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Untamed & Unchained 2014

Live report

Untamed & Unchained 2014 Mgla + One Tail, One Head + Possession + Svartidauði
Le 12 Mars 2014 à Paris, France (Orchidée du Cheval Blanc)
Située dans le 13ème arrondissement, à deux pas de la Butte Aux Cailles, L’Orchidée Du Cheval Blanc est une salle de réception de quartier (mariage, anniversaire, séminaire...) reconvertie depuis peu en salle de concert. Bien que je n’en ai jamais entendu parler auparavant, la salle n’en est pas à son premier coup d’essai puisqu’elle a déjà accueilli d’autres soirées du même genre (Totalselfhatred, Mortifiera, Dark Managarm…).
Dans cette rue piétonne aux abords de la rue de Tolbiac, bon nombre de personnes se sont donnés rendez-vous pour l’une des soirées Black Metal les plus intéressantes de l’année 2014. Particulièrement alléchante, l’affiche compte la participation des Belges de POSSESSION, des Norvégiens de ONE TAIL, ONE HEAD, des Islandais de SVARTIDAUDI et enfin des Polonais de MGLA (prononcez « mgwah »).

Sensée ouvrir ses portes à 18h30, la salle ne laissera finalement entrer le public que trente minutes plus tard, au compte goutte, afin de ne pas engorger l’entrée. Alors que je suis à seulement quelques pas de la caisse dans le but de m’acquitter des droits d’entrées, voilà que résonne le sample d’introduction de la démo de POSSESSION. Passé la porte vitrée me voilà donc au cœur de la salle qui effectivement ressemble beaucoup plus à une salle des fêtes de village qu’à une salle de concert professionnelle. Sol carrelé, bar familial avec poutres en bois sur le côté droit, tables et chaises poussées le long du mur gauche. Bref, il semble évident dès le premier coup d’œil que le spectacle vivant n’est pas vraiment son cœur de métier.

Les Belges de POSSESSION sont donc déjà sur scène lorsque je prends place dans la salle. Grimés de la tête aux pieds avec en sus une paire de lunettes de soleil pour le batteur, le groupe originaire de Bruxelles entreprend alors de présenter l’intégralité de sa courte discographie à un public déjà nombreux constitué d’ailleurs de quelques connaisseurs. Le groupe rentre rapidement dans le vif du sujet, délivrant un Black Metal bestial particulièrement old school. Simple dans sa composition, la musique de POSSESSION brille par son efficacité directe ainsi que par l’atmosphère qui s’en dégage. Déjà palpable sur disque, cette ambiance particulièrement evil et malfaisante prend ici toute son ampleur. On sent que les quatre garçons ne sont pas là pour amuser la galerie, Mestema menant cette prestation d’une main gantée infaillible. Le groupe enchaine ainsi les trois premiers titres de sa démo "Intro – Possession", "The Truth Of Cain" et "His Best Deceit" avant de poursuivre sur ce qui m’a semblé être un morceau totalement inédit intitulé "The Dark Ceremony". Et lorsque POSSESSION rencontre quelques ennuis techniques avec la guitare et surtout le micro, il semble évident que cela n’amuse pas du tout Mestema dont la voix écorchée réussie pourtant à trouver son chemin jusqu’à nos oreilles (au moins pour ceux situés devant la scène). Après ce titre supposé inédit, le groupe offre à découvrir les deux morceaux inédits figurant sur son prochain EP à paraître le 12 avril sur Iron Bonehead et Invictus Productions. Deux titres dans la lignée de ceux de la démo, soit un Black toujours aussi bestial et primaire particulièrement inspiré par la scène Sud-Américaine. D’ailleurs, POSSESSION terminera sa prestation sur son excellente reprise de "Necromancer" de Sepultura. Profitant de jouer à Paris, le groupe fera même appel aux services de Exekvtion, guitariste/chanteur du groupe Necroblood, pour les épauler dans cet exercice. Le public, déjà bien essoufflé par le set de POSSESSION, finira sur les rotules après un set particulièrement convaincant malgré un son pas toujours très bon (et souvent trop fort).

Avec une vingtaine de minutes de retard sur le planning annoncé, les Norvégiens de ONE TAIL, ONE HEAD prennent place à leur tour sur la scène de L’Orchidée Du Cheval Blanc. Inconnu de mes oreilles, je fais la découverte du groupe sur scène. Malheureusement, la qualité du son n’aide pas vraiment à rentrer dans la prestation du groupe Norvégien et il me faudra au moins deux titres avant de me laisser séduire par le Black Metal orthodoxe de la formation originaire de Trondheim. Mené par Luctus, également guitariste au sein de Behexen, le groupe propose un set plutôt rythmé grâce à un certain feeling rock’n’roll des plus agréables. Les riffs fusent, les blasts pleuvent alors que Luctus mène la danse tel un véritable frontman, haranguant la foule avec l’air d’un homme menaçant et possédé. Le public semble plutôt réceptif à la prestation des Norvégiens qui décidément mettent du cœur à l’ouvrage. Impossible de ne pas se laisser happer par ce set vicieux et malfaisant. Un set à l’énergie incroyablement féroce et crue à l’image de l’excellent "The Splendour Of The Trident Tyger". Pas de fioriture, juste du pure Black Metal craché avec haine et conviction. Chouette découverte pour ma part.


