la fois en concert et en studio. Vivement le prochain concert et aussi, pourquoi pas, le prochain disque !
Setlist :
« Intro »
« In the Haze of the Summer Solstice's Fires »
« Death Of A King »
« In the Forest of the Demons from Within »
« Rising »
« The Inverted Dimension »
« Destin de Sang »
« Last Day In Alesia »
« The Horny and The Horned » (IMPALED NAZARENE)
« It Was In Europe »
Photos, par Abellion (fidèle parmi les fidèles!)
Pour finir, je souhaite adresser un grand merci aux groupes pour le bon moment qu'ils ont réussi à nous faire passer malgré tout, à l'association Snakebit Productions pour cette affiche de qualité supérieure pour qui aime, comme moi, le bon Black Metal et chapeau pour leur courage malgré les 75 participants, de même qu'à mon oiseau sauvage national Abellion pour ses belles photos ainsi que toute sa gentillesse et son sens excellent de la camaraderie, de même qu'à tous les personnes adorables présentes durant ce concert et avec qui j'ai passé un excellent moment avant, pendant et après cette tuerie, entités qui sauront sans aucun doute se reconnaître à travers mes mots. Il ne nous reste plus qu'à regretter la fin de l'association qui a été capable d'organiser une telle affiche, tout comme ces belles affiches mises en place depuis 2004. RIP, tout en espérant fortement que je me trompe.
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