Enthroned + Mortuary Drape + Archgoat + Lvcifyre + Bestial Raids + Possession
Live report
Enthroned + Mortuary Drape + Archgoat + Lvcifyre + Bestial Raids + Possession Le 12 Avril 2014 à Bruxelles, Belgique (Magasin 4)
Quoique plus orientée black metal que ce à quoi je suis habitué, je n'ai pas hésité à faire l'aller-retour à Bruxelles ce samedi pour assister à cette affiche intéressante. Mais qu'on se le dise, si je me suis déplacé, c'est surtout pour le seul groupe de death metal de l'affiche, LVCIFYRE, qui devait jouer sa dernière pépite noire Svn Eater en intégralité. J'étais tout de même curieux aussi de voir POSSESSION, jeune groupe prometteur, ainsi que les cultes ARCHGOAT.
Départ à 6h de la région parisienne histoire d'arriver tôt et flâner dans les rues de la Capitale belge avant les hostilités. Moules-frites près de la Grand Place et gros ravitaillement de houblon au De Bier Tempel et ses 750 marques de bières différentes. Voilà ce que fut mon sympathique programme en attendant le début de la soirée vers 17h au Magasin 4, salle que je découvre en cette fin d'après-midi ensoleillé. Située dans un quartier peu reluisant, celle-ci ne paye pas de mine et ressemble plus à un hangar désaffecté qu'à une salle de concert. Un troupeau conséquent est déjà massé devant l'entrée là où un stand de nourriture de fortune s'est installé. Après avoir taillé le bout de gras avec quelques connaissances françaises, je m'engouffre dans la petite entrée pour découvrir l'intérieur de la salle, pas beaucoup mieux que l'extérieur. Un bar aux prix incroyablement bas pour un Parisien (1€ le Coca, 3,20€ la Chimay bleue!) et des toilettes suffiront toutefois à mon bonheur. On notera également l'abondance de merchandising des groupes ainsi que deux distros bien fournies.
Les Belges ayant l'air aussi ponctuels que les Français, ce n'est que 30 minutes après l'heure prévue que POSSESSION foule les planches. Les nationaux fêtent aujourd'hui la sortie de leur EP 2-titres Anneliese qui fait suite à leur remarquée première démo His Best Deceit dont l'intro samplée précède l'entrée des musiciens grimés et poussiéreux comme il est de bon ton dans le genre. Bougies, chandelier, encens et crânes composent un décor (qui sera le même pour tous les groupes) tout à fait adapté à la musique du quatuor. Un metal extrême old-school evil et nerveux à la frontière du black, du thrash et du death qui alternent séquences rapides bestiales aux accents sud-américains et mid-tempos brise-nuque à la Bathory. On note qu'il y a beaucoup moins d'écho sur la voix possédée de Mestema qu'en studio et que c'est plutôt les backing vocals du bassiste qui en bénéficient. Mais, ce qu'on remarque surtout, c'est que le son est à chier. Difficile dès lors de percevoir les riffs rapides, même quand on connait comme moi les morceaux. Alors c'est sûr, ça colle à l'attitude à l'ancienne et à l'arrache que se donne la formation mais c'est aussi dommage quand on vient profiter de la musique parce que, même si POSSESSION n'est pas non plus la révélation de l'année, le groupe possède assez de feeling dans les riffs et les ambiances pour intéresser. Malgré ce problème de son brouillon, trop fort et gavé de basse, j'apprécie le concert, qui a vu le combo jouer l'ensemble de sa discographie qui se résume pour l'instant à 6 morceaux, dont une reprise finale pas piquée des vers du "Necromancer" de Sepultura avec en guest Exekvtion de Necroblood à la deuxième guitare. Le public, pas très remuant mais attentif, a semble-t-il passé un bon moment également.