Les Islandais de SVARTIDAUDI étaient, semble t'il, pas mal attendus du public parisien. Il faut dire que leur premier album Flesh Cathedral s'était montré particulièrement convaincant, entre Black Metal orthodoxe traditionnel et séquences beaucoup plus atmosphériques. Cagoulés jusqu'à hauteur des yeux, les quatre Islandais investissent la scène avec l'envie indiscutable de marquer les esprits. Visuellement, le pari est réussi car le regard est tout de suite attrapé par ces visages grimés dont on a couvert toute la moitié inférieure par un voile noir. Pour ce qui est du reste, le groupe ne mettra pas bien longtemps avant de séduire un public parisien transporté par ce Black Metal froid et hypnotique. Malgré des morceaux dépassant aisément les dix minutes, SVARTIDAUDI réussit à conserver l'intérêt d'une assistance littéralement sous le charme noir de cette formation venue du grand Nord. Fort d'un équilibre parfait entre séquences soutenues et violentes, presque martiales, et passages beaucoup plus aériens et aliénants, le Black Metal de SVARTIDAUDI (qui d'une certaine manière rappelle parfois celui de Deathspell Omega et Blut Aus Nord) possède cette capacité à envoûter et à intriguer. Même si le son aurait pu être meilleur (comme pour tous les autres groupes de la soirée), il fut assez facile pour moi de pénétrer l'univers des Islandais, en partie grâce à ces riffs/leads mélodiques et hypnotiques particulièrement efficaces et surtout très inspirés et cette complémentarité évoquée justement un peu plus haut.
Bref, SVARTIDAUDI à livrer une prestation à la hauteur des espérances d'un public vraisemblablement ravis de goûter à ce Black Metal riche, extrêmement bien composé et tout aussi bien exécuté. Alors que je n'avais fait que survoler leur premier album, ce concert m'a convaincu de l'utilité de me pencher sérieusement sur ce Flesh Cathedral. Affaire à suivre.

Ayant loupé le duo polonais lors de leur précédente venue parisienne (à l'occasion du festival Black Metal Is Rising édition 2013), j'était assez impatient de pouvoir corriger le tir. Malgré une tenue vestimentaire beaucoup plus classique que celle de SVARTIDAUDI (jeans, veste en cuir, sweat capuche noir vissée sur la tête...), M. et Darkside, accompagnés pour l'occasion par deux musiciens de session, avaient décidé de cacher entièrement leurs visages derrière un voile noir, ce dernier laissant deviner un panel d’expressions totalement abstraites, défigurées et presque monstrueuses. M. poussera même le vice jusqu'à boire à travers ce voile sans même prendre la peine de le relever. Bien plus dérangeant que de quelconque masques, le choix de MGLA s'avère des plus judicieux en terme de rendu.
Le groupe évoluant sur scène depuis finalement très peu de temps (2012, quelques semaines après la sortie de son dernier album, l’excellent With Hearts Toward None), il s’avère que la setlist proposé par MGLA fût en tout point identique à celle de décembre au Glazart. Soit une setlist relativement variée bien que tournée principalement vers son dernier album en date. Pour accompagner ces titres les plus récents ("With Hearts Toward None IV, I, III, VII"), un titre de Groza ("Groza III"), un du EP Further Down The Nest ("Further Down The Nest I") et deux du EP Mdłości ("Mdłości I et II"). Si encore une fois, la qualité du son n’était pas tout à fait à la hauteur, cela ne m’a pas empêché de prendre un pied incroyable. Et a priori je ne fût pas le seul tant le public c’est déchaîné sur la prestation des Polonais. Car si MGLA n’est pas une bête de scène dans le sens ou chacun des musiciens fait preuve d’un stoïcisme incroyable, le groupe réussit néanmoins une chose particulièrement forte : imposer le respect par sa simple présence, par son aura gigantesque, par la puissance et la noirceur de sa musique, par la stature de ces quatre musiciens effrayants et menaçants, par l’atmosphère incroyablement noire qui se dégage de sa prestation, par ses riffs pourtant lumineux... Gros coup de cœur pour un set sans artifice partagé par un public encore sous le choc d’une telle prestation.

En conclusion et malgré des problèmes de sonorisation évidents, l’ensemble du public a passé en ce mercredi soir une excellente soirée. Difficile de choisir quel groupe a été le plus marquant à mes yeux. J’attendais beaucoup de POSSESSION qui ne m’a pas du tout déçu, bien au contraire. Je n’attendais par contre absolument rien de ONE TAIL, ONE HEAD dont je n’avais même pas pris la peine d’écouter un seul titre avant de venir. A l’inverse, j’ai été rappelé à l’ordre par SVARTIDAUDI qui a livré une prestation particulièrement hypnotique et violente . Enfin, MGLA m’a littéralement transporté ailleurs, dans un univers malsain et tourmenté, lumineux et pourtant sans espoir, froid et pourtant capable de rassembler. A refaire, sans aucune hésitation.

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