Il faudra attendre près de 25 minutes pour qu'enfin BESTIAL RAIDS monte sur scène. Déjà que la soirée a commencé en retard, je sens qu'on n'est pas couché! Si POSSESSION m'a plu en dépit du son médiocre, ce ne sera pas du tout le cas pour les Polonais. Car non seulement le son est encore plus dégueulasse pour eux mais leur musique m'a ennuyé au plus haut point. Pire, elle m'a vite porté sur les nerfs! Alors je ne sais pas si c'est la faute des guitares inaudibles mais je n'ai jamais réussi à discerner le moindre riff, juste un brouhaha incompréhensible. Je ne connais rien au trio slave et la prestation ne m'a pas du tout donné envie de me plonger dans leur univers black bestial qui m'a fait penser aux dingos de Blasphemophagher, et pas qu'à cause des masques à gaz. Pendant 40 minutes, on a eu le droit à des morceaux courts et bordéliques qui sonnaient tous exactement pareil. Seul point positif, la plâtrée de blast-beats qu'on s'est enfilée. Mais même là-dessus tout n'était pas parfait puisque la batterie manquait cruellement de puissance. Du moins au début car après, on l'entendait trop! Concernant l'ambiance, les spectateurs restent stoïques et m'ont eu l'air beaucoup moins passionnés par BESTIAL RAIDS que pour POSSESSION. Je ne pourrai pas les blâmer...
Je l'ai admis dès le début, si je suis venu, c'est surtout pour LVCIFYRE. Les "Anglais" (deux Polonais, un Portugais et un Chypriote) devaient en effet jouer en intégralité leur nouvel album, le monstrueux Svn Eater, avec en plus Mark Of The Devil de Culte des Ghoules en invité comme sur l'opus. Immanquable! Cependant, vu le son atroce pour les deux premiers groupes, je commençais à avoir de sérieux doutes sur la prestation du quatuor. La formation entame son set par la longue introduction "Night Sea Sorcery", 9 minutes de lente montée en puissance et de voyage dans les tréfonds lugubres d'un temple occulte dédiée à une entité démoniaque. C'est le grand Mark Of The Devil, grimé et habillé tel un touareg sataniste, qui s'occupe de la quasi intégralité du chant, sorte de lamentations de gargouille qui prennent aux tripes. Absolument génial! Malgré la longueur du morceau et sa lenteur, j'ai en effet été happé par l'ambiance dégagée. Je ne peux toutefois m'empêcher de flipper pour la suite, quand LVCIFYRE va commencer à tartiner. Car on sent sur les quelques accélérations de "Night Sea Sorcery" que le son n'a une nouvelle fois pas l'air au point. Mes appréhensions seront malheureusement prémonitoires. Dès le début de "Calicem Obscvrvm", le blackened death brutal et sinistre du combo entre Morbid Angel et Incantation se transforme en chaos abscons. Les guitares ne ressemblent à rien et la caisse claire a disparu. Quand on sait que les riffs et les blasts font partie des points capitaux du groupe, le plaisir est déjà presque entièrement gâché. Seul le frontman T. Kaos s'en sort bien avec sa voix ultra caverneuse à la Karl Sanders, qu'on entend très bien, voire trop. Si on ne comprend rien à ce qui se passe (ceux qui connaissent l'album ne font que deviner, et encore, heureusement que les morceaux sont joués dans l'ordre!), LVCIFYRE réussit cependant à dégager cette puissance fantastique qui m'avait submergé sur l'opus. On ressent aussi son ambiance fuligineuse, un minimum du moins sur les quelques passages plus posés et les mid-tempos. Rien à redire non plus sur la prestation du groupe qui, s'il ne bouge pas beaucoup et ne communique jamais avec le public (un constat valable pour chaque formation), a une présence indéniable sur scène. Pas suffisant toutefois pour éviter la déception. La fosse, très statique tout du long, s'est d'ailleurs vidée au fur et à mesure. Fait chier!
À ce moment du concert, je regrette déjà d'avoir fait 4h de route pour me taper un son aussi merdique. Le retard continue en plus de s'accumuler et si je veux suivre mon planning, la tête d'affiche risque de jouer sans moi. Mais on n'en est pas encore là. Si c'est LVCIFYRE qui m'a poussé à venir, deux autres groupes m'attiraient. POSSESSION s'est pas mal démerdé en ouverture de la soirée, au tour maintenant des cultes ARCHGOAT de faire parler la poudre occulte. Et le groupe était attendu à en juger par la foule qui se masse devant la scène ornée d'un backdrop à l'effigie du logo des Finlandais. Sans être un grand fan du combo, j'étais au départ curieux de voir ce que ça pouvait donner en live. Je l'étais beaucoup moins le moment venu vu le son et pensais que ça allait être un vrai carnage, dans le mauvais sens du terme. Hé bien non! Figurez-vous que, contre toute-attente, le son devient correct! On entend enfin la batterie et la caisse claire, ce qui permet de savourer les blasts, et on arrive sans trop de peine à discerner les riffs. Le chant growlé d'Angelslayer (qui a des faux airs de Gaahl avec son corpse paint) est par contre un peu trop en retrait au début avant que la balance ne s'équilibre. Ne me demandez pas quels titres ont été joués, je n'en sais foutre rien, mais le trio grimé et clouté a clairement assuré, sans même trop bouger sur scène à part Ritual Butcherer qui esquisse quelques pas. Alternant les parties bestiales jouissives et les mid-tempo ultra efficaces, le black metal préhistorique de la formation m'a convaincu malgré un côté évidemment simpliste et répétitif. Sur un peu plus de trois quarts d'heure, cela n'a toutefois pas eu trop d'impact sur l'appréciation du set. On assiste d'ailleurs aux premiers vrais pogos de la soirée, la musique primitive d'ARCHGOAT se posant comme un appel à mettre le feu dans le pit difficile à résister. Une bonne surprise pour un amateur à petite dose comme moi.
Après la Belgique, la Pologne, l'Angleterre et la Finlande, au tour de l'Italie de s'illustrer. Je ne connaissais absolument rien de MORTUARY DRAPE mais les Transalpins m'ont plutôt fait une bonne impression en se plaçant comme le groupe le plus mélodique du lot, avec même des passages en son clair. Après ARCHGOAT, ça fait bizarre! Comme bien des combos venus de la Botte, MORTUARY DRAPE possède un côté théâtral assez poussé. Les musiciens, eux aussi grimés, sont revêtus d'une robe d'ecclésiastique et un pupitre emprunté au Vatican trône devant la scène au milieu pour servir de soutien au chanteur qui ne ménage pas ses efforts. Le black/thrash/death du quintette fait la part belle aux rythmiques véloces et aux riffs efficaces, mêlées de bonnes mélodies et de solos inspirés. Mais c'est le bassiste qui m'a le plus impressionné. En dépit de sa petite carrure par rapport à ses collègues, il se démarque par son jeu de scène dynamique et son instrument volumineux à 6 cordes qu'il maîtrise pourtant parfaitement. Sans être transcendé, la fatigue commençant sérieusement à se faire sentir en plus, j'ai passé un bon moment, bien aidé, il faut le souligner, par le meilleur son de la soirée. Le public a lui aussi été conquis car, même sans se foutre la gueule dans le pit, on le sentait à fond dedans.
Il faudra encore attendre plus que de raison pour voir enfin débarquer sur scène la tête d'affiche, ENTHRONED, à l'heure où les Belges étaient censés terminer leur set. Ayant des impératifs d'emploi du temps, mes jambes me faisant souffrir (on se fait vieux!) et le combo ne m'intéressant pas vraiment, je ne suis resté que 2 minutes, le temps de voir qu'en effet, le black metal de la formation n'allait sans doute pas me passionner, et que c'est bien le batteur de LVCIFYRE qui officie derrière les fûts pour sa deuxième prestation de la soirée. Il a la santé le Menthor! Désolé pour les fans, il faudra aller voir ailleurs pour un report d'ENTHRONED dont je n'aurais de toute façon pas dit grand chose!
Bilan très mitigé donc pour cette soirée bruxelloise qui s'annonçait pourtant alléchante. La faute au timing non respecté, à l'attente interminable entre les groupes et surtout à un son horrible qui a plombé les trois premiers groupes. En particulier LVCIFYRE dont j'attendais le show avec impatience vu le plaisir que m'a procuré leur nouvel album Svn Eater. Je n'ai malheureusement pas pu, ou si peu, éprouver les mêmes sensations en live et malgré la prestation correcte des Anglais ainsi que de POSSESSION, ARCHGOAT et MORTUARY DRAPE (pas du tout accroché à BESTIAL RAIDS par contre), sans oublier les boissons à prix attractif, c'est avec un goût amer que je rejoins ma voiture pour rentrer en France. Ça m'apprendra à aller voir du black!
| Keyser 18 Avril 2014 - 1134 lectures |
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